Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

Publié le mercredi 13 mai 2020 à 21h36min

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Réouverture du marché central de Bobo : « Nous sommes dans un abattoir », a déploré un commerçant

Inoussa Ouédraogo est commerçant au grand marché de Bobo-Dioulasso. Il est de ceux qui respect encore les mesures barrières contre le Covid-19. Port du cache-nez et désinfection des mains avec du gel-hydroalcoolique, ce sont, entre autres, les exigences de Mr Ouédraogo, avant de toucher à ses articles. Malheureusement, ils ne sont pas nombreux les commerçants qui agissent comme lui. C’est le constat que nous avons fait dans la matinée du mardi 12 mai 2020.

Le respect des mesures barrières contre le Covid-19 semble être difficile au marché central de Bobo-Dioulasso, trois semaines après la réouverture. Une situation qui amène certains commerçants à qualifier ce lieu « d’abattoir ».

Il est environ 10h, lorsque nous arrivons sur les lieux. Nous sommes devant l’entrée principale de Koko. Se tient là, un dispositif de lavage de mains qui est ignoré du public. L’exigence des entrées qui étaient conditionnées par le port de masques semble ne plus être le cas. Les agents de la police municipale qui se trouvaient à chaque entrée ont déguerpit depuis quelques jours, faisant place au « désordre ». C’est le même constat fait aux autres entrées principales.

Les entrées secondaires qui étaient restées fermées au départ, sont aujourd’hui ouvertes au grand public et le constat est désolant selon Inoussa Ouédraogo. Seulement devant quelques portes, nous avons pu conster le dispositif de lavage de mains qui, souvent manque d’eau ou de savon. A l’intérieur du marché, le constat est tout aussi déplorable. Aucun dispositif de lavage de mains n’est installé devant les boutiques ou hangars des commerçants.

La limitation du nombre de personnes à deux dans certaines boutiques n’est pas respectée. Par ailleurs, le traçage des voies et l’interdiction d’ouvrir les étales pour éviter les encombrements sont des mesures qui sont ignorés des commerçants. Ainsi, les allées sont occupées par des commerçants dont la plupart ne porte pas de cache-nez.

Entrée Diarradougou du marché central de Bobo

« Vous avez pu faire le constat vous-même. Absence de lave-mains, refus de porter les cache-nez et toutes les allées sont occupées. Actuellement il n’y a personne devant les entrées pour exiger le port des bavettes. Nous sommes laissés à nous même. C’est comme si nous étions dans un abattoir », a déploré Inoussa Ouédraogo. Il invite cependant, les autorités communales à mettre l’accent sur la sensibilisation des populations au respect des mesures barrières.

Selon une source, les policiers auraient déguerpi des lieux, parce que les commerçants leur manquaient de respect. Ces derniers auraient exigé également l’ouverture de toutes les portes d’entrée du grand marché. « Comme nous ne pouvons pas surveiller toutes ces portes nous avons préféré partir », nous confie la source.

Pour certains commerçants, le port obligatoire du cache-nez leur empêcherait de mieux respirer. Aussi, selon eux, obliger les clients à le porter fait que ceux qui viennent sans masque et qui n’ont pas accès au marché, repartent dans les petits marchés pour se ravitailler.

Hamadé Ouédraogo est membre du comité de gestion du marché central de Bobo-Dioulasso. Selon lui, le non-respect du port du cache-nez n’est pas observé uniquement qu’au marché de Bobo-Dioulasso. « Le port du cache-nez est obligatoire sur toute l’étendue du territoire. Malheureusement, cela n’est pas respecté et nous faisons avec. Ceux-là qui comprennent respectent les mesures et nous nous ne pouvons que continuer dans la sensibilisation. Force reste à la loi parce que nous ne pouvons pas les obliger à porter les masques mais nous pouvons les sensibiliser », a laissé entendre Hamadé Ouédraogo.

Hamadé Ouédraogo, membre du comité de gestion du marché

Il a par ailleurs déploré le manque d’accompagnement des autorités dans leur lutte contre le Covid-19. Ce qui a amené un relâchement des acteurs sur le terrain. « Nous avons eu les consignes des autorités que nous appliquons. Il fallait des mesures d’accompagnement pour faciliter le travail sur le terrain et malheureusement cela n’a pas été le cas. Donc si vous voyez un relâchement sur le terrain, c’est par rapport à la limite de nos moyens. Sinon ce n’est pas notre choix. Sans mesures d’accompagnement on est obligé de relâcher. Actuellement des kits de lavage de mains sont en panne, il y a aussi le manque du savon. Les acteurs manquent de motivation sur le terrain. Nous n’attendons pas tout de l’autorité, mais un minimum qui puisse nous aider », a-t-il déploré.

Selon lui, le marché central de Bobo-Dioulasso compte 22 portes. Et sur les 22 portes, le comité avait demandé à ouvrir 8 portes en fonction de l’effectif de la police au sein dudit marché. Et lorsque les commerçants ont demandé l’ouverture des autres portes, il était difficile pour les agents de la police de pouvoir contrôler toutes ces entrées, d’où le relâchement. Toutefois, il encourage les acteurs sur le terrain à ne pas baisser les bras et à continuer à multiplier les actions pour la sensibilisation afin de barrer la route à la maladie du coronavirus.

Le marché central de Bobo-Dioulasso a rouvert ses portes le 21 avril dernier suite à une doléance faite par les commerçants au cours d’une rencontre datant du samedi 18 avril 2020. Au cours de cette rencontre, les acteurs du commerçant avait pris l’engagement de respecter les mesures barrières contre la propagation de la maladie à coronavirus.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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