Joseph Nébilma Bakouan, gouverneur de la région des Hauts-Bassins : « Je demande à la population de poursuivre son élan de travail, parce qu’il n’y a que le travail qui paie »

Publié le vendredi 26 septembre 2014 à 02h16min

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Joseph Nébilma Bakouan, gouverneur de la région des Hauts-Bassins : « Je demande à la population de poursuivre son élan de travail, parce qu’il n’y a que le travail qui paie »

Ceux qui ont eu la chance de le côtoyer le décrivent comme un gouverneur à la fois rigoureux et relaxe à volonté. A la tête de la région des Hauts-Bassins depuis l’année 2012, Joseph Nebilma Bakouan, puisque c’est de lui qu’il s’agit s’est ouvert à Lefaso.net à travers une interview. Dans ce jeu de question/réponse axé essentiellement sur la région des Hauts-Bassins, l’administrateur civil de formation s’est prononcé sur les missions assignées à un gouverneur au Burkina Faso, les potentialités économiques des Hauts-Bassins et sur bien d’autres questions. Dans un contexte politique burkinabè où la radicalité est de mise entre défenseurs et pourfendeurs de la modification de l’article 37, Joseph Nébilma Bakouan a également évoqué le devoir de neutralité assigné aux administrateurs civils.

Lefaso.net : Peut-on savoir qui est Joseph Nébilma Bakouan ?

Joseph Nebilma Bakoua : Je suis un administrateur civil de première classe, treizième (13ème) échelon. J’ai vingt-neuf (29) ans de service et je suis marié. J’ai successivement occupé plusieurs postes dans la hiérarchie administrative du commandement à savoir : préfet ; secrétaire général de mairie ; secrétaire général de province ; Haut-commissaire ; secrétaire général de région et présentement je suis gouverneur de région.

Lefaso.net : Quelles sont les missions assignées à un gouverneur de région au Burkina Faso ?

Joseph Nebilma Bakouan : Conformément aux dispositions du décret N°2012-804-PRESS-8-10-2012, le gouverneur est le dépositaire de l’autorité de l’Etat dans la région. Il est le délégué du gouvernement et le représentant de chaque ministre dans sa région. Il veille à l’application des lois, des règlements et des décisions du gouvernement. Il reçoit du gouvernement les directives et les instructions concernant la politique nationale et régionale. Le gouverneur coordonne l’activité des services déconcentrés, des administrations de l’Etat et des établissements publics implantés dans la région conformément au texte en vigueur. Il a la charge des intérêts nationaux, de l’ordre public et de la sécurité dans la région. Chaque année, le gouverneur reçoit une lettre de mission du ministère De l‘Administration territoriale et de la Sécurité (MATS), qui lui assigne des objectifs précis à atteindre dans le cadre de ses attributions suscitées

Lefaso.net : Pouvez-vous nous faire une brève présentation de la région des Hauts-Bassins ?

Joseph Nebilma Bakouan : La région des Hauts-Bassins est située à l’ouest du Burkina Faso. Elle couvre une superficie de 25 475 Km2 et est peuplée de 1.817.016 habitants. Administrativement, la région est subdivisée en trois provinces que sont le Houet, le Kénédougou et le Tuy. Le chef-lieu est Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays. Cette ville est distante de 365 Km de la capitale, Ouagadougou.

Lefaso.net : Quels sont les principaux atouts économique des provinces de votre région ?

Joseph Nebilma Bakouan : Il y a des atouts qui sont communs aux trois provinces.
Le Houet, le Tuy et le Kénédougou regorgent de potentialités agricoles et pastorales et chacune de ces provinces a sa particularité.

Le Kénédougou est le verger du Burkina Faso. On y produit toute la gamme des fruits (banane, papaye, orange, mangue…). C’est ce qui a motivé l’implantation d’une unité de transformation de fruit à Orodara et l’érection d’un marché de fruits et de légumes de dimension sous régionale à Bobo-Dioulasso.

Le Houet a l’avantage d’abriter le chef-lieu de la région qui est aussi la deuxième ville du pays. Bobo-Dioulasso est une ville carrefour et socio-économique pour la sous-région. C’est dans ce sens qu’ont été construits le port sec et l’aéroport international de Bobo. La province du Houet, notamment la ville de Bobo-Dioulasso est traversée par un réseau ferroviaire reliant Abidjan à Ouagadougou. Bobo est également une ville culturelle, une vitrine touristique et hôtelière de notre pays. Cette ville abrite par exemple la Mosquée de Dioulasso-Ba, le mausolée de Guimbi-Ouattara, les silures de Dafra…

Le Tuy a pour particularité d’abriter de nombreux sites aurifères qui renforcent l’activité économique de cette province.

Lefaso.net : Quelles sont les difficultés économique de la région des Hauts-Bassins ?

Joseph Nebilma Bakouan : Les difficultés ne manquent pas. On peut citer entre autres la pression foncière en milieu rural ; du fait que la région est une zone d’accueil de migrants. L’enclavement des zones de productions agricoles ne favorise pas non plus l’activité économique. Et tout ceci occasionne des difficultés dans l’écoulement des produits céréaliers. Le réseau routier est assez dégradé notamment dans la ville de Bobo-Dioulasso. Au niveau des industries, on note surtout des difficultés d’écoulement des produits, notamment dans le secteur de l’ l’huilerie.

Lefaso.net : Nombreux sont ceux qui pensent que le processus de développement des localités de la région, notamment celui de la ville de Bobo-Dioulasso a été freiné par les différents gouvernements de la quatrième république. Partagez-vous ces genres de réflexions ?

Joseph Nebilma Bakouan : Je ne partage pas cet avis. Dans la mesure où les Hauts-Bassins bénéficient de la même attention du gouvernement burkinabè que les douze autres régions du pays.

Lefaso.net : Quels sont vos rapports avec les autres représentants de l’Etat dans la région des Hauts-Bassins ?

Joseph Nebilma Bakouan : Le gouverneur est à la tête de l’administration régionale. Il est le supérieur hiérarchique des autres représentants de l’Etat. Le Haut-commissaire est le représentant du gouverneur dans sa province. Le préfet est le représentant du Haut-Commissaire dans son département. Tous les autres agents de l’Etat ont comme supérieur hiérarchique, dans l’ordre croissant, les chefs de services, les autorités administratives jusqu’au gouverneur.

Lefaso.net : Vous-avez été nommé gouverneur de la région des Hauts-Bassins en 2012 suite à une crise sociale dont on dit qu’elle a été mal gérée par votre prédécesseur Siaka Prosper Traoré, (Ndlr : manifestation liée à l’assassinat d’Yves Kohoun). Avez-vous un plan de management pour gérer d’éventuelle crise afin d’éviter les erreurs du passé ?

Joseph Nebilma Bakouan : Je ne sais pas s’il faut parler de plan de management, mais j’ai toujours privilégié la pro-activité dans mon approche. Il faut réagir promptement devant les problèmes. Je privilégie également la concertation, la communication et l’anticipation dans l’évolution négative des crises. Lorsqu’on anticipe, on en arrive à neutraliser des crises. C’est l’essentiel de ma démarche.

Lefaso.net : Quel doit être la place d’un gouverneur dans un contexte politique particulièrement agité au Burkina Faso entre partisans et opposants à la modification de l’article ?

Joseph Nebilma Bakouan : Le gouverneur comme toutes les autorités administratives sont astreintes à l’obligation de neutralité et d’impartialité. Cela, conformément au principe qui commande l’administration républicaine. Et donc, le gouverneur observe la situation, il n’est pas politique et ne prend pas partie pour ou contre quoi que ce soit. Le gouverneur ne se prononce pas sur les questions politiques.

Lefaso.net : Monsieur le gouvereur, des mots à l’endroit des populations de votre région ?

Joseph Nebilma Bakouan : Je demande à la laborieuse population des Hauts-Bassins de continuer son labeur. Les populations de cette région contribuent pour beaucoup à l’épanouissement du reste du pays. Nous sommes dans une région à forte production agricole et l’excédent alimentaire de notre région à contribuer souvent à résorber les crises alimentaires dans d’autres régions du pays. Je demande à ma population de poursuivre son élan de travail parce qu’il n’y a que le travail qui paie ; il n’y a que le travail qui libère. Nous sommes dans un contexte où on prône le civisme, le retour à une citoyenneté responsable. Je demande à chaque citoyen d’épouser ces nouvelles idées et de balayer du revers de la main tout ce qui est acte d’incivisme. Tant qu’il y a le civisme et la paix on peut dire que nous sommes dans des conditions favorables pour promouvoir le développement de notre région.

Propos retranscrit par Ousséni BANCE
Lefaso.net

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