Application de la loi 081 : La coordination régionale des instituteurs principaux dénonce une injustice subie

Publié le vendredi 10 juillet 2020 à 23h22min

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Application de la loi 081 : La coordination régionale des instituteurs principaux dénonce une injustice subie

La coordination régionale des instituteurs principaux de la région des Hauts-Bassins a organisé une conférence de presse pour, dit-elle, exprimer les exaspérations sur une injustice que les Instituteurs Principaux (IP) subissent à l’instar des autres Instituteurs principaux du Burkina Faso, dû au reversement dans la nouvelle grille salariale découlant de la loi 081 de 2016. Cette rencontre avec les hommes de médias a eu lieu dans l’après-midi de ce vendredi 10 juillet 2020 à Bobo-Dioulasso.

« Le cas d’espèce a été détecté chez les encadreurs du secondaire et a été corrigé sine die, nous ne comprenons pas pourquoi chez nous ce ne fut pas le cas. Le ministre de la Fonction publique d’alors Clément Sawadogo en réponse à une question orale à l’Assemblée nationale dit que si cela est avéré, des mesures seront prises pour rétablir l’équité. Il faut aussi rappeler que dans le protocole d’accord Gouvernement/CNSE cette question a été reversée au niveau de l’UAS mais rien n’a été fait jusqu’à ce jour. C’est pourquoi, nous, Instituteurs Principaux des Hauts-Bassins revendiquons la réparation de cette injustice qui est un problème de droit », a déclaré Éric Zio, président de la coordination régionale des Hauts-Bassins.

A en croire ce dernier, une correspondance a été adressé au ministre de la Fonction publique en date du 10 juillet 2019 et qui est restée sans droit de réponse. Selon ses propos, cette nouvelle grille salariale leur a attribué un salaire relativement bas malgré le mérite qu’ils ont eu de réussir au concours des Instituteurs Principaux leur amenant en A3 comparativement à leurs collègues de la catégorie B1.

En effet, le président de la coordination régionale, Éric Zio, a expliqué que du 1er Janvier 1999 au 31 Décembre 2015, deux types d’agents ont coexisté dans la fonction publique burkinabè. Il s’agit des fonctionnaires et contractuels avec deux grilles salariales. Au cours de l’évolution de chacun dans sa grille salariale, il a été constaté que le contractuel était mieux rémunéré que le fonctionnaire alors qu’ils exerçaient les mêmes fonctions et bénéficiaient tous des mêmes droits.

Les journalistes présents à la conférence de presse

C’est fort de ce constat qu’il a été exigé du gouvernement une réparation de cette injustice salariale. C’est ainsi que la loi 081 a vu le jour en remplacement de la loi 013. Elle a été adoptée par le Conseil National de la Transition assortie d’une nouvelle grille salariale et son application a été prévue pour compter du 1er Janvier 2016.

« Pendant que les fonctionnaires nourrissaient l’espoir que la nouvelle grille les rétablirait dans leur droit, telle ne fut leur déception face à une injustice plus grave que la précédente. Une grille pleine d’incohérences et d’iniquités. Elle a renversé la pyramide, le sommet est devenu la base », a déploré la coordination.

Par ailleurs, elle note dans son contenu catégoriel et comparativement à l’ancienne grille, des avancées. « Pour les avancements, la catégorie A1 est partie de 65 points à 92 points, soit 27 points de plus ; la catégorie A2 est partie de 45 points à 72 points, soit 27 points de plus ; la catégorie A3 est partie de 45 points à 55 points, soit seulement 10 points de plus et la catégorie B1 est partie de 30 points à 47 points, soit 17 points de plus », a souligné Éric Zio. Ainsi, après analyse, la coordination dit avoir constater avec amertume que la catégorie A3 n’a bénéficié que de 10 points et pire, l’écart indiciaire entre B1 et A3 n’est que de 8 points. Elle estime qu’après un concours professionnel réussi avec toutes ses conséquences de coupures d’indemnités, le traitement réservé à la catégorie A3 est une brimade.

Pour les conférenciers, les agents fonctionnaires de la catégorie B1 ayant réussi aux concours professionnels ont été mal reversés. « Le reversement de ces derniers a été fait grade pour grade, échelon pour échelon alors qu’ils n’ont pas été reclassés dans la catégorie “A3“, grade pour grade, échelon pour échelon mais plutôt pour indice égal ou immédiatement supérieur. Ils ont été considérés comme des agents ayant été recrutés directement en catégorie “A3“. Conséquence, ils ont perdu leur ancienneté générale de service, ce qui fait que les agents restés en B1 ont un salaire indiciaire plus élevé que celui d’un agent de la même promotion qu’eux ayant réussi à un concours professionnel », a expliqué le président de la coordination.

Éric Zio, président de la coordination régionale des Instituteurs principaux des Hauts-Bassins

Selon lui, l’opération n’a pas tenu compte de l’indice de départ de la grille précédente qui devrait être le référentiel de base. Elle s’est plutôt focalisée sur les échelons qui ne sont que des déterminants de l’ancienneté dans une catégorie. Pour lui, une autre incohérence existe entre fonctionnaire et contractuel ayant tous réussi au concours professionnel la même année.

« Sachant bien que le fonctionnaire est plus ancien que le contractuel ; au reclassement, ce dernier se retrouve à un échelon royalement supérieur à celui du fonctionnaire. Cette situation normale se justifie par le fait que le contractuel était dans une grille précédente avantageuse par rapport à celle du fonctionnaire. La nouvelle grille qui devrait corriger cette injustice l’a maintenue », ont souligné les conférenciers.

Pour eux si rien n’est fait, cette injustice perdurera tout au long de la carrière des intéressés et se répercutera sur leur retraite. Face à ces incohérences et iniquités, la coordination suggère le relèvement du point indiciaire de la catégorie “A“ échelle 3 à 65 points ; ainsi que la révision de la carrière des Instituteurs Principaux fonctionnaires au cas par cas en les reversant dans la grille des contractuels pour compter du 1er Janvier 1999 jusqu’au 31 Décembre 2015 en respectant tous les changements en avancements et en reclassements. La coordination se réserve d’autres formes de lutte si toutefois rien n’est fait.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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