Bobo-Dioulasso : Les dozos de la sous-région invoquent les mânes pour la paix et la cohésion sociale

Publié le lundi 29 avril 2019 à 21h49min

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Bobo-Dioulasso : Les dozos de la sous-région invoquent les mânes pour la paix et la cohésion sociale

Les dozos du Burkina Faso, du Mali, de la Côte d’Ivoire et de la Guinée ont animé une conférence de presse internationale, le vendredi 26 avril 2019 dans une brousse à quelques kilomètres de la ville de Bobo-Dioulasso. Selon le président de l’Union nationale des dozos (UND) du Burkina Faso, Ali Konaté, cette conférence se tient après plusieurs constats et actes qui tentent de salir l’image de la confrérie. Ce fut une occasion également pour ces dozos d’invoquer les mânes des ancêtres afin que la paix et la cohésion sociale règnent dans ces différents pays et partout en Afrique.

La journée du vendredi 26 avril 2019 a été consacrée par l’Union nationale des dozos du Burkina Faso et les fédérations de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Mali à la prière et aux sacrifices afin que la paix, la sécurité et la cohésion sociale règnent partout en Afrique. En effet, ces derniers temps, notre sous-région est confrontée à de nombreux problèmes de sécurité. Les gouvernants qui font face à la lutte anti-terroriste sont soumis à une autre forme d’insécurité et de conflits intercommunautaires.

Ces faits sont constatés au Burkina Faso tout comme au Mali dont le plus récent est celui de Ogossagou dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, le samedi 23 mars dernier. A en croire les conférenciers, des assaillants se sont habillés en tenue traditionnelle dozo pour commettre leur forfait (massacre de civils peuls qui a fait au moins 160 victimes). C’est face à la recrudescence de ces comportements que l’Union nationale des dozos du Burkina Faso et les fédérations de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Mali ont décidé d’animer cette conférence de presse pour éclairer l’opinion publique sur cette situation qui qui met à mal la confrérie et les bonnes actions qu’elle mène depuis la nuit des temps.

Ali Konaté, président de l’Union nationale des dozos du Burkina Faso

« Ces tueries perpétrées au Mali ne concernent absolument pas les dozos. C’est plutôt l’œuvre des bandits qui se sont habillés en tenue traditionnelle dozo pour attaquer des villages. Dans toute l’Afrique, 99% des villages sont construits par les dozos. Ceux-ci ne peuvent que les protéger et non les détruire », a indiqué Brahima Coulibaly, secrétaire général de la Fédération nationale des chasseurs traditionnels du Mali.

C’est pourquoi, il pense que la décision du gouvernement malien de suspendre les activités des dozos est précipitée. A l’en croire, il serait difficile d’empêcher les dozos d’officier au regard de leur rôle de sécurisation des villages.

Aussi, soucieux du bien-être des populations de la sous-région, de commun accord, ces chasseurs et détenteurs du savoir traditionnel ont décidé de faire de cette journée du 26 avril, une journée de sacrifice pour demander la paix et la cohésion sociale. Retranchés dans la brousse, ils ont, entre rites et prières, invoqué les mânes des ancêtres et ce, loin des caméras et appareils photos des journalistes. « Nous avons prié à notre manière pour demander à nos ancêtres et à la mère terre de nous préserver de tout ce qui nous arrive », a laissé entendre Ali Konaté, président de l’Union nationale des dozos du Burkina Faso.

Les dozos du Burkina, du Mali, de la Guinée et de la Cote d’Ivoire

A l’issue de cette « rencontre internationale de sacrifice pour la paix et la cohésion sociale », les dozos du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire ont décidé dans une « déclaration conjointe », qu’aucun confrère dozo ne doit se faire justice et ôter la vie à un être humain sous prétexte qu’il est un voleur ou un délinquant. Ils s’engagent aussi à aider les forces régaliennes à la sécurisation de la sous-région ouest-africaine ; à promouvoir la culture dozo et à protéger la flore et la faune. Par ailleurs, il a été décidé que tout déplacement de membre de la confrérie dozo doit être autorisé par son organisation dont il est membre.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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