Lutte contre la cybercriminalité : Des acteurs de la police judiciaire et de la gendarmerie à l’école de la gestion des infractions

Publié le mardi 10 mai 2022 à 19h55min

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Lutte contre la cybercriminalité : Des acteurs de la police judiciaire et de la gendarmerie à l’école de la gestion des infractions

La Coordination opérationnelle des services de sécurité (COSS) et la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) organisent, du 10 au 13 mai 2022 dans la ville de Bobo-Dioulasso, une série de formations. Ces rencontres, qui se tiennent au profit des officiers et agents de la police judiciaire de la police et de la gendarmerie de la région des Hauts-Bassins, visent ainsi à les outiller pour une meilleure gestion des infractions.

C’est la région des Hauts-Bassins qui a été retenue pour le lancement de la série de formations au profit des premiers intervenants dans la lutte contre la cybercriminalité au Burkina Faso. Il s’agit des officiers et agents de la police judiciaire de la police et de la gendarmerie (OPJ/ APJ). Cet atelier qui porte sur la collecte de preuves et les investigations numériques, vise à outiller ces OPJ et APJ de la région, sur le cadre juridique, les outils d’identification ainsi que la préservation des scènes de crimes numériques d’une part et sur la collecte de preuves numériques et des techniques d’enquête sur la cybercriminalité d’autre part.

La lutte contre la cybercriminalité est devenue une affaire de tous. En effet, la société traverse aujourd’hui une phase de transformation numérique à grande échelle et nos systèmes sont de plus en plus interconnectés. Attaques informatiques contre des systèmes d’information, des entreprises ou des institutions, vol de données pour obtenir des rançons, espionnage, financement d’organisations terroristes, ainsi que l’escroquerie en ligne pour ne citer que ceux-là, le crime s’est emparé du cyberespace.

Des acteurs de la police judiciaire et de la gendarmerie à l’école de la gestion des infractions

C’est ainsi que le ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité a fait de la lutte contre la cybercriminalité et de l’insécurité de façon générale, son cheval de bataille. Ce, en créant la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité.

Malgré les multiples actions sur le terrain, les pratiques des cybercriminels demeurent encore et sont de plus en plus inquiétantes. Selon le commissaire principal de police Samire Yoni, commandant de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité, au titre l’année 2021, environ 2 579 plaintes ont été enregistrées avec un préjudice financier de plus d’un milliard de F CFA. « Face à l’acuité de ces menaces, aux risques encourus et à l’évolution rapide des pratiques cybercriminelles, l’adaptation des moyens de lutte doit être permanente. A cet effet, le renforcement des compétences des acteurs de lutte constitue le fondement pour une lutte efficace », a expliqué le commandant de la BCLCC.

Le commandant de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité, Samire Yoni

C’est fort de ce constat que la BCLCC, en collaboration avec la COSS, a décidé de renforcer la capacité opérationnelle des premiers intervenants que sont les OPJ et les APJ sur la collecte des preuves et les investigations numériques. Le choix des Hauts-Bassins pour lancer la série de formations n’est pas fortuit. A en croire le commissaire principal de police Samire Yoni, la BCLCC est une structure qui a été créée pour gérer les infractions liée à la cybercriminalité. Et jusque-là, elle n’est opérationnelle qu’à Ouagadougou seulement même si ses compétences s’étendent sur l’étendue du territoire national.

« Le souci c’est que nous avons enregistré plusieurs cas et les victimes sont hors de la ville de Ouagadougou. Et si c’est le cas, les victimes sont souvent désemparées. Pour pouvoir être au service de tous les Burkinabè, il est nécessaire d’organiser cette série de formations pour que les différentes forces dans les différentes régions puissent avoir l’aptitude et les compétences techniques nécessaires, pour assister les victimes de leur zone, afin que chacun puisse avoir droit à la justice », a-t-il rappelé.

Durant les quatre jours de travaux, les participants seront outillés sur la collecte des preuves et les investigations numériques. Plusieurs modules seront dispensés au cours de la rencontre. Il s’agit, entre autres, de la présentation de la brigade, du cadre juridique qui encadre la collecte de données et les techniques de recherche des cybercriminels, etc. Ainsi, à la fin des travaux, les participants pourront avoir les aptitudes nécessaires pour pouvoir prendre en charge les cas de cybercriminalité.

Les acteurs saluent l’initiative de la formation

L’adjudant-chef Alphonse Sanou salue l’initiative de la formation

L’adjudant-chef Alphonse Sanou est l’adjoint au chef de la cellule économique et financière de la section de recherche de la deuxième région de gendarmerie à Bobo-Dioulasso. Il a salué l’initiative de cette formation, et a affirmé que cette session est la bienvenue, car le besoin se faisait sentir au niveau des acteurs de la région. « Depuis un certain temps, il y a beaucoup de plaintes concernant la cybercriminalité. Nous avons constaté que les infractions courantes, telles que les cas d’abus de confiance, d’escroqueries et de vols, se produisent plus en ligne que sur le terrain. Nous avons suffisamment de difficultés pour remonter les différentes pistes. Souvent nous sommes obligés de faire recours à Ouagadougou », a-t-il souligné.

Pour lui, cette formation est une opportunité qui leur est offerte, afin de toucher du doigt cette question de cybercriminalité. Il reste donc convaincu que cette session permettra aux acteurs d’être mieux outillés, pour faire face aux différents cas constatés sur le terrain.

La photo de famille à l’issue de la cérémonie d’ouverture des travaux

Embouchant la même trompette, le lieutenant de police Mariette Kambou se réjouit de sa participation à cette rencontre. Pour sa part elle a fait savoir que cet atelier vient combler certaines de leurs lacunes et que « une fois ces lacunes comblées, nous allons mettre ces connaissances acquises au service de la population ».
La cérémonie d’ouverture des travaux a été présidée par le Coordonnateur des opérations des services de sécurité, le colonel Siragnan Zanré.

Le lieutenant de police Mariette Kambou se réjouit de sa participation à cette rencontre

Dans son mot d’ouverture, il a reconnu que les TIC ont des potentialités pour l’accélération du développement du Burkina Faso. Cependant, il note que le recours au numérique n’est pas sans conséquences. « En même temps que le numérique nous permet de gagner en qualité de vie, en même temps il nous fragilise par sa forme. C’est ainsi qu’on assiste aujourd’hui à une explosion des infractions de cybercriminalité… », a-t-il déploré.

Il a par ailleurs souhaité que cette formation soit non seulement une occasion de renforcement des compétences techniques des acteurs, mais aussi de collaboration pour l’assainissement du cyberespace burkinabè.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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