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Barrage de Samendeni (PDIS) : Les populations réclament justice et réparation

LEFASO.NET | Romuald DOFINI

dimanche 10 décembre 2017, par jack

Le vendredi 08 décembre 2017, les populations affectées par la construction du barrage de Samendeni sont descendues dans les rues de Bobo-Dioulasso, pour disent-elles attirer l’attention des autorités sur ce qui prévaut au sein du Programme de Développement Intégré de la Vallée de Samendeni (PDIS), qui est un programme sur lequel les populations des Hauts-Bassins en particulier et le Burkina Faso en général fondent un très grand espoir. Ces populations, opprimées de leurs droits réclament justice et réparation.

Le processus de mise en œuvre du protocole d’accord devant permettre la délocalisation et la réinstallation des populations affectées par la construction du barrage de Samendeni connaît des difficultés aujourd’hui.
En effet, selon le porte-parole des manifestants, Millogo Kalifa Job, le fond du problème est que les populations affectées constatent avec amertume que leurs attentes ont été trahies par « leurs représentants » à savoir le cadre de concertation des populations affectées par la construction du barrage de Samendeni.

Opprimées de leurs droits, ces populations réclament justice et réparation. Ainsi, sorties nombreuses ce vendredi 08 décembre 2017, ces dernières se sont réunies à la place des martyrs de Bobo-Dioulasso, pour ensuite converger vers le gouvernorat de la région des Hauts-Bassins afin de livrer leur déclaration au premier responsable. En l’absence du gouverneur, ils ont été reçus par le secrétaire général, Bernard Béba.
Déterminés à se faire entendre, ces manifestants n’ont pas mâché les mots pour étaler les maux qui minent le cadre de concertation des populations affectées par la construction du barrage de Samendeni et le PDIS.

La mise en œuvre de ce vaste programme (Programme de Développement Intégré de la Vallée de Samendeni), permettrait de booster l’économie de la région des Hauts-Bassins en particulier et celle du Burkina Faso en général.

Lancé en 2008, le PDIS a connu sa plus grave crise sociale en 2015 consécutive à la mise en œuvre du plan de gestion environnementale et sociale (PGES). Suite à cette crise sociale, le gouvernement a entrepris des négociations avec lesdites populations autour d’un mémorandum comprenant vingt (20) points. En novembre 2016, un protocole d’accord a été signé entre le cadre de concertation comme représentant des populations affectées, le gouvernement et le PDIS. A travers ce protocole d’accord, le gouvernement accordait un certain nombre d’avantages et de compensations aux populations sur un certain nombre de points, qui « malheureusement ne répondaient pas aux aspirations de la majorité des populations affectées », a laissé entendre Millogo Kalifa Job.

A en croire ce dernier, le mémorandum du cadre de concertation des populations affectées par la construction du barrage ne répond pas à leurs réalités et aspirations.
« Ce document par lequel le protocole d’accord du cadre a été signé avec le gouvernement souffre dans le fond et sur la forme car il exclut la majorité des populations affectées. Le mémorandum prend seul en compte les chefs coutumiers et chefs de villages, et exclut totalement les autres autochtones et la diaspora », a-t-il souligné.

Toutefois, il déplore le fait que le cadre de concertation qui dès sa création se voulait une organisation apolitique, soit devenu « un parti politique » compte tenu du positionnement de tous les membres du bureau de cette association sur les listes de candidatures aux municipales de 2016.
« Ainsi, les membres et sympathisants que nous sommes, ayant constaté une violation grave de ses statuts, venons par la présente dénoncer les préjudices portés et réclamer justice et réparations », a indiqué Millogo Kalifa Job, porte-parole des frondeurs.

Par ailleurs, il a signifié que les recensements ont exclu beaucoup de propriétaires terriens car cette opération était conduite par « les bras-droits » du président du cadre de concertation. Mais aussi, les bornes initiales du barrage ont été « trichées » par l’équipe d’exécution du projet pour réduire l’enveloppe destinée aux populations affectées par la construction du barrage.
Monsieur Millogo a confié également que plusieurs lettres d’interpellation ont été transmises aux autorités politiques et administratives par les populations sur les dérives du cadre de concertation (représentant des populations) qui malheureusement sont restées sans suite.

Pour tous ces écarts de comportement constatés dans la mise en œuvre du protocole d’accord, ces derniers disent avoir perdu confiance à l’autorité et au sérieux du cadre de concertation et du PDIS dans la gestion du processus de compensation et réinstallation des populations.
« Abou félicite le gouvernement pour avoir honoré ses engagements, pour avoir donné 22 milliards de Francs CFA au cadre de concertation, lesquelles étaient destinés aux populations affectées qui attendent en vain. Face aux écarts de comportement des responsables du cadre de concertation, les populations affectées sont déçues et ne savent plus à quel saint se vouer », a lancé ce dernier tout en pointant du doigt le président dudit cadre, Abdouramane Sidiki Ouattara.

Cependant, sur la base de la situation qui prévaut, les manifestants recommandent l’arrêt du chantier du barrage et la suspension des activités du plan de gestion environnementale et sociale sur le terrain ainsi que la suspension des activités de la coordination du PDIS.
En outre, ils exigent le départ du ministre de l’eau et de l’assainissement pour sa complaisance vis-à-vis de la gestion des activités de mise en œuvre du barrage de Samendeni ; la mise en place d’une commission ad’ hoc d’apurement des litiges et surtout la compensation des populations affectées par la construction du barrage de Samendeni à un montant de quinze millions (15 000 000) F CFA par ménage. Ils souhaitent également la nomination d’un nouveau coordinateur PDIS.

« Nous exigeons le départ de la coordination du PDIS pour sa complicité dans les injustices causées aux populations par le président du cadre de concertation et qu’un audit soit diligenté sur la gestion des 22 milliards de F CFA accordés par l’État aux titres des compensations et indemnisations aux populations affectées », a conclu le porte-parole sur un ton menaçant.
Reçus par le secrétaire général de la région des Hauts-Bassins, Bernard Béba, ce dernier n’a pas manqué de saluer la démarche pacifique des frondeurs et les invite à poursuivre toujours cette manifestation de façon paisible afin de pouvoir dialoguer ensemble, dans le but de trouver des solutions.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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