Accès sécurisé des femmes à la terre à Tiarako : Le GRAF et TMG/Research notent une avancée

Publié le jeudi 15 mars 2018 à 00h36min

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Accès sécurisé des femmes à la terre à Tiarako : Le GRAF et TMG/Research notent une avancée

Le Groupe de recherche et d’action sur le foncier (GRAF) et TMG Research Think Tank for Sustainability GMBH de Berlin (anciennement dans IASS) ont organisé le Lundi 12 Mars 2018 à Bobo un atelier bilan sur une Recherche Action Participative (RAP) pour l’accès sécurisé des femmes à la terre conduite à Tiarako dans la commune de Satiri.

Démarrée en octobre 2017, la recherche action participative s’inscrit dans un programme de Recherche accompagnante du « Projet Protection et Réhabilitation des Sols pour améliorer la sécurité alimentaire » (PROSOL) mis en œuvre par la GIZ dans les provinces du Houet et du Tuy.

Une série d’études et d’ateliers multi-acteurs conduits dans la zone d’intervention du PROSOL ont montré que l’absence d’un accès sécurisé à la terre constitue un des principaux facteurs de faible adoption des technologies GDT (Gestion Durable des Terres) par les groupes défavorisés. Malheureusement, toutes les conditions institutionnelles d’application de la loi 034-2009 portant régime foncier rural au Burkina Faso n’existent pas encore dans toutes les communes et villages d’intervention du PROSOL. La RAF avait donc pour objectif de trouver des alternatives innovantes pour un accès sécurisé des femmes à la terre par une démarche fondée sur la légitimation populaire des cessions de terres aux femmes tout en restant dans le cadre de la législation foncière en vigueur.

Le processus, porté par les acteurs villageois (autorité coutumière, les propriétaires terriens, les comités villageois de développement, etc.) et communaux (le conseil municipal) avec l’appui des services techniques déconcentrés a permis à 229 femmes de bénéficier, individuellement ou collectivement de cessions. Les cessions dans la majorité des cas sont définitives à condition toutefois que la femme reste dans le foyer conjugal.

C’est selon Harouna Bary, un des experts du GRAF qui ont conduit le processus, une expérience innovante qui consiste à négocier avec la population pour donner des lopins de terre aux femmes dans le village de Tiarako dans la commune de Satiri. Traditionnellement, les femmes ont annuellement des lopins de terre où elles exploitent des légumineuses comme l’arachide ou le niébé. Mais d’une année à l’autre on leur fait changer de terre dans des espaces de culture de plus en plus dégradés. C’est une décision individuelle et volontaire à travers laquelle ceux qui sont intéressés disent qu’ils cèdent une partie de leur terre à leur mère, femme, sœur à travers des assemblées villageoises. Certains ont fait don de leurs terres tandis que d’autres les ont prêtées à la condition que la femme reste mariée dans la famille. L’originalité c’est que c’est une procédure qui s’appuie sur la légitimité et l’exemple peut être appliqué dans d’autres villages, d’autres communes.

L’objectif de l’atelier est de faire le bilan de cette Recherche Action Participative pour l’accès sécurisé des femmes à la terre conduite à Tiarako dans la commune de Satiri avec l’ensemble des acteurs parties prenantes, d’en tirer des enseignements pour des ajustements et réplication éventuels dans d’autres localités, mais aussi, réfléchir aux conditions de pérennisation des acquis et résultats à Tiarako.

Selon Larissa Stiem Bhatia de TMG Research, l’idée de l’action est de trouver des solutions innovantes pour sécuriser la terre pour les femmes parce que les femmes ont le droit d’usage mais leur terrain peut à tout moment être retiré par leur mari et elles ne sont pas ainsi sécurisées. A cet effet, il est important de sécuriser l’accès à la terre pour qu’elles puissent s’investir dans la protection et la réhabilitation de leur terre, augmenter leur productivité agricole et leurs revenus.

« le foncier constitue un domaine très sensible » selon Saydou Koudougou Secrétaire Exécutif du GRAF. Il fallait travailler à faire comprendre aux uns et aux autres la nécessité pour la femme d’avoir un accès sécurisé à la terre parce que les gens craignent qu’en cas de divorce cette partie de terre échappe à la famille. Nous avons travaillé à rassurer les hommes qu’un accès sécurisé des femmes à la terre est à l’avantage de toute la famille ».

Bouéré, situé dans la commune de Houndé est le prochain village où la RAP sera mise en œuvre.

Haoua Touré
Lefaso.net

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