Apiculture au Burkina : Des acteurs outillés pour une meilleure production apicole

Publié le mercredi 2 juin 2021 à 22h03min

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Apiculture au Burkina : Des acteurs outillés pour une meilleure production apicole

La série de formations des apiculteurs burkinabè sur les techniques modernes d’apiculture se poursuit, du 1er au 5 juin 2021 à Banfora, dans la région des Cascades. Ainsi, après Ziniaré et Manga, c’est au tour de la cité du Paysan noir d’abrité cet atelier. Initiée par le Secrétariat technique de l’apiculture (STA), cette session touche environ 25 acteurs de la filière apicole, issus de différentes régions du Burkina Faso. La cérémonie officielle de lancement des travaux a eu lieu ce mercredi 2 juin, en présence du secrétaire technique de l’apiculture, Issoufou Nana.

Cette formation bénéficie du soutien du Programme d’appui à la compétitivité de l’Afrique de l’Ouest volet Burkina Faso (PACAO-BF), financé par l’Union européenne. Elle vise à renforcer ainsi les capacités techniques des producteurs en techniques modernes de production et de transformation des produits de la ruche. Ceci, en vue d’améliorer la contribution de la filière à l’économie nationale par la disponibilité des produits de la ruche en quantité et en qualité.

Au cours de cet atelier, les travaux se feront en deux phases à savoir la théorie et la pratique. A en croire Dasmané Traoré, chef de département du développement durable de l’apiculture, par ailleurs formateur, la première phase portera sur les généralités de l’apiculture, les équipements apicoles, les techniques de production du miel et des produits de la ruche, ainsi que sur la santé des abeilles et du rucher.

Dasmané Traoré, formateur au niveau du Secrétariat technique de l’apiculture

Quant à la deuxième phase, elle constituera à effectuer une visite commentée sur un rucher. Au cours de cette sortie terrain, des applications pratiques seront effectuées sur les techniques d’enfumage, d’installation des ruches, d’orientation, de nettoyage des ruches, etc.

« Les acteurs seront outillés sur l’importance socioéconomique de la filière, toute chose qui leur permettra de se convaincre et de s’assurer que l’activité qu’ils mènent est une activité à la fois noble et rémunératrice. Ce qui leur permettra également de lutter, de façon générale, contre la pauvreté et la malnutrition. Nous allons voir avec les participants c’est quoi la cire, comment il faut la purifier, comment préparer du savon avec du miel, comment préparer une bougie, etc. », a expliqué le formateur Dasmané Traoré.

La filière apicole participe à l’économie nationale

Directeur provincial en charge des Ressources animales de la Comoé, Ardjouma Sirima

D’un point de vue social, l’apiculture est perçue comme un moyen de diversifier les sources de revenu des populations paysannes et donc de contribuer à les sortir de leur situation de pauvreté. Selon le directeur provincial des Ressources animales et halieutiques de la Comoé, Ardjouma Sirima, l’apiculture demeure un secteur important de l’économie agricole, tant par le rôle joué par les populations d’abeilles dans la pollinisation que dans la production de miel et autres produits de la ruche. Il a affirmé qu’elle contribue également au développement rural et au maintien de la biodiversité.

Pour lui, la filière apicole se porte bien dans la région des Cascades. « Nous sommes dans une région fortement arrosée, nous avons suffisamment de plantes mellifères et des acteurs bien organisés. Aussi, nous avons un niveau de transformation du miel assez développé puisque nous avons des liqueurs à base de miel, des jus de gingembre et miel et d’autres produits », a-t-il dit.

Des apiculteurs renforcent leurs capacités en techniques modernes de production du miel

Il a par ailleurs souligné que cette formation est la bienvenue car elle va permettre de donner des rudiments nécessaires à ces acteurs sur les techniques modernes de production du miel. Ce qui va permettre d’accroitre la production apicole au niveau des Cascades, voire au Burkina Faso. C’est pourquoi, il a invité les participants à suivre avec beaucoup d’intérêt cette formation, afin de pouvoir être des relais dans les différentes zones respectives.

Le Burkina Faso compte environ 16 000 apiculteurs avec 28% de femmes. Elle apporte plus de trois milliards de francs CFA à l’économie nationale. Beaucoup exercent dans ce secteur depuis plusieurs années, mais leurs niveaux de productions restent encore faibles du fait des moyens traditionnels qu’ils utilisent, c’est-à-dire, des ruches qui ne sont pas adaptées ou encore de la non maitrise des techniques modernes de production du miel.

La photo de famille

Aussi, le miel burkinabè est très prisé à l’international, notamment en Europe, alors que pour avoir accès à ce marché, il faut avoir des produits qui répondent aux normes internationales. C’est ce qui a poussé le ministère en charge des Ressources animales à mettre en place le STA qui se donne pour mission, de promouvoir la filière à travers diverses actions. Selon le secrétaire technique de l’apiculture, pour relever les défis de promotion de la qualité des productions, il importe que le renforcement des capacités des producteurs soit poursuivi et élargi. C’est ainsi que le PACAO qui poursuit l’ambition d’appuyer la production en quantité et en qualité du miel accompagne la formation de ces apiculteurs en apiculture moderne.

« Cette série de formations a démarré depuis 2020 où nous avons formé 50 apiculteurs à Bobo-Dioulasso et à Koudougou. Nous poursuivons avec la suite depuis la semaine dernière où nous avons formé 50 autres apiculteurs simultanément à Ziniaré et à Manga. Aujourd’hui, nous sommes à Banfora. A travers ces formations, nous voulons passer d’une production de miel traditionnelle à celle moderne », a expliqué Issoufou Nana.

La protection des abeilles pour mieux promouvoir la filière

Issoufou Nana, secrétaire technique de l’apiculture

La filière apicole est confrontée depuis quelques temps à de nombreuses difficultés structurelles ou conjoncturelles parmi lesquelles la mortalité accrue du cheptel et l’affaiblissement des colonies dues à des causes multifactorielles dont l’utilisation des pesticides dans les champs, etc. Tous ces facteurs impactent la production. Cependant, le STA, Issoufou Nana, rassure qu’il y a un travail qui est fait de concert avec les autres ministères pour sensibiliser les populations sur l’utilisation des pesticides et herbicides qui, dit-il, ont un impact sur l’apiculture.

C’est à ce titre que, lors de la célébration de la journée internationale des abeilles, célébré le 21 mai dernier, plusieurs activités ont été orientées dans ce sens. Ainsi, la conférence publique a porté sur les stratégies de protection de ces abeilles et surtout leur rôle dans le monde. « En 2020, nous avons élaboré la stratégie nationale de développement durable de l’apiculture avec l’appui de la Banque mondiale, à travers le Projet d’appui au développement du secteur de l’élevage (PADEL-B). Dans ce plan, il est prévu des actions en matière de sensibilisation des acteurs pour l’utilisation des pesticides et herbicides, pour la création de fermes et vergés apicoles. En plus de cela, nous voulons introduire l’élevage de la reine, ce qui va nous permettre de mieux domestiquer l’abeille et mieux coloniser nos ruches », a-t-il laissé entendre.

Les participants saluent l’initiative de la formation

Moussa Paré, participant

Moussa Paré est l’un des participants de cette formation. Pour lui, cette formation vient à point nommé. « Nous exerçons dans le domaine depuis quelques années déjà, mais on n’avait pas les différentes techniques modernes. Donc on travaillait de façon traditionnelle. Cette formation vient nous guider afin de pouvoir bien exploiter le miel. Désormais nous allons pouvoir produire plus de miel et en qualité. Nous avons vu également que les méthodes traditionnelles jouaient négativement sur la santé des abeilles (…) », a-t-il indiqué. Avant d’adresser ses remerciements aux organisateurs de cette formation. Cependant, il a souhaité que ces séances de formations se perpétuent dans le temps afin que d’autres apiculteurs puissent en bénéficier.

Tènè Sanou, participante

Tènè Sanou exerce l’apiculture depuis plus de 15 ans maintenant. Selon elle, c’est une filière qui nourrit bien son homme. Elle a rappelé que la production du miel est l’activité principale d’elle et son époux. Elle se réjouit de prendre part à cette session qui, selon elle, est une première et permettra d’apporter un plus dans leurs productions. Aux heures de la formations, elle avoue avoir appris beaucoup de choses, notamment sur les techniques modernes de production.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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