Lâcher de moustiques génétiquement modifiés à Bana : Deux ans après, les habitants du village apprécient

Publié le lundi 26 juillet 2021 à 16h26min

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Lâcher de moustiques génétiquement modifiés à Bana : Deux ans après, les habitants du village apprécient

Dans le cadre de la visite des activités du projet Target Malaria, les journalistes se sont rendus, le vendredi 16 juillet 2021, dans le village de Bana où a eu lieu le lâché des moustiques génétiquement modifiés. Sur place, les hommes de médias ont pu échanger avec les premiers responsables de la localité ainsi que les habitants sur leur appréhension des actions du projet et le changement qu’aurait apporté ces moustiques sur leur santé. De ces échanges, on retient que les habitants n’ont rencontré aucun problème depuis que les moustiques ont été lâchés.

Située à une trentaine de kilomètre de la ville de Bobo-Dioulasso, Bana est une commune rurale et le chef-lieu du département du même nom situé dans la province des Balé, région de la Boucle de Mouhoun. Elle a été choisie par les responsables du projet Target Malaria au Burkina pour le développement de sa nouvelle technologie de lutte contre le paludisme. Selon l’investigateur principal de Target Malaria au Burkina, Dr Abdoulaye Diabaté, le choix du village de Bana se justifie par la forte présence des moustiques dans la localité, la proximité du village au laboratoire d’analyse du projet « l’insectarium », l’accessibilité et la superficie (petit village).

Ainsi, après près de sept ans de travail de recherche et d’engagement avec les parties prenantes (Target Malaria a débuté ces activités au Burkina Faso en 2012), le village de Bana a accueilli le 1er juillet 2019, le lâcher des moustiques génétiquement modifiés mâles stériles auto-limitatifs, marquant la première phase du projet. Elle a consisté à lâcher dans le village 14 850 moustiques dont 6000 moustiques génétiquement modifiés mâles stériles auto-limitatifs.

Des moustiques mâles qui ne peuvent pas avoir de progénitures

Les journalistes et communicateurs échangent avec les responsables du village

A en croire Dr Abdoulaye Diabaté, quand on dit moustiques génétiquement modifiés mâles stériles, auto-limitatifs, il s’agit de moustiques mâles qui n’ont pas de progénitures lorsqu’ils s’accouplent avec les femelles. « En gros, si vous lâchez ces moustiques sur le terrain, le gène d’intérêt que vous lâchez n’a pas vocation à persister dans la nature, donc ne peut pas non plus se répandre à une distance assez raisonnable », a-t-il indiqué.

L’objectif en lâchant ces moustiques en juillet 2019 n’était pas d’avoir un impact quelconque sur le paludisme ou avoir un impact sur la densité des moustiques. Mais plutôt de pouvoir collecter un certain nombre d’informations scientifiques, pertinentes permettant d’instruire la prochaine phase. Ainsi, il y avait un suivi régulier du développement de ces moustiques génétiquement modifiés mâles stériles auto-limitatifs. En effet, les équipes de collecte étaient tous les jours sur le terrain durant les 20 jours qui ont suivi le lâchage, pour voir leur évolution. Et après cela, la collecte s’est faite chaque mois durant un an pour s’assurer que les moustiques qui ont subi des modifications génétiques sont morts.

Pas d’impact négatif sur la santé des habitants

Kiessira Sanou, un des notables, porte-parole du chef du village de Bana

Du côté des habitants du village, cette première étape n’a eu aucun effet négatif sur leur état de santé. « Les moustiques ont été lâchés et il y a des gens qui jusqu’aujourd’hui nous disent qu’ils n’ont jamais vu ces moustiques n’en parlons pas qu’ils ont causé du tort à quelqu’un. Depuis ce jour jusqu’aujourd’hui nous n’avons pas rencontré de problèmes liés à ce lâchage », a confié Kiessira Sanou, un des notables, porte-parole du chef du village.

Il n’a pas manqué de souligner la bonne collaboration qu’ils ont avec les membres du projet depuis le début jusqu’au lâchage des moustiques. « Avant le lâché des moustiques, le projet s’est approché des responsables du village pour demander l’autorisation. Nous avons réuni les villageois pour demander leur consentement ce qui a été approuvé. Le jour du lâchage, tout le monde était présent », a-t-il déclaré. Certes au début il y avait des craintes, étant donné que c’est une nouvelle expérience, mais quelques temps après le lâchage, vu qu’il n’y avait pas de problème, tout le village a eu l’esprit tranquille, a poursuivi Kiessira Sanou.

Bonne collaboration entre le projet et les habitants

Le point focal du projet Target Malaria au village de Bana Hayoro, Karim

C’est le même son de cloche du côté de Target Malaria qui, a travers son point focal du village Hayoro, Karim, a confirmé cette bonne collaboration avec les habitants depuis le début du projet. Sur place il travaille avec les jeunes du village réunis en comité pour la collecte entomologique qui se fait de trois manières. D’abord les essaims qui se font quand les mâles se regroupent et que les femelles viennent les retrouver.

Ensuite la nuit, dans les chambres, des pièges sont disposés pour la collecte des moustiques. Il y a aussi les pulvérisations intra-domiciliaires qu’on fait très tôt les matins dans les chambres. Et la collecte des laves dans les eaux sales.
Il s’occupe aussi du volet engagement des parties prenantes au niveau du village qui consiste à expliquer tout ce que l’entomologie fait et explique le projet pour qu’ils savent ce que le projet fait.

La visite de l’insectarium du projet Target Malaria

Ces moustiques collectés au niveau du village sont ramenés au laboratoire, précisément à l’insectarium où Dr Moussa Namountougou et son équipe continuent la recherche à travers des méthodes de confinement.

Satisfait des résultats enregistrés durant cette première étape, Dr Abdoulaye Diabaté a indiqué que le projet travaille en collaboration avec les structures de régulation notamment l’agence de nationale de biosécurité (ANB) pour entamer la deuxième phase du projet qui est le mâle biaisé auto-limitatif.

Judith SANOU
Lefaso.net

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