IAM-Bobo : Des étudiants exclus souhaitent leur réintégration

Publié le lundi 13 janvier 2020 à 16h48min

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IAM-Bobo : Des étudiants exclus souhaitent leur réintégration

Des étudiants de l’Institut africain de management (IAM) de Bobo-Dioulasso ont exprimé leur mécontentement dans la matinée du lundi 13 janvier 2020. Ce mouvement d’humeur fait suite à la décision de l’administration d’exclure plus d’une cinquantaine d’étudiants de ladite institution, des étudiants de la deuxième année, toutes les filières confondues. A travers cette manifestation, ils souhaitent leur réintégration au sein de l’établissement et la reprise des cours.

« En plein milieu de l’année, ils nous chassent. Où veulent-ils qu’on aille poursuivre les cours. Actuellement, ce n’est pas évident qu’on puisse avoir une école qui va nous accueillir », ce sont autant d’inquiétudes exprimées par ces manifestants du jour. Leur souhait aujourd’hui, c’est leur réintégration au sein de l’institut et la reprise des cours pour le bien des étudiants.

En effet, à Bobo-Dioulasso, depuis un certain temps déjà, un bras de fer oppose l’administration de l’Institut africain de management (IAM) à ces étudiants. Selon ces derniers, l’administration a pris cette décision face à leur refus de participer à une activité d’immersion qui s’est déroulée au Camp Ouézzin Coulibaly. Ainsi, la direction aurait pris la décision de restituer à ces étudiants, la totalité de leurs frais de scolarité. « Selon les propos d’un des responsables de l’administration tenus le 15 octobre 2019 à la rentrée universitaire, il nous a fait croire que l’immersion au sein de l’IAM-Bobo n’est pas obligatoire. Les étudiants ont donc pris acte de cela. Et ce n’est qu’à quelques jours de la date de l’immersion qu’ils ont décidé que l’activité est obligatoire. Ce que les étudiants ont refusé. A deux jours de l’activité, vous demandez aux étudiants de payer 20 000 FCFA pour y participer ; ce n’était pas évident. On connait les situations financières des familles à Bobo. Ce n’est pas facile de débloquer 20 000 FCFA sur- le -champ. C’est pourquoi, certains étudiants ont décidé de ne pas y aller. Et nous avons informé l’administration pour cela. C’est suite à ces évènements que l’administration a décidé de remercier toute la promotion de la deuxième année des étudiants », a déploré Serge Daniel Bazié, étudiant à l’IAM et porte-parole des manifestants.

Serge Daniel Bazié, porte-parole des manifestants

Pour ces exclus, cette décision est « arbitraire ». Car selon eux, « nulle part dans le règlement intérieur de l’IAM, il est prévu une sanction au cas où les étudiants ne participent pas à l’immersion ». C’est pourquoi, ils ont souhaité comprendre pourquoi cette décision de renvoi. Car ils estiment que le contrat qui les lie à l’IAM est un contrat de neuf mois.

A en croire ces derniers, il y a eu des tentatives de médiation qui n’ont pas abouti. « Nous avons sollicité la médiation auprès des personnes ressources, mais malheureusement nous n’avons pas eu gain de cause. Nous ne voulons pas de crise, nous souhaitons tout simplement la réintégration des étudiants et la poursuite des cours. Nous avons souhaité qu’ils organisent une autre séance d’immersion à laquelle nous allons participer ; ou encore si l’immersion est un module, qu’on nous laisse reprendre ça en session. Sinon nous expulser en pleine année scolaire, où est-ce que nous allons partir ? », s’interroge le porte-parole des manifestants. Leur souhait aujourd’hui, c’est de trouver un terrain d’entente afin de ne pas perdre cette année académique.

Un parent d’élève s’insurge contre les responsables de l’administration

Madame Traoré, mère d’une étudiante

Madame Traoré, mère d’une étudiante à l’IAM, s’est rendue sur les lieux pour s’enquérir des nouvelles de la situation. « C’est sur les réseaux sociaux que j’ai d’abord appris l’information. Et ce n’est que hier (dimanche 12 janvier 2020) qu’ils ont convoqué ma fille pour ce matin pour lui remettre son chèque. Je suis une mère et c’est normal que je vienne m’enquérir de la situation. Je ne peux pas la laisser venir seule parce qu’il était question de la mettre à la porte pour qu’elle aille s’inscrire ailleurs en début du deuxième trimestre », s’est justifiée madame Traoré qui, visiblement furieuse, n’a pas apprécié l’accueil, ni la manière de communication « peu courtoise » des responsables de l’administration.

Elle tenait à expliquer à l’administration, les raisons qui ont empêché sa fille de prendre part à cette activité d’immersion qui devait durer une semaine, au Camp Ouézzin Coulibaly de Bobo.

« Ma fille a eu un bébé qu’elle allaite exclusivement au sein. Donc elle n’a pas pu prendre part à l’immersion et on l’expulse de l’établissement. Au-delà de ça, l’immersion n’est écrite nulle part dans le programme de l’IAM. C’est moi j’ai inscrit ma fille à l’IAM et c’est moi qui suis venue prendre les fiches ; et je n’ai vu nulle part la mention faite de l’immersion. Et j’ai même écouté une audio du PCA qui a même dit que ce n’était pas obligatoire parce que l’an passé, ils ont fait l’immersion il y a des gens qui sont partis et d’autres non. Si l’immersion est une matière aussi, en fin d’année qu’ils évaluent les enfants et même s’ils leur donnent un zéro, c’est considéré comme s’ils n’avaient pas fait l’immersion. Là ils vont en session où en ce moment ils peuvent même les renvoyer », a-t-elle laissé entendre.

Selon elle, « il y a autres choses que l’administration essaie de camoufler derrière cette histoire d’immersion ». C’est pourquoi, elle lance un cri du cœur à l’endroit des autorités du pays face à cette situation qui prévaut au sein de l’IAM-Bobo. « C’est l’école qui est l’avenir de ce pays. C’est pourquoi, on ne doit pas permettre des choses pareilles. Et nous sommes dans un Etat de droit. Les choses ne peuvent pas se passer comme ça », a-t-elle insisté. Dans un souci d’équilibre de l’information, nous avons tenté de rentrer en contact avec l’administration de l’IAM-Bobo sans succès. L’accès des locaux nous a été strictement refusé.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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