San Traoré, maire de Kourinion : « Le niveau central a accaparé de nombreuses prérogatives dévolues aux communes »

Publié le vendredi 15 février 2019 à 21h10min

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San Traoré, maire de Kourinion : « Le niveau central  a accaparé de nombreuses prérogatives dévolues aux communes »

Kourinion est une commune rurale de la province du Kénédougou, dans la région des Hauts-Bassins, à une soixantaine de kilomètres à l’Ouest de Bobo-Dioulasso, capitale économique (et chef-lieu de ladite région). A la faveur des municipales de mai 2016, cette bourgade localisable sur la route nationale N°8 s’est dotée d’un Conseil municipal composé de 18 conseillers du MPP (parti au pouvoir), quatre de l’UPC (opposition) et deux du CDP (opposition) et dirigé par San Traoré. C’est un maire et des collaborateurs « armés » de tonus et de hargne à changer le visage de sa commune que nous avons rencontrés en cette journée dans sa circonscription. Projecteurs sur la commune rurale de Kourinion.

Lefaso.net : Comment se passe la collaboration entre conseillers à Kourinion, quand on observe que nombre de conseils municipaux brillent par des crises internes ?

Traoré San : Tout se passe bien, nous n’avons pas de problème à ce niveau, étant donné également qu’au départ, c’était aussi bien clair : la campagne, c’est la campagne ; après la campagne, les besoins des populations sont les mêmes. Nous devons désormais travailler pour satisfaire les besoins des populations. Nous n’avons donc pas de difficultés de collaboration [ni] de travail, et les choses se passent bien. Chacun fait de son mieux pour qu’on atteigne de bons résultats.

Un parcours sommaire de votre cursus professionnel permet de comprendre que vous avez servi dans des organisations non-gouvernementales et séjourné dans plusieurs pays à cet effet. Ce qui aurait pu vous inspirer à poursuivre vos expériences à l’extérieur ; qu’est-ce qui a motivé votre retour à l’échelon communal, dans le monde rural ?

Je suis d’abord fils de paysan et j’ai été éduqué dans le travail de la terre. Mon papa faisait partie des plus laborieux cultivateurs de mon village. J’ai toujours eu l’amour pour la terre. C’est vrai, j’ai eu la chance de faire carrière dans des institutions, de voyager tant à l’intérieur du Burkina, de l’Afrique que de l’Europe, et j’aurais pu choisir de m’installer dans un de ces pays, notamment en France.

J’avoue que j’ai toujours eu cette envie de retourner à mes origines pour accompagner mes parents du village, servir ma communauté, me rendre utile à l’ensemble de mon pays. C’est ainsi que je me suis mis au-devant des parents pour faire certaines réalisations, d’abord au niveau de mon village, puis au niveau de la commune tout entière. Pour moi, revenir vers sa source était beaucoup plus intéressant et utile que de faire sa vie ailleurs.

En plus, il y a beaucoup de potentialités agricoles dans mon village. C’est vraiment surtout cela qui a motivé mon retour à mes origines. Sinon, sincèrement, j’ai eu pas mal d’opportunités de vivre ailleurs. Et puis, il y a aussi la question de la dignité : j’ai fait quelques années en Europe, je me suis rendu compte que, si vous voulez votre dignité, c’est réellement auprès des vôtres.

Si vous vivez ailleurs, vous avez peut- être un peu plus d’argent, de biens matériels, mais on ne vous reconnaît jamais en tant que digne fils du pays là-bas. Alors que dans votre communauté, vous ne pouvez pas faire une petite promenade sans rencontrer quelqu’un que vous connaissez, qui s’arrête, vous vous saluez, vous vous demandez les nouvelles, etc. Chez soi, vous avez toute la dignité humaine avec votre communauté, vos parents, amis, etc. Ça fait réfléchir. On n’a pas ça ailleurs où ce sont plus des relations d’intérêts.

Dans vos échanges avec vos administrés à travers les villages que nous avons traversés, on a noté que l’ardeur au travail est votre maître-mot. D’où tenez-vous cet état d’esprit ?

J’ai été éduqué par un papa qui a été très laborieux, qui nous a toujours dit : seul le travail va vous libérer. Et je crois que l’expérience que j’ai aujourd’hui me permet de dire moi aussi et à quiconque que seul le travail paie en effet. Il faut, pour sa dignité, s’adonner au travail : travailler beaucoup et travailler bien. Quel que soit votre domaine de travail.

Quand vous prenez un pays comme le Burkina, sa principale ressource, ce sont les hommes (nous n’avons pas de grandes ressources naturelles, nous ne sommes pas favorisés par la nature). Cette réalité s’impose encore plus aux communes rurales, où il existe encore plus de problèmes dans tous les domaines.

Donc, dans une commune, surtout rurale, ce sont beaucoup de problèmes à gérer. Nous n’avons donc le choix que de travailler sérieusement avec les maigres ressources pour nous sortir de nos conditions difficiles.

Quelles étaient les priorités à votre arrivée à la tête de la commune ?

Tout l’était et le demeure encore. Il y a d’énormes attentes et de nombreux problèmes auxquels la commune fait face. Dès notre arrivée, nous avons mis en priorité d’accroître les recettes de la commune (augmenter le taux de recouvrement) ; parce que ce sont les moyens qui déterminent en réalité la politique. A ce jour donc, les recettes se sont nettement améliorées au niveau de la commune (même si les ressources n’ont jamais suffi). Nous travaillons à les améliorer.

Nous avons également des secteurs-clés. C’est par exemple le cas de l’éducation. Nous avons encore des écoles sous paillotte, des écoles qui ne sont pas normalisées et/ou équipées. Nous essayons donc de mettre l’accent pour que l’éducation soit une réalité dans la commune. Nous avons également le domaine de la santé, qui est un secteur très sensible, et où nous nous sommes attachés tout de suite les services d’un technicien communal.

Nous avons aussi bénéficié de l’accompagnement d’un partenaire pour améliorer la situation de l’hygiène et de l’assainissement, qui vont avec les services de l’eau. A ce niveau, nous avons réalisé de nouveaux points d’eau, pour réduire le problème de l’eau potable dans la commune. Mais ce domaine reste toujours une préoccupation, parce qu’il y a toujours des difficultés (notamment dans les hameaux).

Nous sommes aussi en train de voir le volet création d’emplois des jeunes ; ce n’est pas évident avec nos ressources, mais nous en faisons une préoccupation. Dieu merci, nous avons des partenaires qui sont en train d’arriver dans la commune, avec lesquels nous envisageons la création d’emplois pour les jeunes. La commune dispose d’énormes potentialités sur le plan agricole et de l’élevage.

Donc, il faut voir comment pousser les jeunes à développer des initiatives dans ces domaines, au lieu de s’exiler en ville pour revenir quelques années après, parce que n’ayant pas pu réussir là-bas. Nous remercions donc certains partenaires, tels que le PNGT, le Fonds permanent, le projet Sambaco, le PACT, l’ARD, le PADEL, etc. qui sont en train de nous appuyer pour améliorer les conditions de vie des populations dans notre commune.

Peut-on avoir une idée de l’évolution des recettes de la commune ?

Quand nous arrivions, les recettes propres de la commune étaient autour de dix millions de F CFA dans l’année. Aujourd’hui, nous sommes autour de 40 millions. Ce qui n’est pas rien. Pour dire que sur le plan financier, nous sommes en train de rechercher un équilibre et nous travaillons dans ce sens.
Revenons à l’éducation et à l’eau, qui sont des priorités inscrites dans le programme quinquennal du président du Faso, notamment avec la vision « zéro corvée d’eau ».

Quelle est la cartographie réelle que vous faites de ces secteurs dans votre commune ?

Des efforts sont faits à ce niveau, mais le besoin reste encore important. S’agissant de l’Education, nous avons encore deux écoles sous paillotte, des classes sous paillotte et une bonne partie de nos écoles demandent à être normalisées. Les recrutements au CP1 ne sont pas possibles chaque année. L’un des soucis donc, c’est d’arriver à la normalisation des écoles qui sont dans le besoin dans la commune.

En ce qui concerne la question de l’eau, nous avons un parc de pompes qui ne sont pas entretenues comme il se doit. Les Associations des usagers de l’eau (AUE) ont été mises en place dans tous les villages de la commune, mais ne sont pas opérationnelles comme il se doit, par manque de formation pour garantir un bon fonctionnement. Cette année, il est prévu d’effectuer des sorties dans les villages pour redynamiser les AUE, afin qu’elles gèrent au mieux les points d’eau.

L’une des grandes lacunes dans notre commune est le manque de cotisations préventives pour faire face aux pannes des pompes. C’est quand la pompe est en panne que les usagers font des cotisations ponctuelles pour faire face aux réparations et cela peut prendre du temps alors que pour une bonne gestion, les cotisations préventives sont conseillées.

Au niveau de l’eau donc, je peux dire qu’il y a encore de grandes difficultés. La commune est une zone à forte immigration et les hameaux se créent très facilement avec un nombre de populations qui nécessitent un point d’eau potable. Toujours dans le domaine de l’eau, la commune bénéficie d’un projet AEP multi-villages qui est en cours de réalisation mais qui est loin de couvrir les besoins en eau de la commune.

La santé également est un volet inscrit aux premiers rangs du PNDES (Plan national de développement économique et social). Quel est l’état des lieux de ce secteur dans votre collectivité ?

La santé est toujours une priorité ; parce qu’il faut une population en bonne santé pour parler développement. Mais, sur ce plan, notre commune semble bien couverte. Sur douze villages, nous avons au moins cinq formations sanitaires (CSPS). La norme nationale qui serait d’environ cinq kilomètres est presque atteinte ; c’est déjà bon.

Il n’empêche que compte tenu du fait de la création des nouveaux hameaux, nous avons néanmoins un besoin d’environ deux autres formations sanitaires (pour rapprocher un peu plus certaines populations). Aussi, la gratuité des soins pour les enfants de zéro à cinq ans et les femmes enceintes est une réalité dans la commune.

Des priorités de départ, quels sont vos principaux points de satisfaction à ce jour ?

Les points de satisfaction peuvent se situer à trois niveaux, voire plus. C’est d’abord sur le plan du recouvrement fiscal. Une commune qui n’arrive pas à faire un bon taux de recouvrement des taxes, c’est réellement un problème. Ainsi, il y a une amélioration à ce niveau (nous sommes passés de dix à près de 50 millions), même s’il reste encore assez à faire sur ce point.

Sur le plan de la gouvernance locale, il y a également une amélioration ; le Conseil municipal ne fonctionne pas difficilement et cela est à mettre à l’actif de l’ensemble des conseillers qui cherchent à avancer dans la vision d’ensemble de développement plutôt que de défendre leurs intérêts personnels. Sur le point des réalisations des projets de développement (agriculture, éducation, etc.), nous sommes satisfaits de ce que nous avons pu faire jusque-là.

La commune arrive à répondre régulièrement et à temps à l’achat et à la mise à la disposition des centres de santé, des médicaments essentiels. Nous avons également la gestion des cantines scolaires transférée aux communes, qui est une satisfaction. Les vivres arrivent à temps au niveau de toutes les écoles.

Sur la préoccupation liée à l’incivisme, nous faisons aussi un travail de sensibilisation, si fait que même si nous ne sommes pas entièrement satisfaits, nous sommes à un bon niveau de satisfaction. Dans le domaine de la gestion des conflits sociaux liés au foncier notamment, il y a aussi motif à satisfaction par les cas qui se sont présentés.

Beaucoup reste encore à faire, car la décentralisation reste assez théorique. Dans les faits, il y a plus de problèmes qui ont été transférés aux communes, que de solutions pour les résoudre. Si les ressources suivaient les transferts de compétences, les communes seraient en mesure de réaliser beaucoup d’actions de développement. Qu’on ne se le cache pas, le système est toujours centralisé. On ne sait pas à quoi cela est dû, mais c’est une réalité. Pourtant, décentralisation veut dire envoyer aussi les ressources pour que les gens travaillent. Le développement véritable de ce pays ne viendra que par sa base.

En ce qui concerne le désenclavement, avez-vous bénéficié de projets de l’Etat dans ce sens ?

Il y a toujours des besoins dans ce domaine, nous avons juste bénéficié de huit kilomètres de pistes rurales à créer en 2018 dans le cadre du programme de désenclavement. Nous avons un besoin d’environ une soixantaine de kilomètres de pistes nouvelles à créer et une trentaine de km d’anciennes pistes à réhabiliter (cela nous aurait vraiment désenclavés). Le désenclavement permet d’améliorer l’assiette fiscale également. A cet effet, Nous voulons relier notre marché principal aux localités de Toussiana et Banfora. C’est un objectif qui n’est pas atteint. Qu’à cela ne tienne, en la matière, nous sommes encore mieux lotis que certaines communes dans d’autres régions. Notre chance aussi, c’est que notre commune est traversée d’Est à l’Ouest par la route N°8.

Etre traversé par une route nationale est certes un avantage, mais par moments problématique, du fait des accidents. On a suivi des mouvements de populations dans la commune, dus aux ralentisseurs. Comment gérez-vous ce genre de contradictions ?

Le premier responsable du Conseil municipal, avec à sa droite, le premier adjoint, Si Traoré et le deuxième ajoint, Madou Traoré

Effectivement, nous avons connu cette difficulté, et même pendant les campagnes électorales, les populations à maintes reprises nous ont interpellés sur cet aspect comme étant une préoccupation dans les villages traversés par la RN°8 ; parce que des villages n’ont pas bénéficié de ralentisseurs. Ce qui fait que certains usagers traversent les villages à vive allure, occasionnant parfois des accidents graves, voire mortels.

C’était vraiment une préoccupation, et nous nous sommes dit que si on a fait des ralentisseurs dans d’autres communes et pas dans notre commune, nous prendrons des dispositions pour le faire en terre simple, en respectant les normes de hauteur et largeur. C’est ce que les populations ont fait et cela a fait du bruit, car malgré les panneaux indiquant les entrées d’agglomération, certains usagers continuaient de traverser les villages à vive allure.

Un jour, l’on a vu des éléments dits du Syndicat des transporteurs de Orodara, qui ont commencé à détruire nos ralentisseurs ; cela a occasionné des courses-poursuites. Après ces échauffourées, Il y a eu une rencontre avec les autorités locales et provinciales au cours de laquelle nous avons dit toute notre désapprobation concernant cette provocation. Pour les populations, si on peut acheter une pièce d’engin, cela n’est pas le cas pour une vie, et vu que la liste des victimes d’accidents ne faisait que s’allonger. C’est ainsi que quelques mois après, on a eu des ralentisseurs.

Quelle est la situation en ce qui concerne l’électrification ?

Là, ça ne va pas, le besoin est là. A part le chef-lieu de la commune et un autre village sur les douze, le taux d’électrification n’est pas bon. Nous sommes en train de négocier pour les villages situés sur la route communale N°8.

Quel est le niveau de mobilisation des ressortissants de la commune dans la politique de développement local ?

Je pense que cette mobilisation se fait encore attendre. Au niveau du Conseil, nous avions prévu des rencontres avec les ressortissants vivant dans les grandes villes du Burkina. Cela n’est pas encore effectif. Toutefois, nous espérons le faire cette année. Avec les rencontres que nous projetons, nous espérons mobiliser les filles et fils autour de la commune. Mais, on n’a pas tous, les mêmes points de vue sur la question ; il y a certains qui sont pour le retour au village, d’autres pas.

Votre localité est l’une des communes à fortes potentialités, mais le développement ne reflète pas l’existant. A quoi cela est dû ?

Je pense que c’est d’abord une question de mentalité, voire de culture. Le Toussian n’est pas très commerçant à l’origine, alors que cette activité est un moteur du développement. Toutes les terres du pays toussian sont fertiles, on pourrait y produire toute spéculation en toute saison puisqu’il y a aussi de l’eau.

Mais le Toussian cultive ses terres, juste pour manger, alors qu’il pourrait en produire plus pour vendre également. Cela fait qu’il y a en effet des potentialités encore non-exploitées. Heureusement que les mentalités évoluent. Le Toussian commence à prendre conscience des potentialités locales qui font que les jeunes vont de moins en moins dans les plantations de la Côte d’Ivoire juste à côté. Il y a en ce moment le boom de l’anacarde et des autres arbres fruitiers comme la mangue et l’orange, la culture maraichère, l’élevage, etc., qui commencent à occuper les populations.

Celles-ci ont de nos jours d’importants revenus dont la gestion doit être aussi améliorée. Le développement, il est vrai, est d’abord un effort local, mais l’Etat peut aussi booster le développement local, par des projets bien élaborés et bien gérés au profit des populations en fonction des potentialités existantes.

Cela aussi manque parce que la commune ne bénéficie pas de projets de développement de l’Etat (dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, etc., pourtant ces potentialités sont là). Les quelques rares projets qui arrivent posent des critères de financement qui ne sont pas à la portée des populations très souvent. Les banques aussi ne prêtent qu’aux riches, ainsi le développement est difficilement une réalité.

On a l’impression (et cela semble une des insuffisances de la décentralisation) qu’il n’y a pas un jeu franc entre le niveau central et les collectivités.
C’est exact. On ne comprend pas pourquoi cette situation, mais c’est le constat. Le niveau central garde encore de nombreuses prérogatives, les moyens, les ressources, prétextant souvent que les communes ne sont pas suffisamment compétentes, ou manquent de ceci ou cela.

Aujourd’hui, il y a des communes rurales qui n’envient pas, en termes de compétences, certains services du niveau central. De nos jours, il y a des compétences au niveau des collectivités territoriales. A une certaine époque, on pouvait en douter, mais pas maintenant. Le niveau central et souvent régional ont accaparé de nombreuses prérogatives dévolues aux communes, tout en proclamant haut et fort qu’il y a transfert des compétences aux communes.

Dans une commune, comment peut-on, de nos jours, expliquer la réalisation d’une infrastructure (école, CEG, forage, latrines, etc.) par le niveau central ou régional sans une concertation préalable avec la commune concernée ? On vous informe un jour que telle infrastructure sera réalisée à tel endroit dans votre commune et que l’entrepreneur arrive incessamment pour la reconnaissance du site.

Aucune concertation avec la commune. Les choses vous tombent dessus du niveau central, désignation de l’entreprise depuis Ouagadougou ou au niveau régional, elle vient sur le terrain... Qu’est-ce que la commune peut dire à cette entreprise pour assurer la qualité du travail ? A titre d’exemple, dans notre commune, nous avons bénéficié de la construction d’un préscolaire pour l’année 2018. L’entrepreneur est venu d’on ne sait où se promener pour, dit-il, identifier le site.

Et après, plus rien, jusqu’à l’heure où je vous parle. On ne sait pas où il est. Plein de communes rurales vous citeront des cas similaires. On ne comprend donc pas cette façon de travailler du niveau central. Aujourd’hui, au niveau des communes rurales, Il ya des comptables, des personnes responsables de marchés publics, des secrétaires généraux…, plus compétents que certains du niveau central.

Dans le cadre de la coopération décentralisée, Kourinion est-elle en jumelage avec des communes au Burkina ou ailleurs ?

On n’en a pas pour le moment. Mais ça va arriver certainement, parce que j’ai des relations en Europe qui m’ont fait des propositions dans ce sens. Je ne l’ai pas encore fait, parce que les ressources de la mairie sont faibles pour supporter un voyage aussi coûteux ; je voudrais donc organiser ce voyage sur fonds propres, plutôt que de prendre les ressources de la mairie pour ça. Mais ça se réalisera.

Aussi, nous estimons que nous devons faire d’abord des efforts internes, mobiliser ce que nous avons à mobiliser avant cette démarche. Je pense qu’on peut minimiser la politique de la main tendue, parce que nous avons quand même des potentialités qu’on peut travailler à améliorer (même s’il est aussi vrai que lorsque vous avez des partenaires, c’est un plus).

Quel visage de Kourinion souhaiteriez-vous laisser à la fin de votre mandat ?

Une commune avec la cohésion sociale, une équipe qui veut gagner, non seulement au niveau du Conseil municipal, mais également dans l’ensemble de la population de la commune. Un mandat, ce n’est pas long, mais si on a une cohésion sociale, un esprit de gagnant, ça peut permettre à l’équipe entrante de continuer sur la bonne voie tracée. En fait, une commune où règne la paix, la cohésion sociale et qui avance sur tous les plans.

En cette année 2019, êtes-vous dans la continuité ou des perspectives sont en vue ?

Cela fait deux ans que notre équipe dirige la commune, nous allons poursuivre nos actions dans ce qui est bon pour nous (les recouvrements, la sensibilisation…), mais également maximiser dans les secteurs sociaux tels que l’éducation et la santé, etc. Nous allons également multiplier les actions dans les villages en fonction de nos moyens. Notre souhait, c’est de faire en sorte qu’à la fin de notre mandat, il n’y ait pas un village qui dise que durant ce mandat, rien n’a été réalisé chez lui. Certains villages ont déjà bénéficié de réalisations, mais il y en a qui n’ont rien reçu d’abord.

Donc, nous allons continuer nos actions en renforçant plusieurs secteurs. Qu’à la fin du mandat, on sente qu’il y a un changement, tant au niveau physique que mental. C’est dans ce sens que nous appelons toutes les populations, les ressortissants vivant ailleurs, à ne pas hésiter à nous apporter leurs soutiens sous quelque forme que ce soit, les critiques constructives, les sessions sont ouvertes, les journées de redevabilité et même en dehors de ces cadres, le conseil municipal est ouvert et c’est ensemble que nous allons réussir.

En ce nouvel an, je profite présenter nos vœux les meilleurs à l’ensemble de la population de la commune, des filles et fils ressortissants vivant au Burkina et à travers le monde, que Dieu veille sur chacun de nous, dans la paix, la joie, la santé et le succès dans les initiatives individuelles et collectives.

Que Dieu protège notre cher pays et que règnent la paix et la stabilité.
Grand merci à Lefaso.net, qui nous permet ainsi de faire connaître notre petite commune à travers le monde et de partager non seulement nos potentialités, mais également nos préoccupations de développement.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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