Orodara : La communauté siamou et le mouvement sunnite à couteaux tirés pour une parcelle

Publié le lundi 18 juillet 2016 à 07h52min

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Orodara : La communauté siamou et le mouvement sunnite à couteaux tirés pour une parcelle

Le conflit qui oppose la communauté Siamou (Sèmè) au mouvement Sunnite de Orodara depuis un certain temps a pris une nouvelle tournure dans la matinée du Vendredi 15 Juillet 2016. En effet, depuis les années 2004 - 2005 la communauté Sèmè revendique une partie d’une parcelle que le mouvement Sunnite dit lui appartenir car lui ayant été attribuée par les autorités communales.
Comment en sommes-nous arrivé là ?

Le premier lotissement de la commune de Orodara intervenu en 1969 a prévu une réserve d’une superficie d’environ 1ha 500m2, du lot 8, section AM au secteur 3.

Le 07 janvier 1993, l’Agence Musulmane d’Afrique a sollicité auprès des services compétents la mise à leur disposition de cette réserve pour installer une mosquée.

Le 24 novembre 1992, monsieur le Préfet, PDS de l’époque, accordait une autorisation provisoire à l’Agence pour la construction d’une mosquée, d’une école et d’un réfectoire sur la dite réserve.

Le 28 novembre 1994, le représentant de l’Agence Musulmane d’Afrique au Burkina renonce par écrit à l’attribution de la réserve au profit de Revial of islamic heritage society.

Le 19 décembre 1994, un arrêté d’attribution provisoire a été accordé à l’Agence Musulmane d’Afrique d’un terrain en zone lotie format le lot no 8 sis à Orodara à l’effet d’y installer un orphelinat, un réfectoire et une mosquée.

Le 09 janvier 1995, la communauté sunnite formule une demande auprès du receveur des domaines pour l’obtention du même terrain en accord avec l’Agence Musulmane d’Afrique au Burkina.

Le 14 Avril 1995, un arrêté d’attribution provisoire d’un terrain en zone lotie format la parcelle unique du lot 8 sis à Orodara est accordé au mouvement sunnite à l’effet d’y installer un orphelinat, un réfectoire et une mosquée.

Le 10 février 2005, monsieur BARRO Sidiki sous le couvert du mouvement Sunnite de Orodara formule à nouveau une demande d’attribution de la même parcelle en vue d’installer une mosquée et un centre de formation.

Le 16 mai 2005, le Directeur de l’urbanisme et de la topographie de Bobo Dioulasso donne un avis favorable à la demande de la communauté sunnite sur l’état navette no2005-07/MEF/SG/DGI/DRI-O/DF-KND/RD du 13 avril 2005 et transmet le dossier au Maire de la commune de Orodara pour décision.

Le 07 décembre 2005, le maire de la commune de Orodara, en l’occurrence monsieur Télé Antoine COULIBALY, attribue provisoirement par arrêté no 2005-19/MATD/RHBS/PKND/DPT/ORD la parcelle unique, lot 8 de la section AM à la communauté Sunnite.
Aussi un plan d’implantation a-t-il été transmis aux autorités communales.

De ce qui précède, il convient de souligner que le plan de lotissement dont nous disposons actuellement à la Mairie de Orodara ne nous permet pas de savoir si la parcelle en question est une réserve administrative ou coutumière.
De même, il n’existe pas à la Mairie d’arrêté d’attribution définitif de la parcelle unique du lot 8 section AM à la communauté sunnite.

Du conflit actuel
C’est l’arrêté d’attribution no 2005-19/MATD/RHBS/PKND/DPT/ORD de la parcelle unique, lot 8 de la section AM, à la communauté Sunnite qui est aujourd’hui source de conflit entre les autorités coutumières et la communauté sunnite. Le premier estimant que le terrain format la parcelle unique du lot 8 de la section AM constitue un patrimoine immatériel de l’ethnie Sèmè et ne saurait être la propriété d’une personne morale ou physique. Pour le second, le terrain en question constitue leur propriété et il n’entend pas y renoncer.
Le conflit, ainsi né, connait des rebondissements à des degrés divers depuis 2009 à nos jours surtout à l’approche des fêtes coutumières qui se tiennent au début de chaque saison hivernale ou chaque camp accuse l’autre d’être auteur de trouble.

Pour ce qui est du conflit actuel, la communauté sunnite par l’intermédiaire de leur président a formulé une requête auprès du Tribunal de Grande Instance de Orodara contre monsieur COULLIBALY Krin (autorité coutumière du secteur 3) pour trouble à la jouissance effective de leur domaine. La décision de justice rendue le 22 avril 2016 à cet effet semble ne pas satisfaire la communauté sunnite qui a interjeté appel le 31 mai 2016 et dont l’audience ne s’est pas encore tenue.
C’est dans l’attente de cette audience que le mouvement Sunnite a érigé un hangar devant la mosquée. Trouvant cette réalisation comme une provocation de trop, les jeunes Sèmè se sont mobilisés dans la matinée du 15 Juillet 2016 pour saccager le hangar et arracher les portes et fenêtre de la mosquée. Selon Monsieur Yacouba COULIBALY, porte-parole des jeunes Sèmè, du moment où l’affaire est en justice et aucun verdict n’est prononcé, aucune nouvelle réalisation ne doit se faire sur la parcelle. Même son de cloche au niveau des notables qui demandent purement et simplement le déguerpissement du mouvement Sunnite du terrain car aucune cohabitation n’est possible entre eux.

Pour Monsieur Boureima TRAORE, Chef de canton de Orodara, il est né trouver ce site inhabité et c’est là-bas que se tient tous les quarante ans la cérémonie de nouvel an de la communauté Sèmè. Et de poursuivre que c’est une erreur administrative qui a fait que le mouvement Sunnite s’y est retrouvé.

Quant au mouvement Sunnite, la parcelle lui a été attribuée en bonne et due forme et ce sont les coutumiers qui les provoquent car à leur arrivé sur le terrain en 2005, il n’existait aucun fétiche sur le site. Ils ont même introduit une nouvelle plainte contre les coutumiers pour destruction de biens et tentative d’assassinat.

Nazaire KONATE à Orodara
Lefaso.net

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