Échanges sur les entraves du commerce dans le triangle Bobo-Korhogo-Sikasso : les acteurs ont adopté une feuille de route pour fluidifier le marché

Publié le lundi 27 mars 2017 à 12h27min

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Échanges sur les entraves du commerce dans le triangle Bobo-Korhogo-Sikasso : les acteurs ont adopté une feuille de route pour fluidifier le marché

Les jeudi 23 et vendredi 24 mars 2017, s’est tenu à Sikasso (au Mali), un atelier de sensibilisation sur les entraves au commerce dans le triangle Bobo-Korhogo-Sikasso. Cet atelier organisé par l’Alliance Borderless, est le fruit d’un partenariat entre le ProFAB, le CILSS et le PrAPS et vise à promouvoir un dialogue constructif entre les différentes parties prenantes au commerce régional pour minimiser, voire éradiquer de façon durable les obstacles aux échanges de produits agropastoraux entre le Mali, la côte d’Ivoire et le Burkina Faso en général et dans les régions que forme le triangle Sikasso-Korhogo-Bobo-Dioulasso en particulier.

Le lancement officiel des travaux de cet atelier a été fait par le gouverneur de la région de Sikasso, Bougouzanga Coulibaly, accompagné du maire de la commune de Sikasso, Kalfa Sanogo. A l’entame de cet atelier, ce dernier s’est réjoui de la tenue d’une telle rencontre dans sa région et a remercié les partenaires financiers que sont la CEDEAO, l’UEMOA, l’USAID, la Coopération Canadienne et la Banque Mondiale qui financent ces projets régionaux à travers l’Alliance Borderless.

Pour le gouverneur Bougouzanga Coulibaly, le choix porté sur Sikasso pour abriter cette rencontre n’est pas anodin. En effet, la région de Sikasso a un fort potentiel économique dans les échanges intra-régionaux. Elle constitue un carrefour international des échanges commerciaux des produits agricoles en provenance ou à destination de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Mali. Il reste toutefois convaincu que les recommandations issues de cet atelier pourront contribuer à débarrasser nos régions et nos corridors de toutes sortes d’entraves au commerce.

Le gouverneur de la région de Sikasso qui dans son discours a lancé ouvert l’atelier.

Il faut noter que depuis la fin de l’année 2015, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) mettent en œuvre le Programme pour la libre circulation des produits agropastoraux en Afrique de l’Ouest (ProFAB). Ce programme qui bénéficie d’une subvention de l’USAID et de MAECD, et est mis en œuvre avec l’appui technique du CILSS, de l’Alliance Borderless, de ENDA CACID et du HUB RURAL, est la concrétisation des recommandations de la conférence régionale tenue à Accra, République du Ghana, en Janvier 2013 sur la problématique des obstacles au commerce régional des produits agropastoraux en Afrique de l’Ouest.

Ainsi, cette conférence avait fait le constat que la faiblesse des échanges intracommunautaires des produits agropastoraux est tributaire de la persistance de nombreux obstacles techniques, notamment : les tracasseries routières, caractérisées par des paiements illicites qui contribuent au renchérissement des transactions le long des grands corridors ; les restrictions sur les exportations, que certains pays prennent lors des épisodes de crises alimentaires ; l’exigence de Certificats d’origine sur certains produits ; l’exigence de Certificats vétérinaires lors des contrôles au cordon douanier ralentissant et renchérissant les flux commerciaux entre les pays de la communauté ; etc.

En dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics tant aux échelles nationales que régionales, le commerce régional peine à exploiter au mieux le potentiel de la région. En témoignent les récents travaux conduits par le PRA marché du CILSS et l’Alliance Borderless et une rapide enquête conduite au cours du mois de Janvier 2017 et étendue à l’axe Bobo-Dioulasso- Ferkessédougou-Korhogo, avec l’appui financier du Programme Régional d’Appui au Pastoralisme dans le Sahel. Ces travaux ont montré la persistance de nombreux obstacles le long des corridors commerciaux de la région. De toute évidence, ces pratiques et obstacles sont néfastes, non seulement au commerce régional, mais aussi à la pleine exploitation du potentiel économique de cette zone que forme le triangle Sikasso- Korhogo-Bobo-Dioulasso, région charnière à cheval sur les trois pays (Mali, Côte-d’Ivoire, Burkina Faso).

C’est pour contribuer à la fluidification des échanges dans ce corridor, que s’est tenue cette rencontre sous régionale. Ainsi, l’objectif de cet atelier était de promouvoir un dialogue constructif entre les différentes parties prenantes au commerce régional pour minimiser, voire éradiquer de façon durable les obstacles aux échanges de produits agropastoraux entre le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Présentation des travaux

De façon spécifique, il s’est agi au cours des travaux de partager avec les acteurs l’évolution récente des échanges de produits agropastoraux dans ce corridor, de débattre de la nature, de l’ampleur des obstacles aux échanges intracommunautaires dans la zone de Sikasso- Korhogo-Bobo-Dioulasso et d’amener les différentes parties prenantes à définir les cadres de concertation et les moyens appropriés pour réduire, voire éliminer les différents obstacles techniques au développement des échanges de produits agropastoraux dans cette zone.

Selon Justin Bayili, secrétaire exécutif de l’Alliance Borderless, cette rencontre a permis de lever les entraves au commerce des produits agricoles. A l’en croire, il faut travailler à imposer à chacun des changements de comportement. Mieux encore à sensibiliser les FDS à adopter un comportement digne de ce nom.

Au terme de ces deux jours de travaux, plusieurs recommandations ont été faites par les différents acteurs. Des recommandations qui se résument en trois points principalement.

D’abord, il faut amener tous les acteurs à avoir une bonne compréhension des textes communautaires (que ces textes soient connus de tous les acteurs, que ce soit au niveau du secteur privé c’est-à-dire les transporteurs mais aussi au niveau des forces de l’ordre) ; Faire en sorte que les postes de contrôle soient rationnalisés, que les pays convergent vers trois zones de contrôle comme c’est recommandé dans les textes, un point de départ et deux postes de frontière. La dernière recommandation c’est de faire en sorte qu’il y ait un plaidoyer à l’endroit des décideurs afin d’accompagner ce genre d’initiatives. A en croire les participants, cette rencontre est la bienvenue car selon eux, elle permettra de changer la mentalité de tous les acteurs impliqués dans le commerce agropastoral.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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