Il est 23h43 lorsque nous arrivons à l’École nationale des enseignants du primaire (ENEP) de Bobo-Dioulasso, le mercredi 30 mai 2018. D’habitude, à pareille heure, nous trouvons le vigile seul sur les lieux. Mais ce soir, ce dernier a de la compagnie et « cela a commencé depuis le début des dépôts de dossiers des concours », nous a-t-il confié.

Assis sur des motos, à même le sol ou couchés sur des nattes, ces candidats attendent impatiemment l’ouverture des guichets pour espérer déposer leurs dossiers de candidature au concours d’entrée à la Fonction publique. D’autres préfèrent se réunir autour du thé pour attendre. Ceux qui sont en classe d’examen, eux, préfèrent se concentrer sur leurs cours, afin de préparer aussi les examens de fin d’année.
À en croire ces candidats, « les gens dorment ici depuis 19h et d’autres sont là depuis 15h pour espérer déposer leurs dossiers demain. C’est comme ça tous les jours. Il faut dormir ici sinon on ne peut pas déposer ». « Moi je suis venue aujourd’hui à 3h du matin (le mercredi 30 mai 2018) pour attendre l’ouverture des guichets à 8h et malheureusement je n’ai pas pu déposer donc je suis obligée de rester ici pour attendre jusqu’à demain (jeudi 31 mai) pour espérer déposer », déplore une candidate.

A partir de 19h, il y a une liste qui est ouverte et chaque candidat doit impérativement s’inscrire sur cette liste. A 23h, le coordonnateur, Etienne Ouédraogo, fait un premier appel pour permettre aux candidats de se mettre en rang afin que chacun puisse avoir une idée de sa position. Le deuxième appel est fait à 3h du matin. « Actuellement, nous sommes à 212 inscrits sur la listes et d’ici 8h, nous aurons plus que ça. A 3h du matin, si je fais le deuxième appel et quelqu’un n’est pas présent, nous supprimons son nom », a-t-il expliqué.
Ce dernier a décidé volontairement d’être le coordonnateur et son rôle est de s’assurer qu’à partir de 8h, les gens puissent déposer leurs dossiers dans l’ordre et sans se bousculer. Toutefois, il déplore les conditions précaires dans lesquelles les jeunes diplômés sont obligés de vivre.

Selon lui, le gouvernement a innové avec les inscriptions en ligne mais il y a un problème à ce niveau. « L’inscription en ligne est une bonne option mais malheureusement on a innové sans tenir compte de la réalité de notre pays. Malheureusement, il y a des gens qui n’arrivent pas à s’inscrire. Moi je me suis inscrit en ligne et avec la mauvaise connexion, je n’ai pas encore reçu mes récépissés. C’est bien d’innover mais il faut tenir compte des réalités de notre pays en assurant une bonne connexion », a souligné le coordonnateur, Etienne Ouédraogo.

Ils sont nombreux, ceux qui auraient voulu s’inscrire en ligne, mais malheureusement la « mauvaise connexion » fait qu’ils n’y arrivent pas. Certains candidats affirment également que tous les concours ne sont pas ouverts en ligne. « Ce sont les concours niveau BAC et plus qui sont ouverts », a indiqué la candidate Zaratta Zambaré.

Séni Zongo, quant à lui, déplore le nombre insuffisant de guichets. C’est pourquoi il souhaite, dans les années à venir, que le gouvernement augmente le nombre de guichets pour le bonheur des candidats. Par ailleurs, les candidats ont souligné la lenteur au niveau des réceptions de dossiers. « C’est vrai que souvent il y a certains candidats qui viennent déposer jusqu’à trois dossiers, mais reconnaissons que la réception des dossiers aussi est lente. Souvent tu peux faire plus d’une heure sans que le rang bouge », a indiqué Séni Zongo.

Selon ces candidats, si les dépôts continuent dans ces conditions, il y aura certains candidats qui ne pourront pas déposer leurs dossiers de candidature avant la date limite.

Ainsi, ils souhaitent une augmentation du nombre de guichets et que le gouvernement prolonge la date limite des dépôts afin que « tout le monde puisse déposer ».

Romuald Dofini
Lefaso.net