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Reprise des grandes funérailles bôbô : « Une condition sine qua non pour une bonne campagne agricole », selon les coutumiers

LEFASO.NET

samedi 9 mai 2020, par jack

Après l’ouverture des marchés et les lieux de cultes, puis la reprise des activités de transports, les responsables coutumiers de la ville de Sya ont souhaité, à leur tour, la reprise des grandes funérailles bôbô. Condition sine qua non, selon eux, pour une bonne campagne agricole au Burkina Faso. Ils l’ont fait savoir le jeudi 7 mai 2020, au cours d’une rencontre de sensibilisation sur le Covid-19, au profit des leaders coutumiers et religieux de Bobo-Dioulasso.

Au Burkina Faso, la saison pluvieuse approche à grand pas. Bientôt, les cultivateurs reprendront le chemin de leurs champs. Pour cela, il est impératif que les coutumiers observent quelques rites coutumiers, afin de permettre une bonne récolte. Pour Ernest Sanou, représentant des chefs traditionnels à la rencontre de sensibilisation, « la tradition est une continuité et il faut continuer avec ce que les ancêtres nous ont laissé ».

Il a souligné que tant que ces traditions ne sont pas respectées, certains vieux ne pourront pas semer. « Il faut qu’on demande la permission aux ancêtres avant de rentrer en brousse sain et en revenir sauf. Cela nous épargne aussi de la famine, des criquets pèlerins et de beaucoup d’autres catastrophes », a-t-il laissé entendre.

En effet, de mars à avril, c’est la période à laquelle les responsables coutumiers bôbô s’affairent généralement aux derniers rites coutumiers avant le début de la saison des pluies. Lesquels rites sont le plus souvent marqués par la sortie des masques. Mais contrairement aux précédentes années, Sya, à quelques jours seulement de la reprise des activités agricoles cette année, reste toujours muette. Les autorités locales ont ainsi décidé du report de ces cérémonies marquées par la sortie des masques, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

Cette manifestation qui annonce le retour au champ, concerne les populations de la ville de Sya et ses environnants. Selon Ernest Sanou, à l’occasion de ces cérémonies traditionnelles, les ancêtres sont invoqués afin d’obtenir de bonnes pluies. Pour lui, les masques représentent des esprits protecteurs pour les communautés. « Une année sans les rites coutumiers peut engendrer des conséquences négatives », a-t-il laissé entendre.

Ernest Sanou, porte-parole des coutumiers

C’est pourquoi, au nom des détenteurs des pouvoirs traditionnels, il a souhaité la reprise de ces grandes funérailles, car il estime qu’on ne doit pas laisser tomber la tradition. « S’ils ont autorisé la réouverture des marchés, des transports et les lieux de cultes, pourquoi nous refuser l’organisation de nos funérailles ? », s’est-il interroge.

Avant d’ajouter : « Nous sommes vraiment délaissés. Personne ne pense à nous. Les gens ne voient que le côté festival de la sortie des masques, sans chercher à savoir pourquoi on le fait. Nous demandons la reprise des activités et cela se fera dans le respect des mesures barrières », a-t-il souhaité.

Selon lui, la reprise des activités pourrait ainsi se faire dans le respect des mesures barrières. Il s’agira pour eux, de réduire le côté festif de la cérémonie et le nombre de jours dédiés à l’organisation de ces funérailles. Etant donné que la majeure partie de leurs activités se tiennent les nuits, ils ont souhaité un allègement au niveau du couvre-feu pour leur permettre de mener les activités.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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