Gestion des marchés de Bobo-Dioulasso : Des commerçants et le maire de la commune à couteaux tirés

Publié le lundi 24 février 2020 à 16h35min

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Gestion des marchés de Bobo-Dioulasso : Des commerçants et le maire de la commune à couteaux tirés

Des commerçants du grand marché de Bobo-Dioulasso sont remontés contre le maire de la commune, Bourahima Sanou. Ils l’ont fait savoir au cours d’une conférence de presse organisée ce dimanche 23 février 2020. Ce mécontentement fait suite, selon les conférenciers, à la volonté du maire de la commune de Bobo-Dioulasso, Bourahima Sanou, de transformer la structure de gestion des marchés (SGM) en un établissement public local à savoir la structure de gestion des équipements et infrastructures marchandes (SGEIM), dont l’installation des membres de ladite structure a eu lieu ce lundi 24 février.

« A travers cette conférence de presse, nous voulons prendre l’opinion publique nationale à témoin que si d’aventure, les statuts fondateurs qui consacrent la création de la SGM venaient à être éventrés au profit d’un statut à dessein, nous n’allons pas nous laisser faire. Nous allons prendre notre responsabilité face à cette forfaiture », a laissé entendre Bassirou Bélem, porte-parole des conférenciers.

Visiblement remonté contre le maire de la commune, ce dernier estime qu’il serait illusoire qu’une autorité publique puisse s’ingérer de façon flagrante dans la gestion de ladite structure et de surcroit s’arroger le droit de la transformer de façon unilatérale en une structure publique locale. C’est pourquoi, il invite les autorités du pays à prendre des mesures idoines pour éviter des troubles au sein du marché central de Bobo-Dioulasso et du marché des fruits et légumes qui selon lui, pourrait porter un coup à cette paix fragile à Bobo-Dioulasso et au Burkina Faso.

En effet, depuis un certain temps, une crise oppose le maire de la commune de Bobo-Dioulasso à la structure de gestion des marchés (SGM). Face à cette situation, des sages et des personnes de bonnes volontés ont été appelés à la rescousse afin de trouver une issue favorable à cette crise. Tous ces efforts n’ont pas amené une certaine sérénité au sein de la structure de gestion des marchés de Bobo-Dioulasso en particulier et de l’ensemble des commerçants en général.

Cette crise est née de la volonté de la commune de Bobo-Dioulasso, par l’entremise du maire, de créer un établissement public local à caractère économique dénommé Structure de gestion des équipements et infrastructures marchands (SGEIM) en lieu et place de la structure de gestion des marchés (SGM) en « violation des textes fondateurs de la SGM ». L’installation des membres de la nouvelle structure, SGEIM, a eu lieu ce lundi 24 février 2020.

Selon les conférenciers, la transformation de la SGM en SGEIM n’est nullement une certitude pour l’instant, d’autant plus que le jugement concernant le sursis à exécution est en cours, de même que le recours en annulation y relatif. « Le maire de la commune de Bobo-Dioulasso en se basant sur l’ordonnance de la cour de cassation qui renvoie plutôt le maire et la SGM à la cour administrative d’appel de Ouagadougou pour juger à nouveau le dossier concernant la création de la SGEIM est tout simplement une fuite en avant de l’autorité communale », a indiqué Bassirou Bélem.

Le secrétaire général du collectif des associations des commerçants des marchés de Bobo, Zoubéré Bagaya, a rappelé que la SGM est une structure de délégation contractuelle de services publics (marché) sous forme de concession, gérée par des privés à savoir les commerçants qui sont les seuls apporteurs de capital social à hauteur de 50 millions de FCFA et ayant également contribué à financer le solde de la réhabilitation du marché central à hauteur de 1,6 milliards de FCFA.

« La SGM étant financée par des fonds privés à savoir les redevances des commerçants (article 16 des statuts et dispositions du contrat) et gérée par des commerçants et non par le public, dans ces conditions, comment une autorité publique, fut-il le maire, pourrait-il s’ingérer dans sa gestion ? », s’interroge Mr Bagaya. Avant d’ajouter : « L’édile de la vile de Sya serait en passe de faire un forcing en procédant à l’installation de la fameuse SGEIM ce lundi 24 février ».

A en croire les propos des conférenciers, un contrat d’occupation du domaine public de 25 ans par les commerçants avait été convenu en 2001, moyennant leur participation au financement de la construction du marché central à hauteur de 35% soit 1,6 milliards de F CFA. Selon leur porte-parole, c’est de là qu’a été créée la SGM, qui devrait gérer dans ce délai, le marché, en lieu et place de la régie municipale.

Cependant, ils ont affirmé ne peut être contre l’installation de la SGEIM. « Le maire peut mettre la SGEIM en place mais pas pour gérer le marché central et le marché des fruits et légumes, mais plutôt les autres marchés, parce que nous avons un contrat de 25 ans », prévient le porte-parole.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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