C’est tout heureux que Lassina Sanou et trois camarades ont arboré fièrement leurs attestations de fin de formation sur la fabrication de pompes à chaleur, le nouveau standard pour le séchage des mangues fraiches au pays des hommes intègres. Désormais aptes à monter les pièces et réparer toute panne de ces nouvelles machines, ils pensent apporter ce savoir-faire là où le besoin sera pour le développement de la filière manque et partant de tout le Burkina. Ces deux semaines de formation, d’échanges d’expériences pour Christian Huber, ont été très constructives. Cette formation est une première du genre au Burkina. Le formateur Suisse croit que cette expertise du Burkina sera très utile au plan national, voire sous-régional et international. « Avec ces machines, ce sont plus de 120 kg de mangues fraîches qui peuvent être séchés en un temps réduit, en quantité et en qualité », confie M. Huber. Ce n’est pas le marché qui manque, poursuit-il, avant de nourrir l’espoir que le CESEAO viendra en appui aux stagiaires pour mettre en place un business rentable.

Vers une amélioration des revenus des unités de transformation

Le renforcement des capacités à produire des séchoirs à pompe à chaleur, vient, à entendre Karim Koné, en appui à la filière mangue. En effet, explique-t-il, « depuis près de 20 ans, ce sont des séchoirs à gaz qui sont utilisés pour le séchage des mangues au Burkina Faso. Pourtant, ils sont dépassés. Par exemple les fruits séchés par chauffage, il s’ensuit beaucoup de pertes en vitamines et d’autres ingrédients. Le séchoir à pompe à chaleur permet de conserver de toutes ces qualités, et donc de produire à 100% des mangues de premier choix.

A cela s’ajoutent les problèmes énergétiques auxquels la filière est confrontée et le risque de sécurité pour les travailleurs. D’où la recherche d’alternatives à travers cette formation, qui par ricochet, va améliorer le revenu des unités de transformation. En plus de la formation, il s’est agi de produire en collaboration avec le CESEAO, le manuel technique de fabrication et de maintenance, ainsi que le manuel d’utilisation. La technologie de séchage à pompe à chaleur a le potentiel d’établir à long terme le nouveau standard et devrait remplacer la méthode de séchage par le gaz.

Les femmes seront aussi les plus heureuses de ce projet en ce sens qu’elles sont nombreuses à s’investir dans le domaine. « La pompe à séchoir permet de traiter de grandes quantités de mangue et de générer des revenus aussi bien pour les producteurs au champ que pour les unités de séchage qui emploient presque exclusivement des femmes, et aussi pour les exportateurs de mangue séchée », note Karim Koné.

L’objectif, selon le coordinateur du pôle régional de CESAO est atteint, car les artisans sont désormais capables d’assembler les pièces, les monter et les réparer s’il y a une panne. Restent maintenant les défis qui se présentent au CESEAO à faire passer le produit sur les marchés.

Le CESEAO a pour mission de communiquer efficacement sur le séchoir éco-énergétique à pompe à chaleur auprès de groupes cibles. Il s’assure de la qualité des services fournis par les artisans locaux et contribue à la sensibilisation des unités de séchage en les accompagnant dans l’élaboration de leurs plans d’affaires en vue de l’acquisition de prêts auprès d’institutions financières, et suit la qualité de production de mangue séchées.

Bassératou KINDO
Lefaso.net