Lutte contre l’extrémisme violent : Le ministère de la Culture restitue les résultats du colloque national aux Banforalais

Publié le samedi 28 septembre 2019 à 23h55min

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Lutte contre l’extrémisme violent : Le ministère de la Culture restitue les résultats du colloque national aux Banforalais

Le ministère de la Culture, des arts et du tourisme, en partenariat avec le Programme des nations unies pour le développement (PNUD), a organisé, ce jeudi 26 septembre 2019 à Banfora, une conférence inaugurale de diffusion des résultats du colloque national sur l’extrémisme violent et les valeurs de référence. Cette conférence a été présidée par le ministre de la Culture, Abdoul Karim Sango.

A travers cette rencontre, les premiers responsables du ministère en charge de la Culture veulent restituer les résultats du colloque national sur le rôle de la culture dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent et dans la promotion de la cohésion sociale au Burkina Faso, qui s’est tenu en novembre 2018 à Dori.

En effet, « le Burkina Faso, jadis paisible, est confronté depuis bientôt quatre ans, à des mouvements criminels que lui impose le terrorisme », a relevé d’entrée de jeu le ministre Sango. Ce qui a causé la mort de plusieurs personnes et plusieurs milliers de déplacés. C’est pourquoi, il reste convaincu que cette lutte doit faire appel à la contribution de chaque Burkinabè et de tous les secteurs d’activité pour favoriser une résolution du fléau.

Pour lui, la culture a un potentiel énorme dans la lutte contre l’extrémisme violent. C’est dans cette optique qu’il a été initié, en collaboration avec le Programme des nations unies pour le développement (PNUD), un colloque national sur le rôle de la culture dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent et dans la promotion de la cohésion sociale au Burkina Faso, en novembre 2018 à Dori.

Les responsables coutumiers et religieux présents à la conférence

Cette rencontre a été un cadre de réflexion des acteurs du monde de la culture et du tourisme pour concevoir une feuille de route sur une contribution du secteur, sur la base des valeurs culturelles du Burkina. Selon le ministre Abdoul Karim Sango, « cette rencontre fut très riche en enseignements divers sur les potentialités que le Burkina Faso a de pouvoir organiser une résilience et une lutte efficaces face au phénomène, à partir de ses valeurs fondamentales ».

Cette rencontre du jeudi 27 septembre, organisée avec le concours du PNUD, visait ainsi à partager avec les populations des Cascades, les conclusions de la réflexion de Dori. Elle se voulait également un espace d’échanges et d’apprentissage sur la question de la cohésion sociale autour des valeurs spécifiques. « Cette conférence se voulait une tribune de décision dans le cadre de lutte contre l’extrémisme violent. Nous voulons sensibiliser les Burkinabè sur les valeurs de référence avec l’espoir que cette sensibilisation aura pour résultat d’éradiquer le terrorisme », a souhaité Abdoul Karim Sango.

Dr Dramane Konaté, conseiller technique du ministère de la culture

Pour Dr Dramane Konaté, conseiller technique du ministère de la Culture, ce colloque a campé les fondements de notre vivre-ensemble, du multiculturalisme, de l’intégration, de la cohésion sociale à travers nos valeurs ancestrales. « Il y a eu la question de la résilience du peuple burkinabè et comment faire face à l’extrémisme violent. L’introduction de nos valeurs culturelles dans les curricula, comment introduire les productions d’œuvres burkinabè dans nos enseignements. Chacun a son niveau doit contribuer à lutter contre la violence. Les acteurs étatiques et de la communauté, en termes de groupes ethniques et de confessions religieuses, l’école et la presse… chacun a un rôle à jouer. La famille a aussi un rôle très important à jouer à travers l’éducation de base. Et c’est ce qui a été présenté en termes de feuille de route », a-t-il indiqué.

Inculquer les bonnes valeurs aux enfants d’abord

Le porte-parole de la chefferie des cantons des Cascades, Tollé Sagnon

Cette rencontre a connu la présence des responsables coutumiers et religieux des Cascades.
Pour le porte-parole de la chefferie des cantons des Cascades, Tollé Sagnon, l’idée d’organiser ces conférences dans toutes les régions du Burkina Faso, en mettant l’accent sur les valeurs culturelles de nos populations, est une bonne initiative. « Le Burkina Faso, c’est plus d’une soixantaine de peuples qui le composent. Et ce sont ces diversités culturelles qui enrichissent le pays. Malheureusement, nous avons constaté que l’éducation classique ne prend pas en compte ces valeurs culturelles pour forger l’esprit de nos enfants. Nos valeurs culturelles devraient être des racines sur lesquelles s’appuie notre jeunesse pour pouvoir s’élever », a-t-il laissé entendre.

Selon lui, ces conférences sont des cadres d’échanges, de discussions et d’orientations pour aider le ministère à élaborer des feuilles de route qui devraient être prises en compte dans l’éducation des enfants afin de lutter contre l’extrémisme violent. « Une société qui n’est pas assise sur des valeurs de référence ne peut pas évoluer positivement. C’est la raison pour laquelle, nous, les autorités traditionnelles, apprécions ce travail du ministère et nous l’encourageons dans cette initiative », a dit Tollé Sagnon.

L’abbé Jean Baptiste Traoré, curé de la paroisse cathédrale de Banfora

L’abbé Jean Baptiste Traoré, curé de la paroisse cathédrale de Banfora, a indiqué que sa communication portait sur les valeurs culturelles qui sont capables de nourrir notre vivre-ensemble encore aujourd’hui et demain. « Nous voulons un avenir radieux pour notre pays, le Burkina Faso. Et cet avenir, personne ne nous le donnera gratuitement, personne ne nous le construira. Tout dépend de nous. Nous ne pouvons pas semer du maïs et prétendre récolter du riz. Vous voulez du riz, il faut semer du riz. Pour récolter un Burkina Faso où il fait bon vivre, nous devons semer les grains du bon-vivre et il s’agit pour nous de pouvoir trouver ces bonnes graines. Nous devons chercher les grains du bon-vivre à travers l’entraide, la solidarité, la vérité, l’amour réciproque. Le pire, c’est quand nous renonçons à nos valeurs pour suivre les mutations ; nous allons tout droit dans le mur pour nous fracasser. Mais lorsque nous rentrons dans les mutations en gardant nos valeurs, nous allons évoluer positivement », a-t-il laissé entendre.

La photo de famille

Toutefois, ces responsables coutumiers et religieux des Cascades estiment qu’il faut inculquer les bonnes valeurs aux enfants d’abord, afin de pouvoir lutter efficacement contre l’extrémisme violent. « Si un enfant ne sait pas ce qui est le mal et ce qui est le bien, lorsqu’il sera grand, il ne saura pas également ce qui est le bien et ce qui est le mal. Le Burkinabè veut une chose et son contraire : il ne faut pas promouvoir uniquement les droits de l’enfant, mais aussi ses devoirs. L’enfant doit être le relai de nos bonnes valeurs et il faut travailler à inculquer ces valeurs à nos enfants », a conclu le porte-parole de la communauté musulmane.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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