8 mars dans les Hauts-Bassins : Les femmes du Houet proposent l’adoption d’un décret pour leur accès à la terre

Publié le mercredi 9 mars 2016 à 01h48min

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8 mars dans les Hauts-Bassins : Les femmes du Houet proposent l’adoption d’un décret pour leur accès à la terre

Peni. Commune rurale située à 33 kilomètres de Bobo-Dioulasso a abrité la cérémonie officielle de la commémoration de la Journée internationale de la femme, ce mardi 8 mars 2016. Autorités administratives, politiques, et coutumières, toutes parées de leur uniforme, ont rehaussé de par leur présence, l’éclat de la « fête » placée sous le thème : « Entrepreneuriat agricole des femmes : obstacles, défis et perspectives ».

A la suite de Koti dans la province du Tuy en 2015, c’est Péni dans le Houet qui a été choisie par les autorités de la région des Hauts-Bassins pour abriter la célébration de la journée internationale de la femme. Placée sous le patronage d’Alain Thierry Ouattara, secrétaire général du gouvernement, de Zoumana Bagagna/Ouattara cadre des Mines et de Djouma Ouattara, enseignante à la retraite, personnalités choisies par les femmes de Péni en raison de leur engagement pour la cause féminine.

Ce mardi 8 mars, dans cette commune, l’ambiance était bon enfant. Tous ou presque, vêtus de leur uniforme - soit en Faso Danfani ou en pagne simple- attendaient patiemment le début de la cérémonie. Joceline Sanou, préfet et par ailleurs Présidente de la délégation spéciale de Péni, à la suite du mot de bienvenue du chef de village, à elle aussi, traduit sa reconnaissance pour le choix porté sur sa collectivité dont les femmes s’intéressent énormément à l’agriculture. D’où son appréciation du thème qui est plus que d’actualité. « Il n’est pas rare d’entendre des gens dire que la femme n’a pas droit à la terre. Que la femme est une étrangère, etc.. » rappelle Joceline Sanou. Des pesanteurs socioculturelles qui constituent des barrières pour l’entrepreneuriat agricole des femmes. Les femmes, fait-elle noter, sont des forces vives indispensables au développement du pays. Il faut donc, foi de Joceline Sanou, leur faire confiance et les mettre dans leur droit.

Adopter un décret d’accès des femmes à la terre

Sur 358 entreprises agricoles répertoriées dans les Hauts-Bassins, seulement 10 sont tenues par des femmes dont 9 à Bobo-Dioulasso et 1 dans le Kénédougou, la majorité évoluant dans la commercialisation et la transformation des produits agricoles à travers la micro finance. « Ce n’est pas par manque de compétence ou de volonté, les femmes sont capables, il leur manque juste un accompagnement », confie la présidente de la coordination des femmes du Houet qui a déploré ce nombre insuffisant de femmes entrepreneurs dans le domaine agricole. Ce 8 mars 2016 célébré sur la thématique de l’entrepreneuriat agricole est à son avis, une belle aubaine, pour réfléchir sur des actions à même de promouvoir l’autre moitié du ciel dans ledit domaine. A l’entendre, il y a déjà une réponse pas compliquée comme l’adoption, le mercredi prochain en Conseil des Ministres, d’un décret portant accès des femmes à la terre. Ce décret devrait être suivi de la mise en place d’un Fonds accompagnant les femmes entrepreneurs agricoles. En outre, confie-t-elle, la région des Hauts-Bassins est l’une des régions ou la femme n’a absolument pas accès à la terre, et même si elles peuvent en bénéficier, ça ne sera qu’une portion.

Une maison de la femme et une maternité pour Péni

Zoumana Ouattara, cadre de mine et parrain de la cérémonie, paraphrasant la citation : « la femme est l’avenir de l’homme », dira que celle burkinabè est l’avenir du Burkina. « Oui, la femme burkinabè est l’avenir du Burkina car je crois en sa capacité à surmonter les obstacles, à se mobiliser et à s’engager dans une dynamique agricole pour le développement du Burkina », répète-t-il avec fierté. Et d’ajouter que : « Promouvoir la femme est promouvoir l’humanité car la femme est l’humanité symbolisée », d’où sa promesse avec l’appui des amis canadiens vivant au Québec et à Lille de la Madeleine, de mettre à profit leur bonus annuel pour la construction d’un complexe composé d’une maison de la femme et d’une maternité pour soulager un tant soit peu l’autre moitié de Péni.

Jérémie Kouka Ouédraogo, haut-commissaire de la province du Houet ne s’est pas lassé d’énumérer les facteurs entravant l’épanouissement des femmes dans le domaine agricole. Ce sont entre autres : le manque d’accès à la terre, aux semences et engrais, les équipements de productions, etc. Il a pour sa part, estimé le thème qui sonne comme une réponse aux préoccupations des autorités et qui à son avis, devra interpeller également les acteurs du développement. « Ces acteurs devraient réfléchir sur les causes profondes qui entravent l’entreprenariat agricole des femmes et murir des stratégies pour qu’elles ne soient pas victimes de la modernisation agricole, mais qu’elles puissent contribuer et profiter des retombées », note-t-il. Alain Thierry Ouattara, patron de la cérémonie, compte sur les femmes qui peuvent à leur tour compter sur sa disponibilité à les accompagner.

Le 8 mars a également été une occasion de remise de prix aux meilleures cyclistes – femmes- composées de vélo, de plats, et des enveloppes d’argents. Avant le traditionnel défilé, le gouverneur de la région Antoine Attiou a officiellement remis le flambeau de la célébration du 8 mars 2017 au haut-commissaire de la province du Kénédougou.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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