Bobo-Dioulasso : Des enfants handicapés auditifs dansent au son de la musique

Publié le jeudi 18 mai 2017 à 22h10min

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Bobo-Dioulasso : Des enfants handicapés auditifs dansent au son de la musique

A Bobo-Dioulasso, ce n’est plus un secret de polichinelle : Des « enfants sourds-muets » dansent au son de la musique. Cette initiative est d’un artiste bobolais du nom de Yaya Sanou alias Yayouss du groupe Ba-Kanou. Selon lui, « cette idée de génie » est une manière de montrer à toutes les personnes souffrant d’un handicap, que le handicap n’est pas une fatalité.

Permettre aux enfants vivant avec un handicap auditif de s’évader, d’oublier leur douleur, leur maladie ou encore leur handicap, sont entre autres les objectifs que s’est fixés ce jeune artiste musicien, danseur et chorégraphe. En effet, les personnes vivant avec un handicap rencontrent de nombreuses difficultés au Burkina Faso et plus précisément à Bobo-Dioulasso. Ces derniers sont marginalisés, délaissés par la société. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir qu’ils soient en marge des activités socio-culturelles ; toutes choses qui pourraient contribuer un tant soit peu à leur épanouissement.

C’est ainsi que, soucieux du bien-être des enfants vivant avec un handicap dans la ville de Sya, Yaya Sanou décide de se lancer dans cette aventure, c’est-à-dire, faire danser ces enfants au son de la musique. « D’abord il faut dire que c’est par amour que j’ai décidé d’encadrer ces enfants. Ils sont très souvent exclus des activités socio-culturelles, donc je me suis dit pourquoi ne pas réaliser quelque chose avec ces enfants » ; a-t-il expliqué.

Conscient des nombreux défis à relever pour ces enfants, notre artiste ne se laissera pas abattre, ni décourager car « je voulais vraiment le bien-être de ces enfants » ; a-t-il laissé entendre. Ainsi, après de dures négociations avec le directeur de l’institut des sourds muets de Bobo-Dioulasso, un accord fut trouvé pour l’encadrement de ces derniers.

« Au début, cela n’a pas été facile » ; a confié l’artiste. Profane du langage des signes, notre artiste s’est d’abord initié à ce langage afin de pouvoir réaliser son rêve qui est de faire danser les enfants vivant avec un handicap au son de la musique. C’est ainsi qu’il a inventé une technique appelée « danse en signe ». « La danse en signe est une technique à moi. Ce sont des signes que j’ai inventés et qui expliquent la danse et la musique à ces enfants » ; explique-t-il.

Selon lui, il lui a fallu une année entière pour la réalisation de la première chorégraphie qui dure au maximum cinq minutes, car la communication avec ces enfants était vraiment difficile.

Il se sert ainsi du langage de signes pour la réalisation des ballets. A l’en croire, à chaque prestation de ces enfants, les spectateurs ne pouvaient pas retenir leurs larmes. « À chaque prestation de ces enfants, je voyais des gens couler des larmes. Hommes et femmes, tous étaient sensibles à leur talent » ; affirme ce dernier.
« Et je me suis dit qu’il fallait que tout le monde voie ça, que tous les handicapés voient ça pour qu’ils comprennent que le handicap n’est pas un frein à la vie, que la surdité n’est pas une fatalité » ; a-t-il poursuivi.

C’est ce qui l’a poussé d’une part à participer au concours dénommé « L’Afrique a un incroyable talent » et d’autre part, la volonté de montrer au monde entier ce dont ces enfants étaient capables de faire l’animait.

« Lorsque j’ai vu l’annonce du concours l’Afrique a un incroyable talent, je n’ai pas hésité à aller présenter mon groupe afin de montrer à tout le monde que ces enfants sont capables de faire tout ce que nous ne pouvons pas imaginer » ; affirme Yaya Sanou.

Lors du concours le groupe fut retenu parmi 30 groupes sur les 16 000 autres en compétition. Il ne sera éliminé qu’en demie finale à Abidjan.
Selon Yaya Sanou, cette danse a apporté un plus dans la vie de ces enfants car « lorsqu’ils dansent, on voit une joie qui se dégage en eux et c’est ce qui me pousse à aller plus loin avec ces enfants. Cette technique les amène à s’épanouir et c’est à Abidjan j’ai compris que ce que je faisais avait de la valeur » ; s’est-il confie.

Toutefois, son seul souhait reste celui d’amener ces enfants à mener une carrière dans l’art et y réussir pour lutter contre les préjugés. Il demande donc le soutien de toute personne de bonne volonté pour l’atteinte des objectifs qu’il s’est fixés à travers son association « Art au-delà de l’handicap ».

Romuald Dofini
Lefaso.net
Crédit photo : Sophie Garcia

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