« J’ai créé Volta photo, Volta jazz… » Drissa Koné, homme d’affaires et fondateur de la première auto-école de Bobo- Dioulasso

Publié le mardi 5 septembre 2017 à 14h23min

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« J’ai créé Volta photo, Volta jazz… » Drissa Koné, homme d’affaires et fondateur de la première auto-école de Bobo- Dioulasso

Drissa Koné est l’un des modèles de réussite des Hauts-Bassins. Fondateur de la toute première Auto-école de Bobo-Dioulasso, il s’est aussi investi dans divers autres domaines comme les affaires, le sport et la culture entre autres. Son engagement pour la culture lui a d’ailleurs valu de donner son nom à l’une des salles de la maison de la culture de Bobo. Nous l’avons rencontré pour un entretien exclusif. Lisez plutôt.

Lefaso.net : Bonjour M. Koné ! Pouvez-vous vous présenter ?

Drissa Koné : Je suis Koné Drissa, fondateur de Bobo Auto-école.

Lefaso.net : Cela fait 53 ans que Bobo Auto-école existe et est par ailleurs la première Auto-école de Bobo, comment l’avez-vous créée ?

Drissa Koné : En son temps, il existait une seule auto-école à Ouaga appelée Ouaga Auto-école. Alors ça m’a inspiré et j’ai décidé d’ouvrir à Bobo une auto-école en 1964 que j’ai appelée Bobo Auto-école, en référence à Bobo après mon retour de l’armée française.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous parler des autres domaines dans lesquels vous êtes également chef d’entreprise ?

Drissa Koné : Je possède une boulangerie à Banfora appelée boulangerie paysan noir, des lycées et je suis également dans le transport.

Lefaso.net : Comment résumez-vous votre parcours ?

Drissa Koné : En fait j’ai vraiment mené beaucoup d’activités. Je me suis énormément battu pour faire mes réalisations. J’ai créé Volta Photo, Volta Jazz…Je pense que chaque chose à son temps. Aujourd’hui je suis presqu’à la retraite et ce sont mes enfants qui s’occupent de mes affaires. J’ai 80 ans mais mes activités marchent toujours voilà en gros ce qu’on peut dire.

Lefaso.net : Vous avez été acteur du monde sportif, quels sports avez-vous pratiqués ?

Drissa Koné : Je faisais du vélo, je faisais des allers-retours Bobo-Banfora à vélo et il n’y avait pas de goudron à l’époque. Je participais à des compétitions cyclistes mais lors du grand championnat j’ai malheureusement été battu par l’ivoirien Koffi. J’organisais des spectacles de boxe et j’ai été pendant longtemps président de la fédération de boxe du Burkina. C’est moi qui ai amené certains boxeurs comme Nabaloum Dramane dit Boum Boum.

Lefaso.net : Vous avez fondé un célèbre orchestre le Volta Jazz, comment le groupe a été créé et comment a-t-il dominé la scène musicale ?

Drissa Koné : J’avais un ami Jean Baptiste Bordas qui possédait des instruments de musique. A mon retour de l’armée française, lui devait rentrer en côte d’ivoire. Alors il m’a vendu ses instruments et j’ai monté un orchestre que j’ai baptisé le Volta Jazz. J’ai connu beaucoup de gloire avec cet orchestre. J’ai remporté le 1erCésar du concours artistique littéraire de la musique moderne et aussi la coupe du Lions Club.

L’orchestre était sollicité par beaucoup d’écoles qui voulaient qu’ils animent leurs soirées. Le groupe était très célèbre avec une renommée internationale. Nous avons fait beaucoup de tournées en Côte d’Ivoire, au Mali… Beaucoup d’artistes sont passés par le Volta Jazz. Au départ il y avait des congolais, ensuite Tidiane Coulibaly-paix à son âme-, qui était chanteur principal du groupe. C’était un grand Monsieur, un bon artiste. Il composait rapidement beaucoup de morceaux. On travaillait en groupe et comme je n’avais pas la voix pour chanter, alors c’est lui qui chantait le plus souvent.

Lefaso.net : Est-ce pour cela que l’une des salles de la maison de la culture de Bobo-Dioulasso porte votre nom ?

Drissa Koné : En quelque sorte oui, parce que j’ai vraiment révolutionné la musique burkinabè grâce à Volta Jazz. C’est aussi grâce aux concours musicaux que j’ai remportés. J’ai beaucoup participé aux activités culturelles et sportives, donc voilà.

Lefaso.net : Quels sont les grands moments qui ont marqué votre vie ?

Drissa Koné : Dans la vie il y a des bas et des hauts, la vie marche en dents de scie. Mais lorsque j’ai remporté la coupe du Lions Club, j’étais très fier de moi parce que c’était un grand concours. Et lorsqu’on m’a désigné pour être le président de la fédération de boxe du Burkina que j’ai longtemps dirigée d’ailleurs, j’étais très fier de moi surtout que j’ai ramené Boum Boum de la Côte d’Ivoire et qu’il a été champion d’Afrique, j’ai eu beaucoup de chance et de gloire dans ce sport.

Lefaso.net : Votre père a été chef de canton, vous avez été délégué de secteur, conseiller municipal et votre défunt fils Mamadou Koné premier maire de Banfora, quel est le secret de réussite des Koné ?

Drissa Koné : Il n’y a pas de secret, c’est juste avoir l’amour du travail qu’on exerce ; dans la vie d’un homme chacun est ce qu’il est. Moi quand je m’engage dans une affaire, j’y mets toute mon énergie et j’ai fait un long parcours. J’ai été recruté à Bobo pour intégrer l’armée française pendant la guerre d’Algérie, j’ai fait mon instruction de base à Kankan en Haute Guinée puis j’ai fait le permis à Conakry et j’ai obtenu un certificat d’aptitude technique de la formation rationnelle des conducteurs, puis à Dakar j’étais brigadier.

Lefaso.net : Aujourd’hui il existe beaucoup d’Auto-écoles mais la circulation ne s’en porte pas mieux, comment expliquez-vous cette situation ?

Drissa Koné : C’est normal, la ville a beaucoup grandi. Il y a près de 20 auto-écoles aujourd’hui à Bobo, je ne pouvais pas recevoir tout le monde. À l’époque, il fallait avoir un certificat d’aptitude technique mais certains n’ont pas eu la chance d’aller dans cette école qui formait les moniteurs. Alors, ceux qui avaient cinq ans d’expérience étaient autorisés à ouvrir une auto-école et c’est ce qui a été fait partout au Burkina. Donc souvent la formation n’est pas de taille et c’est normal qu’il y ait beaucoup d’accidents y compris l’incivisme, mais il existe aujourd’hui une école gouvernementale qui forme les moniteurs.

Lefaso.net : Un dernier mot pour ceux qui souhaitent devenir entrepreneur ?

Drissa Koné : Chacun a son choix dans la vie. J’étais soldat de première classe, j’ai été à Dakar, Conakry. Je suis très mouvementé, je n’ai jamais pris d’alcool, je n’ai jamais fumé ni croqué de cola. Il faut d’abord avoir une vie saine et exercer le métier qu’on aime avec beaucoup d’amour pour atteindre ses objectifs.
Comme dernier mot, on a perdu tout récemment notre président de l’assemblée Salifou Diallo qui était un grand monsieur, un vrai battant ; sa mort m’a beaucoup touché parce qu’il tenait ses réunions dans mon domicile avec mon défunt fils Mamadou Koné. On prie Dieu que nous ayons des hommes comme lui pour bâtir la nation.

Haoua Touré
Lefaso.net

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