Marche du 29 novembre 2018 : Paul Kaba Thiéba charge les organisateurs

Publié le mardi 27 novembre 2018 à 23h39min

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Marche du 29 novembre 2018 : Paul Kaba Thiéba charge les organisateurs

Le 8 novembre 2018, le gouvernement burkinabè a décidé d’une augmentation de 75 F sur le prix du litre à la pompe du super et du gasoil. C’est face à cette mesure que des responsables syndicaux et politiques appellent la population, le 29 novembre 2018, à une marche de protestation pour exiger le retour aux anciens prix. Une décision que le chef du gouvernement, Paul Kaba Thiéba, n’apprécie pas. Car il estime que « quiconque comprend un peu l’économie, le mécanisme de fixation des prix dans un pays qui est enclavé comme le Burkina Faso, comprendra très facilement que le Burkina Faso ne peut pas vivre isolé du monde entier ».

La ville de Bobo-Dioulasso a accueilli, les 26 et 27 novembre 2018, la rencontre gouvernement/secteur privé. Au cours de ce rendez-vous, le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a donné sa position sur la marche qu’organisent des responsables syndicaux et politiques, le 29 novembre prochain. Selon lui, « le droit de marcher, la liberté d’opinion sont des droits constitutionnels. Ce sont nos droits qui sont reconnus par notre Constitution et tous les Burkinabè peuvent marcher, peuvent protester, mais dans la limite du respect de l’ordre. On peut marcher, mais il faut éviter les débordements qui se traduisent par des casses et des troubles à l’ordre public ».

Toutefois, il a exprimé son mécontentement face aux agissements des organisateurs de la marche de protestation. « Quand j’écoute les responsables syndicaux [et] politiques s’exprimer sur cette question d’augmentation des prix des hydrocarbures, j’avoue que je me demande souvent est-ce qu’ils croient vraiment à ce qu’ils disent. Ou bien ce qu’ils disent est motivé par des considérations de harcèlement politicien. Parce que quiconque comprend un peu l’économie, le mécanisme de fixation des prix dans un pays qui est enclavé comme le Burkina Faso, comprendra très facilement que le Burkina Faso ne peut pas vivre isolé du monde entier. On ne peut pas continuer à accorder des subventions qu’on ne peut pas payer. C’est pourquoi nous avons fait un premier pas en augmentant le prix du super et du gasoil. Et cette augmentation ne suffit même pas pour rattraper l’écart qu’il faudrait pour revenir à l’équilibre. Cet écart est beaucoup plus élevé, et tourne autour de 135 F CFA le litre », a expliqué Paul Kaba Thiéba.

« Il y a des gens qui ne veulent pas que les Burkinabè s’entendent »

Pour lui, le Burkina ne peut pas vivre au dessus de ses moyens. Si le gouvernement a ajusté le prix des hydrocarbures, c’est parce que la subvention commençait à avoir un impact insupportable pour les finances publiques. « C’est pourquoi mon gouvernement était obligé de mettre en place un mécanisme pour faire en sorte que les prix des hydrocarbures soient un peu le reflet sur ce qui se passe sur le marché mondial », a-t-il expliqué.

Aussi, il s’interroge sur la bonne foi des organisateurs de la marche du 29 novembre. « Il y a des gens (…) qui ne veulent pas que les Burkinabè s’entendent. Quand les Burkinabè s’entendent, ils ne sont pas contents. Et il faut qu’ils jettent de l’huile sur le feu pour mélanger les Burkinabè, pour les opposer les uns aux autres, semer le désordre dans le pays », a-t-il déploré.

A l’en croire, le prix du baril de pétrole a augmenté sur le plan international depuis deux ans. Et depuis mai 2016, le gouvernement burkinabè n’a pas touché au prix des produits pétroliers, il avait même baissé de 50 F le prix du litre, aussi bien pour le super que pour le gasoil. « Cependant, à partir de 2016, le marché pétrolier s’est retourné. Le prix moyen, qui était de 40 dollars le baril, est monté autour de 80 dollars », a souligné le Premier ministre.

Le gaz butane et l’électricité sont subventionnés

Selon lui, son gouvernement continue de subventionner les produits pétroliers à travers plusieurs mécanismes. Il s’agit de la subvention du gaz butane et de celle accordée au prix de l’électricité.
« Que ce soit les bouteilles de 12 kg, de 6 kg, elles bénéficient de la subvention de l’Etat. Le gaz butane, qui est vendu au Burkina Faso, est parmi les plus compétitifs et le moins cher parmi tous les pays voisins, y compris les pays côtiers. Cela doit interpeler tous les Burkinabè. Comment se fait-il qu’un pays qui est à 1 000 km de la mer arrive à vendre du gaz moins cher que tous ces pays (…) côtiers ? », s’interroge-t-il.

Avant de poursuivre : « Nous accordons une subvention au prix de l’électricité. Si l’Etat ne subventionnait pas le prix de l’électricité, notamment le carburant que la SONABEL utilise, le prix du kilowatt/heure serait beaucoup plus important. Et beaucoup de Burkinabè serait exclus de l’accès à l’électricité. C’est pourquoi nous avons continué à subventionner l’électricité à travers la fixation du prix des combustibles utilisés par la SONABEL, malgré la hausse du prix du marché, pour permettre aux Burkinabè d’avoir le pouvoir d’achat nécessaire pour continuer à avoir accès à l’électricité ».

Il fonde l’espoir que les Burkinabè feront la différence entre « ceux qui sont de vrais patriotes, ceux qui veulent construire le Burkina Faso, et ceux qui passent leur temps à vendre des illusions, à faire voir des mirages aux Burkinabè ».

Romuald Dofini
Lefaso.net

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