Karangasso-Vigué : « Je dis et le répète, il n’y a aucun problème entre autochtones et allogènes », affermit le maire, Saïdou Nana

Publié le mercredi 10 janvier 2018 à 15h31min

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Karangasso-Vigué : « Je dis et le répète, il n’y a aucun problème entre autochtones et allogènes », affermit le maire, Saïdou Nana

Les Burkinabè ont encore en images, ces affrontements sanglants à Karangasso-Vigué, commune rurale située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale économique (Bobo-Dioulasso). Ces évènements douloureux ont été vécus dans le cadre de la mise en place de son Conseil municipal suite aux élections municipales générales de mai 2016. En lieu et place d’un exécutif local donc, Karangasso-Vigué enregistrera plutôt des morts et des blessés. Heureusement, les nombreux efforts entrepris ont permis de réinstaurer un climat de compréhension et de fraternité. Mieux, à la faveur des élections partielles et complémentaires, et grâce à la détermination également des responsables de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de consolider la cohésion sociale, Karangasso-Vigué a pu se doter d’un Conseil municipal, bien en place à ce jour. En ligne de mire de l’équipe de Saïdou Sana, forte de 55 conseillers, la promotion de la cohésion sociale, de la fraternité et surtout la célérité dans les actions de développement pour minimiser le retard accusé. Pour prendre le pool de la situation, nous avons échangé avec le maire sur la vision de son Conseil municipal pour Karangasso-Vigué. C’était dans la journée de samedi, 6 janvier dans les locaux de la mairie de ladite commune.

Lefaso.net : Quelques mois après sa mise en place (et après tout ce que la commune a traversé dans le cadre des élections municipales…), comment se porte votre conseil municipal ?

Saïdou Sana : Permettez-moi de dire d’abord merci à votre organe pour l’intérêt qu’il accorde à notre commune en effectuant le déplacement jusqu’ici pour s’enquérir sur la situation qui prévaut à travers le fonctionnement de son Conseil municipal après tout ce que la localité a traversé comme difficultés.

Ceci dit, au niveau du Conseil municipal, il n’y a aucun problème. A notre première session, nous avons réuni 52 conseillers sur les 55 (il y avait trois qui étaient absents). A la deuxième session, en juillet, nous avons enregistré 53 présents et tout dernièrement, lors de notre session budgétaire, nous avons noté 51 sur les 55. Je peux donc dire qu’il n’y a aucun problème au sein du Conseil municipal.

Lefaso.net : Etes-vous satisfait de la marche actuelle de votre Conseil municipal ?

Saïdou Sana : On est tous satisfait du fonctionnement de l’exécutif local et actuellement, on est tous préoccupés par le travail ; parce qu’il y a beaucoup à rattraper. Au sein du Conseil municipal, chacun exprime clairement ses opinions lors des sessions. Ce qui fait qu’il y a des moments où on est obligé de passer par des votes ; ce qui n’est pas une difficulté, c’est la vitalité de la démocratie, à notre avis.

Lefaso.net : Karangasso-Vigué fait partie des communes qui ont conduit aux élections partielles et complémentaires. Donc, une des dernières collectivités à avoir mis en place son exécutif local. Quelles ont été les priorités tout de suite identifiées dès votre arrivée ?

Saïdou Sana : Aucune commune ne peut dire qu’elle ne connaît pas de difficultés en matière de gestion. Chez nous ici, la grosse difficulté, c’est la question d’eau potable. Cela a été notre priorité dès notre arrivée à la tête de la commune. Il y a des forages, des châteaux, mais ce n’est pas suffisant. Vous entendrez que la commune de Karangasso-Vigiué compte 25 villages. Mais, en réalité, il y a plus de 29 hameaux de culture qui s’ajoutent à ce chiffre. Mieux, il y a des hameaux de culture qui sont même plus peuplés que les villages officiellement reconnus. Ce qui a fait que nous avons déposé en 2012 une demande d’érection de 18 hameaux de culture en villages afin de pouvoir alléger certaines difficultés. Si je prends l’exemple du chef-lieu de la commune, Karangasso-Vigué, il compte plusieurs hameaux de culture autour dont certains sont situés à plus de 20 km.

Ces hameaux de culture sont même plus peuplés que le chef-lieu de la commune lui-même. Donc, la clé de répartition des investissements devient difficile. Si l’Etat accédait à notre requête d’ériger ces hameaux de culture en villages, cela allait nous aider énormément. C’est dans ce sens que nous avons identifié 18 hameaux de culture à ériger en villages et ce matin même, le commandant de la gendarmerie m’interrogeait sur le sujet et m’a demandé de passer pour qu’on échange.

L’autre priorité, c’est la santé. Nous avons 25 villages pour seulement huit CSPS (Centre de santé et de promotion sociale, ndlr). Mal répartis d’ailleurs entre les zones. En 2010, l’Etat avait promis de construire un CMA (centre médical avec antenne chirurgicale), mais ça n’a jamais été concrétisé, seule l’administration a été construite, sinon le reste, rien.

Côté éducation, on peut dire qu’il y a une avancée très considérable. Ce qui nous reste maintenant, ce sont les CEG (Collèges d’enseignement général) et/ou les Lycées. Sinon, dans la commune, ce sont au total 64 écoles primaires, neuf CEG et Lycées. A cela, s’ajoutent les CEG privés (sept au total), dont certains évoluent dans la clandestinité.

Lefaso.net : Pourquoi les avez-vous laisser s’installer, s’ils sont dans la clandestinité ?

Saïdou Sana : « Laisser installer », c’est trop dire. Moi-même, je me suis déplacé pour aller voir la directrice de l’enseignement (directrice régionale de l’enseignement des Hauts-Bassins) pour lui dire qu’il y a des CEG privés qui sont clandestinement installés. Et aussi, je suis arrivé à la tête de la commune tardivement (je suis à la tête de la mairie il y a seulement six mois et quelques jours). Donc, ces CEG étaient déjà installés quand le Conseil municipal entrait en fonction. Que faire donc, à partir du moment où je souhaite également l’enseignement pour ma commune et c’est pourquoi j’ai opté de m’approcher des responsables de l’éducation.

Lefaso.net : Que peut-on noter comme potentialités dans la commune de Karangasso-Vigiué ?

Saïdou Sana : Nos principales potentialités, ce sont l’agriculture, l’élevage et dans une moindre mesure, l’or...

Lefaso.net : … avez-vous des sites d’or dans la commune ?

Saïdou Sana : Oui, même si c’est encore artisanal. Je suis en train de batailler auprès des orpailleurs (responsables des sites, ndlr) afin qu’ils puissent contribuer au développement de la commune. Je ne peux pas comprendre qu’il y ait environ six sites d’or, mais que personne ne contribue au développement local. Donc, la fois dernière, nous les avons rencontrés ici même à la Mairie pour leur rappeler que nous avons arrêté quelque chose pour le développement de la commune. Et je dois leur dire merci parce qu’ils disent avoir compris et ont pris l’engagement de le faire. Ça fait dix sept ans que l’orpaillage est pratiqué ici, mais si on demande ce qu’ils ont pu apporter concrètement au développement local, rien.

Lefaso.net : En matière agricole, quelles sont les cultures dominantes à Karangasso-Vigué ?

Saïdou Sana : Le maïs, le mil, le sésame, le niébé, le manioc, l’igname, le coton. On a aussi les cultures de contre-saison (chou, tomate, salade…), mais on n’a pas de points d’eau dans la commune (il y a une seule retenue d’eau). Ce qui fait qu’en décembre (2017), j’ai effectué un déplacement à Ouagadougou auprès de l’ONG Qatar Charity pour voir si elle peut nous aider avec des retenues d’eau. Si on avait ces retenues, ça aurait allégé beaucoup de choses ; les jeunes, au lieu d’aller sur les sites d’orpaillage, pouvaient même rester à côté de ces points d’eau pour travailler en attendant l’hivernage.

Lefaso.net : On sait aussi qu’orpaillage rime avec certains fléaux sociaux… Qu’en est-il chez vous ?

Saïdou Sana : Effectivement, nous les vivons aussi. Et même beaucoup. J’ai même déposé une demande au niveau du ministère de la sécurité pour demander la construction d’un commissariat. En décembre, je suis réparti pour relancer la demande. Si nous avons l’autorisation, le Conseil municipal saura comment faire pour la suite. On peut aussi convaincre les orpailleurs (responsables des sites d’exploitation) pour aider dans la réalisation.

Pourquoi j’ai demandé le commissariat ? En 2003, la Caisse populaire a été attaquée en pleine journée, à 9 heures par deux individus. Heureusement, ils n’ont pas pu avoir la caisse, ils ont trouvé que quelqu’un était venu faire un versement, donc ils sont partis avec cette somme et des téléphones-portables. La gendarmerie est située à vingt kilomètres d’ici (chef-lieu de la commune), sur la route nationale N°27 (axe Bobo-Diébougou, ndlr).

S’il y a attaque, c’est impossible qu’elle nous défende. Je sais qu’il y a des normes pour ériger ce genre de poste, mais j’ai pris la décision d’en faire la demande parce que le cas de Karangasso-Vigué est particulier. Normalement, la gendarmerie devrait être ici au chef-lieu de la commune, mais dans leur politique sécuritaire, les décideurs ont jugé de la mettre sur le grand axe. Il y a plusieurs attaques dans la zone, entre le chef-lieu de la commune et les sites d’or. Il faut dire que c’est l’arrivée des Koglwéogo qui a limité un peu le phénomène ; parce qu’ils ont pris deux chefs de gang pour les remettre à la gendarmerie qui les a déférés à Bobo-Dioulasso. Nous avons des Dozos ici et l’action conjuguée de ces deux groupes peut régler la préoccupation.

Lefaso.net : Dans certaines zones, la présence des sites d’or tire vers le bas la scolarisation des enfants. Est-ce le cas ici également ?

Saïdou Sana : Oui, c’est également le cas. Je sais qu’en novembre, il y a l’ONG Terre des hommes qui est venue ici s’entretenir avec nous sur cette problématique. Nous aussi, nous avons expliqué les actions que nous avons menées sur le sujet ; parce qu’il y a une association qui est venue nous voir, nous avons échangé et elle est allée sur les sites pour retirer les enfants. Malgré tout, il y en a sur les sites. C’est une préoccupation. Mais, comme je l’ai souligné aussi plus haut, s’il n’y a pas d’alternatives, on ne peut empêcher les enfants d’y aller (il n’y a pas d’autres occupations ; c’est pourquoi nous demandons les retenues d’eau).

Aussi, le vrai problème, ce sont les parents. On indexe les enfants alors que les vrais responsables, ce sont les parents. Un enfant a droit à une éducation, il ne doit pas être laissé à lui tout seul. C’est le manque à certaines obligations des parents vis-à-vis des enfants qui favorise aussi cette situation. Mais, si on a des points d’eau, ça va régler plusieurs préoccupations à la fois, dont cette préoccupation liée à l’orpaillage. Mieux, vous verrez que la population va gagner en santé parce qu’elle va manger bio, diversement et suffisamment de légumes et de fruits.

Lefaso.net : Au plan national, on enregistre un déficit alimentaire lié à la pluviométrie. Quelle est la situation alimentaire ici ?

Saïdou Sana : Sous réserve des données des services compétents en la matière, mes observations me font dire que la saison n’a pas été pas bonne. Mais, en matière de vivres, ça ne va pas manquer, même si ce ne sera pas comme les années passées. Personnellement, j’ai fait deux hectares de maïs et je n’ai récolté que onze sacs (pourtant, logiquement, ce devait tourner autour de 40 sacs). Partant de là, je peux dire que ça ne va pas. La pluie a bien démarré, mais elle ne s’est pas bien achevée. Je me demande si durant tout le mois d’octobre on a enregistré une seule pluie.

Lefaso.net : Parlons d’un aspect douloureux pour votre commune, la crise qui est survenue en juin 2016 dans le cadre des municipales générales et qui a fait des morts. Néanmoins, après des efforts…, un conseil municipal a été mis en place, il y a quelques mois. Aujourd’hui, quelle est la situation à Karangasso-Vigué ?

Saïdou Sana : C’est vrai que ceux qui sont loin, disent qu’à Karangasso-Vigué, il y a un problème entre autochtones et allogènes. Ce qui n’est pas vrai. A Karangasso-Vigué, il y a un problème, mais c’est seulement en matière politique. Sinon, je le répète, il n’y a aucun problème entre les communautés ici à Karangasso-Vigué. Et là, je suis tout à fait fier de vivre dans cette commune. Dans une vie de société, il ne peut pas ne pas ne pas y avoir des conflits d’intérêt. C’est une dynamique normale. Mais, les problèmes entre individus ne doivent pas être généralisés, extrapolés à toute la communauté. On attend dire qu’à Karangasso-Vigué, il y a un conflit entre les Vigué et les Mossés. C’est archi-faux. Seulement, il y a des gens qui utilisent des conflits personnels pour se faire une ascension politique. Nous voici ici, avec des personnes-ressources, des Vigué, dont le petit-frère direct du chef du village.

Il n’y aucun problème entre les communautés, il y a des querelles personnelles qui sont créées et utilisées pour parvenir à des fins politiques. Je pense que c’est la justice qui manque aujourd’hui au cas de Karangasso-Vigué. Il y a eu trois morts lors de la campagne électorale (juin 2016) et les familles attendent de connaître la vérité. C’est tout. Les gens vivent ensemble ici, chacun connaît les actes que l’autre a posés, il faut donc que la justice tranche pour situer tout le monde. Sinon, les gens vont toujours se regarder en chiens de faïence et cela n’est pas bien.

Lefaso.net : Beaucoup n’avaient pas parié sur Karangasso-Vigué pour la tenue d’une élection à la faveur de la reprise en mai 2017. Comment avez-vous réussi à surmonter les difficultés pour être à ce stade … ?

Saïdou Nana : Ça confirme ce que j’ai dit plus haut, comme quoi, à Karangasso-Vigué, il n’y a pas de problème entre communautés, ce sont des intérêts individuels qui ont enclenché le problème que nous avons connu. Ce n’est pas du miracle. Moi, je suis pauvre et il y a eu des localités qu’on n’a même pas pu parcourir pendant la campagne, parce qu’on n’avait pas de carburant. Donc, si les populations nous ont choisis malgré tout, c’est parce qu’elles estiment qu’on peut contribuer au développement de la localité au profit de tout le monde. Nous sommes-là, on fera ce qu’on peut et on laissera la place à d’autres personnes. Ainsi de suite…

Lefaso.net : Au regard de ce qui s’est passé, quels sont les mécanismes que vous avez mis en place pour éviter de replonger dans d’autres crises ?

Saïdou Sana : Tant que la justice n’a pas fait son travail, on ne peut pas mettre des mécanismes en place. Tout est entre les mains de la justice. Dans tout ce qui s’est passé, qui a raison ? Au stade actuel, personne. Donc, c’est la justice seule qui peut trancher et ramener un véritable rapprochement entre les positions. Sinon, dans notre Conseil municipal, il n’y a aucun problème. Sinon, on ne pouvait pas travailler. Le Conseil municipal s’est toujours réuni à plus de 50 conseillers (sur les 55). Ce sont des politiciens qui sont tapis dans l’ombre et qui créent tous ces problèmes. Il faut qu’on accepte la défaite en politique, c’est très important. Donc, la justice n’a qu’à faire son travail et tout le monde sera soulagé (même si moi, le maire, je suis fautif, qu’on me sanctionne et qu’on permette à la commune de continuer !).

Donc, je dis et le répète, il n’y a aucun problème d’ethnies à Karangasso-Vigué. C’est archi-faux. Il y a simplement un intérêt politique porté par un individu, qui est à la base de cette situation. On a arraché des femmes de Vigué dans la commune ici, sous motifs qu’ils sont du MPP... Mais, nous sensibilisons les gens pour leur dire de ne pas céder à des actes de provocation.

Lefaso.net : C’est dire qu’il y a néanmoins un mécanisme informel pour apaiser la situation !

Saïdou Sana : Oui, tous ceux qui viennent envers nous, nous leur disons de ne pas réagir aux provocations, de faire confiance à la justice et que tout va rentrer dans l’ordre. Tôt ou tard, la vérité va jaillir.

Lefaso.net : Sur ce plan, en tant qu’exécutif de la commune de Karangasso-Vigué, quel message avez-vous pour l’ensemble des populations ?

Saïdou Sana : C’est de dire que la division ne peut pas arranger notre commune. Les frustrations ne peuvent pas être bénéfiques à notre commune. Les affrontements n’arrangeront en rien la commune. Je demande donc à toutes et à tous, surtout aux ressortissants de Karangasso-Vigué qui sont à Bobo-Dioulasso, à Ouagadougou et ailleurs, de faire pardon et pour la cohésion sociale. Qu’on prône un discours d’union et de cohésion et qu’on dise surtout qu’au Burkina Faso, il n’y a pas de Burkinabè étrangers dans une autre zone.

Moi, je totalise 31 ans de vie dans cette commune avec un seul enfant, mais actuellement, j’en ai quinze et tous sont nés ici. Je demande donc à toutes et à tous de se donner la main pour construire la commune. Souvent, les gens considèrent mal les missions d’un élu local. Moi, en tant que maire, je me considère comme un manœuvre de la commune. Il faut écouter les populations et faire ce qu’elles souhaitent dans la commune. En tant qu’élus, vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez, ce sont des gens qui vous ont mandatés et, de ce fait, vous devez travailler selon leur volonté.

Je demande donc à tout le monde de se mettre ensemble et venir pour qu’ensemble, on construise cette commune. Ce qui est passé est passé, on ne peut plus y revenir ; la gendarmerie est venue faire ses enquêtes, il y a des documents à la justice et celle-ci fera son travail pour le bonheur de tous. Karangasso-Vigué est en retard, les autres communes ont commencé à travailler un an après avant que nous ne commencions.

En ce moment, moi, je ne mets l’accent que sur le travail ; il y a beaucoup à faire. Aux ressortissants, je leur demande, une fois de plus, de mettre du sien dans la promotion de la cohésion sociale, la construction de la commune. Nous avons des ressortissants qui sont de grands commerçants, de grands acteurs du public et du privé, mais la mobilisation pour la commune n’est pas effective. Peut-être qu’avec les considérations …, des gens ont peur de traiter avec le maire… En réalité, tout est ramené à la politique, ce qui rend la tâche difficile. Sinon, comment comprendre qu’on arrache la femme de quelqu’un pour l’obliger à rejoindre un autre parti politique et le forcer ainsi à quitter son parti politique d’origine ?

Lefaso.net : Je lisais tout de suite sur une pancarte à l’entrée, un message exhortant les populations à s’acquitter de leurs taxes. Comment jugez-vous le niveau de civisme fiscal dans la commune ?

Saïdou Sana : A ce niveau, il n’y a pas de problème ; ceux qui veulent payer s’acquittent librement et ceux qui sont réticents, on renforce la sensibilisation.

Lefaso.net : Quelle est votre capacité de mobilisation des ressources internes ?

Saïdou Sana : Cette année, on a frôlé de justesse les 20 millions comme fonds propres.

Lefaso.net : La décentralisation, ce sont aussi les jumelages. Avez-vous des projets de jumelage avec d’autres communes du Burkina et/ou de l’étranger ?

Saïdou Sana : Pas encore de jumelage, mais nous sommes dans la dynamique. J’ai entamé des démarches dans ce sens avec la commune de Léna et l’arrondissement N°4 de Bobo-Dioulasso. Je compte accélérer les choses dans ce sens également.

Lefaso.net : Quelle est la situation de Karangasso-Vigué en termes d’infrastructures économiques ?

Saïdou Sana : Nous n’avons pas, en tant que tel, de marchés construits par la commune. On a simplement construit des boutiques dans quelques villages de la commune, que nous avons mises en location, c’est le cas à Soumousso, à Karangasso-Vigué centre ici et d’autres en construction à Dan. On a plusieurs petits marchés par lesquels on perçoit des taxes. Mais, notre problème, ce sont aussi les infrastructures routières. On nous a promis qu’en 2018, il y aura la réalisation de pistes dans la commune. On attend de voir.

Lefaso.net : Et l’électrification ?

Saïdou Sana : Les poteaux sont érigés, le câblage est fait et on nous avait promis que juste après le 11 décembre (2017), ils allaient venir activer, mais jusque-là, il n’y a rien.

Lefaso.net : Quelques acquis engrangés depuis votre installation ?

Saïdou Sana : On a pu réaliser six nouveaux forages, on en a réhabilité six (et trois autres sont en cours). Nous avons doté des écoles de plusieurs tables-bancs et normalisé l’école Karangasso-Vigué B (qui n’est pas encore totalement achevée). Construction de salles de classes, renforcement des capacités matérielles du Conseil municipal, etc.

Lefaso.net : Autres défis en 2018 ?

Saïdou Sana : C’est la normalisation des écoles, la construction d’école dans de deux hameaux de culture. Il y a aussi la construction de CSPS…

Lefaso.net : A vous la conclusion de cette interview … !
Saïdou Sana : Nous souhaitons la paix, une paix qui va être le fruit de l’effort de tout le monde, une paix durable. Je souhaite qu’on regarde tous dans la même direction pour le bonheur de notre commune et l’épanouissement de nos enfants. Je pense qu’on doit avoir mieux à faire que de se perdre dans des querelles d’intérêts personnels et politiques. Ça ne sert à rien. Je souhaite une bonne année 2018 à l’ensemble des populations de Karangasso-Vigué. A l’ensemble des Burkinabè, je souhaite la santé, la paix, la sécurité, l’entente, la cohésion et la compréhension mutuelle.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

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