Pratique du yoga : « Nous gagnerons à enseigner cette discipline à nos élèves », soutient le maître yogiste Prospère Dioma

Publié le mardi 4 mai 2021 à 22h20min

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Pratique du yoga : « Nous gagnerons à enseigner cette discipline à nos élèves », soutient le maître yogiste Prospère Dioma

Le yoga est une discipline qui vise à développer la souplesse, à ajuster la respiration et à apprendre les subtilités de la relaxation. Il s’agit, selon les adeptes de la pratique, d’une méthode complète qui permet à chacun de prendre soin de son corps à tous les niveaux. Cependant, il existe plusieurs styles de yoga dont le Hatha yoga. Cette pratique originaire de l’Inde connaît également des influences en Afrique et précisément au Burkina Faso. Pour en savoir davantage sur cet « art millénaire », Lefaso.net a rencontré, le 3 mai 2021, le maître yogiste Prospère Dioma, ancien surveillant au Lycée Ouezzin-Coulibaly, aujourd’hui à la retraite.

Le yoga a été longtemps considéré par des profanes comme une pratique religieuse. Il n’en est rien, nous dit maître Prospère Dioma. Selon lui, le yoga, c’est d’abord l’union du corps et de l’esprit. C’est la quête de l’homme de s’harmoniser avec lui-même, avec son univers. « Dans la pratique du yoga, on ne peut pas parler de religion, puisque dans la religion, il faut parler d’une croyance. Lorsque je dis que je suis chrétien catholique, cela veut dire que je crois à la naissance du Christ d’une vierge. Et lorsque je dis que je suis musulman, c’est que je crois que Mahomet est le dernier prophète. Par contre, dans le yoga, c’est une philosophie, c’est la quête de l’homme, de sa source et de son bien-être », a-t-il expliqué.

A l’en croire, les objectifs visés à travers la pratique du yoga, c’est d’abord la maîtrise de soi, ne pas avoir peur, ne pas s’énerver, avoir toujours des pensées positives et rechercher aussi la longévité. Ce, à travers surtout le contrôle de la respiration. En effet, la respiration est une fonction primordiale de la vie qui nous accompagne de notre premier à notre dernier souffle. « En yoga, nous pratiquons une respiration consciente, contrôlée, calme et profonde, afin de maximiser ses bienfaits autant sur le plan physique que psychique. Le contrôle de la respiration chez l’homme l’aide beaucoup », a-t-il expliqué.

La respiration profonde permettrait une meilleure oxygénation du sang tout en le purifiant, d’où un meilleur fonctionnement de toutes nos cellules, nos tissus et organes. Elle procurerait également un sentiment de détente en calmant le système nerveux, les émotions et l’anxiété, en réduisant le stress et en favorisant le sommeil. « Elle entraîne une augmentation de notre énergie et stimule les facultés intellectuelles, la concentration, la mémoire », a dit maître Prospère Dioma.

Le yoga n’est pas uniquement une pratique des Blancs

Les adeptes du yoga en pleine séance à l’ENEP de Bobo-Dioulasso.

Contrairement à ce que certains pensent, le yoga n’est pas une pratique des Blancs. « Effectivement, les gens pensent que le yoga est une pratique de Blancs. La preuve, ceux qui viennent pour les séances ont une certaine connaissance du yoga. Mais nous disons que tout le monde peut le faire et dès l’âge de cinq ans déjà, nous acceptons les enfants. Ce n’est pas réservé uniquement aux Blancs, les Noirs peuvent le faire. Beaucoup de gens ignorent cela et c’est en cherchant qu’on peut le découvrir », a-t-il renchéri.

C’est pourquoi, il lance un appel à l’endroit de la population bobolaise à venir découvrir le yoga tout en insistant sur le fait que « le yoga n’est pas une religion, ni réservé à une certaine classe ; c’est plutôt pour le bien-être de l’homme ». Car il estime que cet « ancien art de vivre » apporte un grand nombre de bienfaits physiques, notamment l’assouplissement des muscles. « Certaines postures aident au renforcement musculaire en douceur et d’autres font plutôt travailler l’équilibre. Avec une pratique régulière, on peut corriger des erreurs de posture développées tout au long de notre vie. Ce qui atténue grandement les problèmes de dos chroniques », a-t-il laissé entendre.

« Le yoga n’est pas une religion, il n’est pas réservé à une certaine classe », affirme maître Dioma.

Par ailleurs, il a affirmé que la pratique de la relaxation profonde est d’une aide inestimable pour recharger « ses batteries », réduire le stress, développer la maîtrise de soi et de sa vie. Il implique également une alimentation plus saine et le respect de certains principes moraux. A l’en croire, le yoga conduirait donc à une vie généralement plus équilibrée, saine et heureuse.

Convaincu de l’influence du yoga sur la vie de l’homme, Prospère Dioma a souhaité voir, un jour, cette pratique enseignée aux élèves dans les établissements scolaires. « En Europe par exemple, dans certaines écoles, le yoga est obligatoire. Ce n’est pas une perte de temps et on devrait chercher à l’enseigner aussi dans nos établissements », a-t-il insisté.

Le Hatha yoga beaucoup plus pratiqué au Burkina

Selon certaines sources, le yoga est une pratique de l’Inde qui a émergé dans le courant des années 1960 et 1970 en Afrique. Selon maître Dioma, il existe plusieurs types de yoga et le plus rependu en Afrique et particulièrement au Burkina, est le Hatha yoga qui est le côté physique du yoga. Ce type de yoga privilégie le travail sur le corps et sur l’énergie qui anime l’homme.

C’est le yoga physique de l’union harmonieuse du « Ha » et du « Tha ». Le « Ha » qui signifie soleil, symbole d’énergie positive et de force vitale, et le « Tha » qui signifie lune, symbole d’énergie psychique. Le Hatha yoga vise donc à réunir le soleil et la lune, soit équilibrer en l’homme les différents aspects de l’énergie vitale qui conditionnent sa santé, sa vitalité et sa longévité, ainsi que son bien-être général.

Le yoga est une discipline qui permet la relaxation du corps humain.

Pratiquant des arts martiaux également, Prospère Dioma affirme être dans le domaine du yoga depuis exactement décembre1993, année où il a fait la rencontre d’un maître yogiste au Burkina. Pour bénéficier des bienfaits du yoga, il est préférable d’être en bonne santé générale et d’avoir une certaine condition physique. « Lorsque vous venez pour commencer le yoga, nous demandons d’abord à savoir si vous n’avez pas subi une intervention chirurgicale les six derniers mois. Et lorsqu’il s’agit des femmes, nous leur demandons si elles ne sont pas enceintes parce qu’il des yogas qui sont réservés uniquement à ces femmes enceintes », a précisé maître Prospère Dioma.

Malgré les efforts de communication sur cette discipline par ses adeptes, « il n’y a toujours pas d’engouement autour de la pratique comme nous le souhaitions », a-t-il déploré. Avant de poursuivre : « A Ouaga ça va un peu, mais à Bobo-Dioulasso, on ne sent pas trop d’engouement. Ce sont les personnes qui ont un certain niveau d’études qui viennent et le plus souvent, ce sont les élèves et les fonctionnaires ».

Toutefois, dit-il, la campagne de communication continue surtout sur les réseaux sociaux où il est question de parler des bienfaits de cet « art millénaire ». Aussi, l’accent est mis sur les cliniques et les hôpitaux pour parler du yoga.
A Bobo-Dioulasso, Prospère Dioma donne rendez-vous à tous ceux qui veulent pratiquer le yoga, sur le plateau de volley-ball de l’Ecole nationale des enseignants du primaire (ENEP), les mardis, jeudis et samedis, de 18h30 à 20h. Pour la pratique, vous aurez besoin d’un tapis de yoga et d’une tenue confortable.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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