Assurance maladie universelle au Burkina Faso : Quand la gratuité des soins de santé s’étend aux indigents

Publié le lundi 2 décembre 2019 à 15h26min

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Assurance maladie universelle au Burkina Faso : Quand la gratuité des soins de santé s’étend aux indigents

Après la Boucle du Mouhoun les 27 et 28 novembre, c’était au tour des leaders d’opinion de la région des Hauts-Bassins de recevoir le vendredi 29 novembre 2019, la Caisse nationale d’assurance maladie universelle (CNAMU) et ses partenaires pour une rencontre de sensibilisation sur la mise en œuvre du Régime d’assurance maladie universelle (RAMU) au profit des indigents. Là encore, Dr Yves Kinda, directeur général de la CNAMU et ses collaborateurs ont expliqué le bien-fondé de l’Assurance maladie universelle.

C’est une bonne nouvelle pour les populations des Hauts-Bassins, particulièrement pour les personnes indigentes (entendre par indigent, une personne qui n’a aucune ressource propre et pas d’aide extérieure pour assurer sa prise en charge sanitaire). A l’instar des 44 084 indigents de la Boucle du Mouhoun, ceux des Hauts-Bassins au nombre de 4 977 ciblés pour le démarrage du régime d’assurance maladie universelle ne débourseront plus rien pour leur prise en charge sanitaire. Et ce, à compter de décembre 2019.

De l’avis de Dr Yves Kinda, directeur général de la CNAMU, « les dépenses directes de santé sont très importantes et impactent la capacité financière des populations. A cause des dépenses catastrophiques de santé, nos populations basculent dans l’extrême pauvreté. » Permettre donc aux populations les plus vulnérables de se soigner gratuitement, c’est leur donner la possibilité de quitter cet état d’indigence et mettre tout leur potentiel dans le développement du pays.

Et pour ceux qui seraient sceptiques quant à la pérennité de l’assurance maladie, notamment la gratuité au profit des indigents, Dr Kinda rassure : « L’Etat, en créant la Caisse nationale d’assurance maladie universelle, devient un assureur public des dépenses de santé. Qui parle d’assurance, parle de mutualisation. Donc en principe, il n’y a pas gratuité, il y a mutualisation des ressources qui sont collectées au niveau de chaque Burkinabè. Maintenant, l’Etat dans sa politique de solidarité a pris l’engagement de prendre en charge les populations les plus pauvres de notre pays. »

Sur instruction donc du Président du Faso, les indigents ciblés dans les quatre régions pilotes au nombre de 70 000 pour cette première vague, seront pris en charge à 100%, que ce soit pour les consultations, l’hospitalisation, les examens médicaux, la chirurgie, les médicaments, etc. Tout en reconnaissant que l’Etat n’aura jamais assez d’argent pour prendre en charge tous les indigents, il affirme que, néanmoins, un certain montant sera alloué annuellement pour la prise en charge du maximum de personnes.

7500 F CFA par an et par personne indigente pour le panier de soins

Concrètement, sur le terrain, les centres de santé des quatre régions pilotes (Boucle du Mouhoun, Hauts-Bassins, Nord et Centre) retenues pour le démarrage du RAMU ont signé des conventions avec les mutuelles auxquelles seront affiliés les bénéficiaires. Et pour s’assurer de la bonne marche du RAMU dans ces régions, la CNAMU peut compter sur ses ONG partenaires. En l’occurrence pour les Hauts-Bassins, le Réseau d’appui aux mutuelles de santé (RAMS/BF) qui travaille déjà avec les mutuelles existantes sur le terrain et auxquelles seront affiliés les indigents. Leur cotisation annuelle sera payée par la CNAMU et leur situation évaluée périodiquement, afin de retirer ceux qui auront quitté le stade d’indigent. Le panier de soins qui coûte 7500 F CFA par personne permet d’offrir les prestations sanitaires à tous les niveaux de la pyramide sanitaire (CSPS, CM, CMA, CHR, Hôpital de district).

Après cette phase pilote, le RAMU devrait être étendu à l’horizon 2020 à l’ensemble de la population de deux régions. Cette couverture concernera le secteur informel, les agriculteurs, les éleveurs, etc., qui devront bien entendu s’acquitter de leurs cotisations. Puis progressivement, l’assurance maladie universelle, qui est obligatoire selon la loi, sera étendue à toute la population du Burkina Faso : salariés du public et du privé, secteur informel, etc. Et comme le précise Dr Kinda, chaque citoyen paiera en fonction de ses revenus.

Les leaders d’opinion engagés pour accompagner la CNAMU

Dans le but de s’assurer que la mise en œuvre du RAMU sera une réussite dans les Hauts-Bassins, la CNAMU a rencontré tout comme à Dédougou, les leaders d’opinion pour les sensibiliser et solliciter leur accompagnement. Ces derniers se sont engagés à l’issue de la rencontre, à relayer l’information auprès de la population sur le processus de mise en œuvre du RAMU et à œuvrer à ce qu’il soit une réussite dans leur région. « Si on arrive à mettre cette initiative en place, cela va beaucoup aider la population. Arrivé à Dandé, je vais voir les coutumiers et toutes les cibles possibles pour que le RAMU puisse bien marcher », a confié Yacouba Zerbo, maire de la commune de Dandé dans les Hauts-Bassins.

La CNAMU peut aussi compter sur les autorités coutumières et religieuses de la ville de Sya. Elles n’ont pas hésité à formuler des prières et des bénédictions pour une mise en œuvre réussie du RAMU au profit des personnes indigentes ; et, au-delà, pour les autres couches de la population auxquelles devrait s’étendre peu à peu l’assurance maladie universelle.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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