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Financement de l’agriculture familiale au Burkina : L’ONG SOS Faim prône l’inclusion financière agricole

LEFASO.NET | Romuald Dofini

vendredi 7 décembre 2018, par jack

Dans le cadre de la mise en œuvre de son programme Agri+ financé par le ministère luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, l’ONG SOS Faim a organisé, les 6 au 7 décembre 2018 dans la ville de Dédougou, une rencontre d’échanges sur les conditions du financement agricole au bénéfice des organisations de producteurs et de leurs membres. L’objectif de cette rencontre est de participer à l’instauration d’une plus grande connaissance et, par conséquent, d’une plus grande confiance entre les différents types d’acteurs concernés par la thématique du financement agricole.

Le secteur primaire burkinabè, qui regroupe les différentes activités agricoles, occupe plus de 80% de la population active et fournit près de 45% des revenus des ménages agricoles. Ce secteur stratégique a contribué, ces dix dernières années, en moyenne, à 32% du Produit intérieur brut (PIB). Pourtant, seulement 2% des exploitants agricoles ont accès aux crédits. En effet, le Plan national de développement économique et social (PNDES), dans son étude diagnostique, a identifié le faible niveau d’accès au crédit des exploitants agricoles comme une entrave majeure à leur développement.

Cela montre combien les besoins de ressources financières demeurent immenses pour faire face à la diversification des systèmes de production, au stockage, à la commercialisation, à la modernisation des équipements (production et transformation) et d’autres infrastructures connexes. A en croire la représentante pays de SOS Faim Luxembourg au Burkina, Alimata Sawadogo, des institutions financières de l’Etat ont été initiées dans le but de faciliter l’accès des producteurs agricoles burkinabè aux services financiers.

Alimata Sawadogo, représentante pays de SOS Faim au Burkina Faso

Elles viennent ainsi compléter l’offre de services existants proposés par le secteur bancaire qui s’intéresse de plus en plus à la finance rurale, en ciblant les Exploitations agricoles familiales (EAF) les plus sécurisées. Selon la Stratégie nationale de finance inclusive (SNFI), seulement 9% des ruraux ont accès à des services bancaires. « Les causes du faible accès des EAF et de leurs organisations paysannes aux financements sont nombreuses et se situent à différents niveaux.

Il s’agit de l’insuffisance de garantie pour gérer le risque de crédit à l’agriculture, la faible disponibilité de ressources longues chez les institutions financières pour les crédits à moyen et long termes, mais plus globalement encore l’asymétrie d’information entre les agricultures familiales (tant au niveau des ménages que des organisations paysannes) et les institutions financières et le faible degré de confiance réciproque », a expliqué Alimata Sawadogo.

D’où la nécessité d’une meilleure synergie d’action entre les nombreux acteurs concernés par le financement de l’agriculture familiale, pour une meilleure inclusion financière de cette population rurale qui constitue d’ailleurs la principale cible de la SNFI. C’est dans ce cadre que SOS Faim Luxembourg intervient depuis 1996 au Burkina Faso et dans d’autres pays du Sud, en apportant des appuis multiformes à différents acteurs concernés par les questions du financement agricole.

Ainsi, le dispositif Agri+ (2016-2022), mis en œuvre dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord et de l’Est, vise à développer les conditions de la confiance entre le secteur agricole familial et le secteur financier afin de faciliter l’accès aux services financiers et non financiers pour les EAF et les organisations de producteurs agricoles.

La photo de famille avec les participants

Le Programme Agri+ utilise ainsi un dispositif qui combine différents outils et actions complémentaires. Il s’agit d’un programme de formation des Organisations professionnelles agricoles (OPA) et de leurs membres pour renforcer leurs capacités, compétences et pouvoir de négociation ; d’un fonds de garantie pour répondre à l’absence ou l’insuffisance des garanties des OPA et de leurs membres ; d’une ligne de crédit pour renforcer les capacités des Instituts de microfinances (IMF) en ressources pour faire face à la demande de crédit moyen et long termes et d’un cadre de dialogue intersectoriel pour assurer une meilleure collaboration des acteurs qui interviennent auprès des OPA et leurs membres.

Par ailleurs, le programme s’appuie sur un axe qui vise la création de synergie entre les acteurs du financement agricole.

Les participants

La présente rencontre entre dans le cadre de cet axe transversal et se veut un véritable espace de réflexion collective et d’échanges sur les conditions d’amélioration de l’accès aux services financiers agricoles. L’objectif global de cette rencontre est de participer à l’instauration d’une plus grande connaissance, et par conséquent d’une plus grande confiance entre les différents types d’acteurs concernés par la thématique du financement agricole.

Au cours de cette rencontre, il s’agira plus précisément de présenter les outils proposés par le dispositif Agri+ et les premières tendances en termes d’effet, après un an et demi de mise en œuvre ; de discuter les questions que cela pose aux différents types d’acteurs concernés par le processus ; de susciter les échanges et le partage d’expériences entre les acteurs de la région de la Boucle du Mouhoun autour de la problématique du financement des exploitations familiales (besoin de financement, contraintes d’accès, rôle et expérience des organisations agricoles en matière d’accès aux services financiers pour l’agriculture).

Monsieur Bonzi, président de la chambre régionale d’agriculture de la Boucle du Mouhoun

Et sur la base des expériences présentées, développer une réflexion collective sur ce que chaque type d’acteur pourrait faire pour améliorer les conditions de l’accès des exploitations familiales aux services financiers. « Qui dit crédit parle de confiance d’abord. Et c’est pour créer cette confiance que cette rencontre se tient. S’il y a une méconnaissance des attentes des uns et des autres, c’est difficile d’avancer sur ces questions d’accès au financement », a souligné la représentante pays de SOS Faim au Burkina Faso.

Le président de la Chambre régionale d’agriculture de la Boucle du Mouhoun, monsieur Bonzi, a salué l’initiative de la rencontre. Pour lui, cette rencontre est un cadre de sensibilisation au profit des partenaires financiers et les producteurs, qui va leur permettre de comprendre le mécanisme de financement. « Je suis persuadé que la participation effective de chaque invité aux différents travaux inscrits dans le programme de cette rencontre, permettra de dégager des pistes claires pour la construction et le renforcement d’une relation de confiance durable entre les différents acteurs concernés par la thématique du financement. Pour cela, je formule le vœu que cette rencontre pose les perspectives pour une réflexion globale et régulière sur le financement agricole à travers la pérennisation de ce cadre naissant pour plus d’efficacité et d’efficience des différents acteurs », a-t-il souhaité.

Embouchant la même trompette, la représentante pays de SOS Faim, Alimata Sawadogo, a souhaité que les participants puissent mettre en œuvre leurs expériences et leurs réflexions au cours des différents travaux, afin que la stratégie et la feuille de route qui seront élaborées à l’issue de la rencontre soient à la hauteur des attentes des producteurs agricoles de la Boucle du Mouhoun et du Burkina Faso.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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