Banditisme : Trois réseaux de trafic d’argent, de traite sexuelle et de plaques solaires démantelés

Publié le jeudi 16 novembre 2017 à 00h20min

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Banditisme : Trois réseaux de trafic d’argent, de traite sexuelle et de plaques solaires démantelés

La police judiciaire des Hauts-Bassins a animé un point de presse le mardi 14 novembre 2017 sur l’arrestation de plusieurs personnes présumés auteurs de faux monnayages, escroquerie, traite de personnes et vols avec effraction.

Le Service Régional de la Police Judiciaire des Hauts-Bassins (SRPJ) a démantelé trois réseaux suite à de nombreuses plaintes pour de faux monnayages, escroquerie, traite de personnes et vols avec effraction. Plusieurs personnes ont été interpelées en tant que présumés auteurs de ces faits. C’est le commissaire Sayibou Galbané chef du service régional de la police judiciaire qui fait le point.

Le premier réseau de présumés auteurs de faux monnayages, d’escroquerie opérait dans les Hauts-Bassins, le Centre Ouest, le Centre et la Boucle du Mouhoun. Il a été démantelé par une femme l’officier de police Oho Ange Mariette Kambou. Le groupe était constitué de 10 personnes de sexe masculin âgées de 26 à 72 ans avec les identités suivantes : Yaméogo Georges, instituteur (41 ans) ; Traoré Sa Abdoul, employé de commerce (26 ans) ; Semde Hamidou, commerçant (34 ans) ; Dabiré Calixte teinturier (46 ans) ; 2 marabouts ( Diallo Oumarou 57 ans, Guiti Siriki 72 ans), 3 cultivateurs (Kaboré Madi 48 ans, Willy Seydou 57 ans, Willy Oumarou 60 ans), un repris de justice Koala Yaya.

Ces malfaiteurs appréhendés s’adonnaient à la contrefaçon, aux faux monnayages et à l’escroquerie. Leur mode opératoire consistait à faire croire aux victimes que la bande a pu dérober pendant la crise ivoirienne des billets de banque non traités de la BECEAO et qu’ils sont à la recherche de liquide magique pour le lavage. Pour convaincre les victimes, ils présentent des billets noirs (des papiers peints parmi lesquels ils prennent le soin d’insérer quelques billets authentiques également peints de la même couleur). Ensuite, les vrais sont extraits du lot, lavés et remis aux victimes aux fins de tester et dépenser. Convaincues de opportunité d’une affaire, les victimes tombent ainsi dans leur piège et sont spoliés jusqu’au dernier centime.

Pour spolier la victime, la bande exige d’elle l’achat d’un liquide magique se trouvant soit à Ouagadougou soit à la frontière Burkina Togo. Ce liquide qui coûte des dizaines de millions de francs CFA est acheté par les victimes auprès des complices de ces malfaiteurs. Les complices attendent à la frontière et quand on finit de payer le liquide il s’éclate sous l’effet du soleil. Cependant si le liquide arrive à destination ils t’envoient chez le marabout pour qu’il procède à des prières pour la réussite du lavement des billets noirs. Dès que la victime est copieusement spoliée, la bande disparait.
Une seconde méthode consiste à faire circuler ces faux billets un peu partout au Burkina qui sont écoulés lors de rassemblements tels que les marchés et les fêtes dans les différents villages.

Au stade actuel de l’enquête, 10 personnes ont été interpellées à Bobo-Dioulasso, à Koudougou, à Poa et à Ouagadougou, 3 autres étant en cavale. Il a été saisi 1 million de faux billets, 1 million d’ancienne monnaie, 2 armes à feu, des coupures de billets noirs d’une valeur de 100 millions, des gris-gris et de la poudre noire qui sert à conditionner les billets noirs. Ils ont ainsi escroqué de pauvres paysans qui ont vendu leurs récoltes contre de faux billets sans le savoir. A ce niveau, « le commissaire interpelle la population à la vigilance car il n y’a jamais eu de billet de banque noir susceptibles d’être lavé pour obtenir de vrais billets.

Une traite de personnes aux fins d’exploitation sexuelle

Au départ, des filles sont convoyées du Nigeria sous prétexte d’être envoyées en Europe où « des conditions paradisiaques » les attendent. Mais elles sont en réalité destinées aux sites d’orpaillages au Burkina. Elles sont dépossédées à l’arrivée de tous leurs documents d’identité, de leurs téléphones et sont envoyées sur les sites d’orpaillage où l’industrie du sexe malheureusement marche à merveille. Suite à une information selon laquelle 4 filles étrangères démunies, sans papier seraient en quête d’argent pour rentrer au Nigeria, elles ont été interpellées. Les investigations ont permis d’attraper Joy Sunday Akpan, 36 ans, détentrice de maquis qui s’adonne à cette traite. Elle leur présente des gris-gris sous prétexte qu’elles risquent la mort si elles ne respectent pas leurs engagements. Elles sont souvent battues.

Les victimes, logées dans des maisons en paille, payaient de leur poche le préservatif à 1000 f avec la patronne et chaque client qui entrait était pointé pour contrôler le gain des filles. A la fin, elles sont fouillées jusqu’au-dessous, dépouillées de leur argent (elles gagnaient entre 20 000 et 30 000 par jour) et avaient juste droit à 500 francs pour manger et survivre.

Pour obtenir sa liberté, chacune devait se vendre à 1 million et demi ou 2 millions. Sept filles âgées de 15 à 48 ans ont été récupérées par le SRPJ. Parmi elles, une âgée de 15 ans est enceinte et une autre a un bébé de père inconnu. Selon les témoignages de Ifiok Ime Daniel, une victime, certaines d’entre elles sont malades, d’autres sont mêmes décédées (les plus récentes à Bobo et à Banfora). Joy Sunday Akpan la patronne détient une dizaine de millions dans son compte malgré de multiples transferts au Nigeria. Ce sont des victimes très remontées qui maudissaient et insultaient Joy de les avoir exploitées. C’est, selon le commissaire Galbané, « une situation déplorable car celles qui n’ont pas d’enfant trainent peut-être des maladies et c’est la jeunesse burkinabè qui en pâtit d’où toute la difficulté mal à lutter contre les MST en rapport non protégé ». Après les témoignages, les victimes ont été remises aux agents de l’action sociale qui se chargeront du rapatriement de ces filles au Nigeria leur pays d’origine.

Une affaire de cambriolage

Le troisième cas est un groupe de délinquants qui ont cambriolé des magasins et emporté une trentaine de plaques solaires et des batteries dont la valeur s’élève à plus de 5 millions de francs CFA. La police après avoir été saisie d’un cas de cambriolage de plusieurs boutiques et procédé à des investigations a pu interpeller le même jour les présumés auteurs des faits : Baganan Issouf et sana Sadiki. En réalité, le véritable coupable était celui qui a fait la déclaration.

La police invite la population à dénoncer tout comportement suspect en composant le 17 pour la police, le 1010 pour le centre de veille et d’alerte.

Haoua Touré

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