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Camp Ouézzin-Coulibaly de Bobo-Dioulasso : La démolition de logements illégalement construits met les populations en colère

LEFASO.NET | Par Romuald Dofini

mardi 5 février 2019, par jack

Le commandement de la deuxième région militaire a procédé, le lundi 4 février 2019 à Bobo-Dioulasso, à la destruction de plusieurs maisons illégalement construites dans le domaine du Camp Ouézzin-Coulibaly, en vue de poursuivre les travaux de clôture dudit camp pour des raisons sécuritaires. Sous l’effet de la colère, les riverains se sont mobilisés pour incendier des habitations de certains leaders communautaires qu’ils estiment être en connivence avec les responsables de l’armée.

Nonobstant les multiples communiqués et avertissements leur intimant l’ordre de libérer les lieux, ces populations y étaient jusqu’à ce lundi matin. Sous la menace du bulldozer qui terrassait les habitations, on tentait de sauver du matériel, de mettre à l’abri les meubles et ustensiles. Ceux qui le pouvaient encore, arrachaient les portes, les fenêtres et les tôles. Les personnes du 3e âge, impuissantes, assistent à cette opération, la main sous le menton.

Si certaines familles ont eu la chance d’être relogées après la destruction de leurs maisons, d’autres, par contre, ne savaient pas à quel saint se vouer. Des élèves, de retour de l’école, scrutaient les lieux, ne reconnaissant plus la maison familiale.

Inoussa Sanou, l’un des sinistrés, a confié avoir passé la nuit avec sa femme et ses trois enfants à la belle étoile. Toujours sous le choc, il dit ne pas savoir où aller. Et il n’est pas le seul dans cette situation.

Ces populations déguerpies étaient installées (habitats spontanés et jardins) irrégulièrement dans le domaine du camp militaire Ouézzin-Coulibaly. Certaines d’elles disent ignorer que le domaine appartenait à la deuxième région militaire. C’est pourquoi, elles auraient souhaité être informées plusieurs années auparavant. Aux dires des autorités de la ville, les populations ont été averties plusieurs fois de quitter le site, afin de permettre d’aménager une clôture pour des raisons sécuritaires.

Initialement prévue pour le 20 décembre dernier, l’exécution de cette mesure, selon un communiqué signé à la date du 24 janvier 2019 par le maire de l’arrondissement N°6, Hyppolite Sanou, avait été reportée à la demande des autorités religieuses de la ville de Sya. Ledit communiqué demandait également aux personnes concernées de libérer les lieux au plus tard le 31 janvier 2019, date butoir.

C’est face à la situation nationale marquée par de nombreuses attaques terroristes, qu’il a été recommandé, lors du dernier Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM) du département de la Défense nationale et des Anciens combattants, de déguerpir tous les occupants illégalement installés dans le domaine du camp Ouézzin-Coulibaly, de démolir les installations et de poursuivre les travaux de clôture dudit camp, pour des raisons sécuritaires. Selon certaines sources, ce sont 17 hectares à l’intérieur du camp, que la population occupait ainsi.

Toutefois, certains se sont résignés et accusent les vendeurs de terrains qui, au départ, n’ont pas été clairs avec eux. Cette situation a fini par affecter le chef du village de Kuinima (le nom du secteur N°18). Il est accusé d’être en complicité avec les responsables de l’armée pour l’opération de déguerpissement. Les populations, en colère, s’en sont prises à son domicile. Elles ont été dispersées par des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) à coups de gaz lacrymogène.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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