Crise à la SOFITEX : le syndicat menace de corser la lutte pour faire valoir ses droits

Publié le samedi 1er septembre 2018 à 00h01min

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Crise à la SOFITEX : le syndicat menace de corser la lutte pour faire valoir ses droits

Le Syndicat national des travailleurs des fibres textiles (SINATFITEX) a effectué une marche pacifique le vendredi 31 août 2018 à Bobo-Dioulasso, de l’hôtel RAN au siège de la Direction générale de la SOFITEX, pour remettre sa plateforme revendicative. Il revendique, entre autres, le respect des accords du 1er février, le respect de la liberté syndicale, la titularisation des employés permanents.

Avant la remise de la plateforme revendicative, le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des fibres textiles (SINATFITEX) a rappelé la raison de la présence de ses membres devant la direction générale, tout en remerciant ses camarades d’être témoins de la remise officielle du courrier. Le SINATFITEX reproche à la direction le non-respect d’accords signés à l’Inspection du travail depuis le 1er février 2018, le refus de titularisation d’employés en situation irrégulière, le baffouement de la liberté syndicale et le non-paiement de primes depuis 2016.

Le secrétaire général du SYNATFITEX, Issiaka Traoré, expose les faits comme suit : « Nous avons marché ce matin pour apporter nos préoccupations à la direction générale de la SOFITEX concernant des accords qui ne sont pas pris en compte depuis le 1er février. Des accords ont été signés depuis le 1er février à l’Inspection du travail et devaient être appliqués en fin février, mais force est de constater que nous sommes pratiquement en septembre et aucun point n’a été pris en compte.

SG SINATFITEX Issiaka Traoré

Le syndicat a estimé qu’il était important de m’accompagner, en tant que secrétaire général, pour remettre en mains propres, et en leur présence, notre plateforme à travers ce courrier. Il s’agit de la titularisation des saisonniers qui occupent des postes permanents depuis près de 20 ans. On ne peut pas utiliser des gens pendant 20 ans et dire après qu’on n’a pas besoin d’eux.

Deuxièmement, il y a un problème de liberté syndicale dans l’entreprise : les gens ne sont pas libres d’exercer leur liberté syndicale, il y a toutes sortes de pressions, de menaces, d’intimidations ; on affecte des délégués du personnel en cours de mandat et nous n’approuvons pas cela. En plus, il y a le personnel de terrain qui doit être titularisé : des gens qui participent à la production du coton, qui encadrent nos braves paysans pour pouvoir permettre d’avoir une bonne production et de qualité, ce personnel est là depuis des années et il n’est pas titularisé ».

Issiaka Traoré poursuit en ajoutant qu’il y a également le paiement de primes que la direction générale garde par devers elle, depuis des mois. « On a aussi la bonification d’échelon de travailleurs qui sont des récipiendaires, depuis 2016, mais qui n’ont pas reçu leur bonification. Par contre, ceux qui ont été décorés en 2017 ont eu leur bonification et nous estimons qu’il n’y a pas d’équité », a-t-il dit.
Cette situation a créé, selon le Issiaka Traoré, une énorme démotivation dans l’entreprise d’où la raison de cette marche pour attirer l’attention de la direction sur ces questions pour que les intérêts des travailleurs soient conservés.

Issiaka Traoré estime que près de 1 200 personnes sont dans une situation irrégulière et ont juste besoin d’être rassurées car, confie-t-il : « Quand la direction [générale] nous dit qu’il n’a pas les moyens pour payer, je pense que c’est des histoires. Ces gens travaillent toute l’année et c’est le même salaire ; il suffit de les rassurer en les titularisant. Dès que ce sera fait, ils seront contents, motivés et ce sera le bonheur de la SOFITEX et de l’or blanc ».

SG de la Sofitex Adama Jean Traoré

Cependant, du côté de la direction générale, Jean Adama Traoré, secrétaire général de la SOFITEX, dit déplorer cette procédure inhabituelle car, à son avis, « pour remettre un courrier, on n’a pas besoin de marcher. Un bon nombre de courriers de la structure syndicale à groupement, à savoir la SYNATFITEX, a été enregistré, et la communication a toujours été fluide : nous réagissons, nous nous entretenons, nous discutons des questions posées et on n’a pas besoin de marcher.

S’il y a lenteur comme ils le disent, cela relève certainement d’enjeux aussi bien de droits que des enjeux économiques qui commandent que certaines investigations puissent être menées à fond avant de réagir. Nous sommes dans cette dynamique avec toutes les structures syndicales. Je déplore ici ce déficit de communication qui a conduit la SYNATFITEX, qui pèse pour 22% dans les effectifs de la SOFITEX, à utiliser cette voie pour communiquer avec l’administration.

Nous avons toujours enregistré les préoccupations à travers des plateformes revendicatives ou des lettres comme celles-ci et nous avons toujours réagi. Si d’aventure, les commentaires que j’ai entendus se rapportent aux points du courrier, il faut comprendre que la plupart requiert du tribunal ou de l’Inspection du travail. Nous devons, en bonne structure organisée, nous remettre à ces instances qui n’ont pas de parti pris et qui n’appliquent que le droit ».

Pour ne pas déroger à la règle, Issa Traoré a délégué, séance tenante, un participant pour déposer normalement le courrier du SYNATFITEX qui devrait par la suite parvenir au directeur général.
Le syndicat se dit apte au dialogue, mais promet de corser la lutte si ses préoccupations ne sont pas prises en compte.

Haoua Touré
Lefaso.net

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