Manifestation de colère à Sidéradougou : La population exige le bitumage de la nationale 11

Publié le jeudi 26 octobre 2017 à 01h36min

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Manifestation de colère à Sidéradougou : La population exige le bitumage de la nationale 11

Depuis le Mardi 24 Octobre 2017 jour de marché, l’entrée de Sidéradougou sur la nationale 11 est interdite d’accès aux véhicules par la population pour trois jours, sauf aux ambulances et sapeurs-pompiers. Cette population est en colère à cause du mauvais état de la route à l’origine de nombreux accidents, décès de plusieurs patients au cours de leur évacuation.

Voie cabossée par-ci, de grands trous par-là, voici à quoi ressemble la voie de Sidéradougou après le confort du goudron de Banfora. Pire, au lieu de 2h de route, il faut 7h entre Bobo-Dioulasso et Sidéradougou, pourtant distants seulement de 150kms.

Sidéradougou est une commune rurale située dans la région des cascades, province de la Comoé sur l’axe de la nationale 11 Banfora-Gaoua. Cette nationale 11 est la seule voie pour les habitants de Sidéradougou d’accéder aux zones urbaines (Bobo, Banfora). Trois pays (Mali, Côte-d’Ivoire et Ghana), quatre provinces (Kénédougou, Noumbiel, Poni et Comoé) et huit collectivités ont également en commun la nationale 11. Mais le mauvais état de la route cause de nombreux problèmes aux usagers, d’où la révolte de la population de Sidéradougou. En effet, l’économie de Sidéradougou repose principalement sur le commerce, d’où la nécessité pour les commerçants de se ravitailler à Bobo. Mais à cause de l’état de la route, le transport coutent cher ; ce qui a une répercussion sur le coût de la vie.

Des malades, des femmes enceintes meurent sur la route ou accouchent de morts nés comme le témoignent plusieurs personnes, à l’exemple de MakaridjaTouré (une grand-mère en larmes) : « Nous sommes sortis pacifiquement ce matin pour lancer un appel aux autorités pour qu’ils mettent un goudron (…). Plusieurs femmes enceintes ont perdu leurs bébés en chemin où elles-mêmes perdent la vie. Nous demandons pardon à Roch et notre fils Bamori Ouattara de nous aider. J’ai faim aujourd’hui à cause de la route parce qu’il n’y a pas de marché. »

Selon Aboubacar Touré président des jeunes de Sidéradougou, la population de Sidéradougou ne se sent pas intégrée dans le plan de développement du Burkina : « On nous a promis plusieurs fois de réparer notre route mais jusque-là il n’en est rien. Lors des campagnes présidentielles, l’actuel président Roch Kaboré est venu et a promis de réparer notre route mais jusque-là il n’en est rien. Le dernier raclement de la voie date de 1992, nous ne voulons plus de remplissage des voies, nous exigeons maintenant un goudron. Nous avons trop de problèmes ici, nous n’avons pas d’eau, pas de travail et on se demande à la limite si nous faisons partie du Burkina. Nous savons qu’il y a beaucoup à faire au Burkina mais qu’on tienne compte de nous. Nous ne faisons pas de la politique, cette manifestation c’est pour notre propre avenir. »

Quand à Ibrahim Touré, secrétaire général des jeunes, il affirme avoir du mal à comprendre cette situation : « La commune de Sidéradougou compte 47 villages, 50 hameaux de culture. Quand on fait les numérotations, c’est par ordre de priorité, presque toutes les nationales sont goudronnées, même le 20, pourquoi le 11 ne l’est pas alors qu’elle est fréquentée par près de 500.000 personnes ? Les évacuations des patients sont très pénibles. Impossible pour l’ambulance de faire plus de deux voyages sans tomber en panne. Le développement passe par la route. Nous sommes aussi des Burkinabè et nous ne pourrons nous développer sans une bonne route. L’accès à Bobo et Banfora est très difficile alors que c’est la seule route qui nous permet l’accès aux zones urbaines. Notre commerce réside à bobo. Avant pour se rendre à Banfora, on mettait 1h et Bobo 2h. Présentement c’est quasiment impossible et nous ne savons plus quoi faire. La commune de Sidéradougou est plus grande que certaines provinces avec 100.000 habitants. Nous exigeons le goudron et lançons un appel solennel au gouvernement de se pencher sur notre préoccupation. »

Daouda Sourabié chauffeur sur l’axe Bobo Sidéradougou : « Nous tombons tout le temps en panne. Souvent les ambulances tombent en panne et on nous fait appel mais ça aggrave l’état du patient. Plusieurs fois des personnes sont décédées dans nos voitures, ou les femmes accouchent de morts nés avant d’arriver à destination. Souvent tu peux dépenser 250.000F dans la journée quand la voiture tombe en panne. Combien peux-t-on gagner dans ces conditions ? »

Dans la colère, certains affirment qu’ils se sentent tellement oubliés qu’ils demandent que le gouvernement les rattache à la Côte d’Ivoire s’ils ne sont pas capables de s’occuper de Sidéradougou.

Dans la mi-journée, nous avons été informés qu’une ambulance en partance pour Banfora avec un malade est tombée en panne à mi-chemin à Tiefora.
Les autorités locales en particulier le Préfet (Sayouba Ouédraogo) et le 2e adjoint au maire (Soumaila Ouédraogo) ont affirmé n’avoir pas autorisé cette manifestation et ont demandé sa suspension. Malgré une rencontre de quelques manifestants avec le préfet qui a demandé la suspension du mouvement, les manifestants ont décidé de rester sur leur position jusqu’au délai fixé et promettent de sévir plus fort s’ils ne sont pas entendus. Pour l’instant, seuls les ambulances et sapeurs-pompiers sont autorisés à passer.

Haoua Touré
Lefaso.net

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