Bobo-Dioulasso : « La rue du Black a cessé de vivre »

Publié le mardi 16 juillet 2019 à 21h16min

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Bobo-Dioulasso : « La rue du Black a cessé de vivre »

La rue André Aubaret très connue sous l’appellation « la rue du Black » à Bobo-Dioulasso, a cessé de « vibrer ». Le nouveau propriétaire des lieux a procédé au déguerpissement des promoteurs de maquis, bars, restaurants et cafés de cette rue mythique dans la matinée de ce mardi 16 juillet 2019. Selon les informations que nous avons obtenues, ces commerçants et promoteurs de maquis installés dans cette rue auraient été sommés à plusieurs reprises de quitter les lieux. Pour le dernier avertissement, ils avaient jusqu’au 28 juin dernier, pour déguerpir. Chose qui n’a pas été respectée.

C’est ainsi que le nouveau propriétaire du terrain a procédé à leur déguerpissement, en présence des forces de sécurité dans la matinée de ce mardi 16 juillet 2019. En effet, connu sous le nom de « la rue du Black », il s’agit d’une succession d’échoppes et maquis qui forment une haie d’honneur.

Ainsi, boissons et grillades y abondent de jour comme de nuit. Cet espace de récréation a été racheté par l’opérateur économique Appolinaire Compaoré pour y construire une nouvelle institution financière. Selon Arouna Sawadogo, propriétaire du maquis « Black Terminus », depuis le rachat du terrain, ils avaient déjà reçu l’information. « Nous reconnaissons que nous avons été prévenus de quitter sur les lieux. Premièrement, ils nous avaient donné un délai de six mois. Après cela, nous sommes allés, une deuxième fois, échanger avec le propriétaire Apollinaire Compaoré, afin qu’il nous ajoute un autre délai de trois mois et il a accepté », a-t-il laissé entendre.

Ce dernier délai a pris fin le 28 juin dernier et ces commerçants espéraient pouvoir en obtenir un autre. « Mais nous n’avons plus eu l’occasion de rencontrer le propriétaire malheureusement. La plupart des promoteurs ici venaient d’investir dans leur secteur d’activité. Nous avons pensé que comme nous venions d’investir il n’y a pas longtemps, il allait nous laisser le temps de récupérer d’abord parce qu’il n’a pas accepté de nous dédommager », a souligné le créateur de mode Saidou Zono allias ZS création.

Cette situation occasionnera sans doute d’énormes pertes de revenus pour ces commerçants. En effet, c’est une dizaine de boutiques implantées sur cette rue qui sont touchées. A en croire le propriétaire du maquis « Black Terminus », Arouna Sawadogo, c’est plus de dix millions de FCFA qu’il a ainsi perdus. Toutefois, il s’est résigné à chercher un autre local pour poursuivre son activité. Le créateur de mode ZS création, quant à lui, estime sa perte à plus de cinq millions. « Cela fait plus de 15 ans que je suis ici et je venais de prendre un prêt à la banque pour aménager mon local. Nous étions toujours dans les travaux. Nous n’avons jamais refusé de quitter les lieux. Nous avions demandé un minimum d’accompagnement », a-t-il indiqué.

Ousmane Belo est un grilleur de viande. Il exerce ce métier sur cette rue il y a plus de vingt ans déjà. Selon lui, il pouvait vendre sept à dix moutons par jours. Drissa Sawadogo est un élève qui, pendant les vacances, venait travailler avec le vendeur de soupe afin de pouvoir préparer sa rentrée scolaire prochaine. « J’ai commencé à travailler ici depuis 2015 et le patron me donnait chaque soir 2000. C’est grâce à ce travail que j’arrivais à payer ma scolarité chaque année », a confié ce dernier. Par ailleurs, ces déguerpis ont affirmé avoir saisi la juridiction de Bobo-Dioulasso auparavant, par rapport à cette affaire et le verdict était attendu pour le 5 septembre prochain.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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