Traite des personnes au Burkina : Des acteurs réfléchissent sur des stratégies efficaces de lutte contre le phénomène

Publié le jeudi 29 juillet 2021 à 22h41min

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Traite des personnes au Burkina : Des acteurs réfléchissent sur des stratégies efficaces de lutte contre le phénomène

Le Centre d’accueil et de transit de Bobo-Dioulasso a organisé, ce jeudi 29 juillet 2021 dans la ville de Sya, un cadre de concertation avec les différents acteurs de protection en matière de migration. Cette rencontre, qui a bénéficié du soutien financier de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), entre dans le cadre des activités commémoratives de la Journée internationale de la lutte contre la traite, célébrée le 30 juillet de chaque année.

Le phénomène de la traite des personnes est une réalité au Burkina Faso, et les enfants sont les plus exposés. Selon la directrice provinciale de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire du Houet, Bernadette Yaméogo/Belem, la traite des personnes constitue une grave violation des droits fondamentaux de l’Homme. Son éradication nécessite des actions concertées de la part de tous les acteurs. C’est pourquoi, ces dernières décennies, la problématique de la protection des personnes en général et en particulier des migrants contre la traite est au cœur des priorités aux plans international, régional et national, à cause du nombre élevé des victimes et de leur vulnérabilité à toutes sortes de violences.

Des statistiques croissantes

Les femmes (49%) et les filles (23%) représentent la majorité des victimes détectées de la traite d’êtres humains. L’exploitation sexuelle est la forme d’exploitation la plus courante (59%), suivie du travail forcé (34%). En effet, selon les statistiques du Centre de transit, en 2020, le centre a accueilli 19 filles nigérianes victimes d’exploitation sexuelle, parmi lesquelles on dénombre deux mineures. En plus de ces filles migrantes, des enfants burkinabè en situation de mobilité irrégulière (en direction du Mali, de la Guinée, du Sénégal) ont été interceptés par les forces de sécurité et hébergés au Centre de transit. Ils étaient au nombre de 425 en 2020 dont 271 garçons et 154 filles.

Les acteurs de protection en matière de migration réfléchissent sur les stratégies de lutte.

Pour le premier semestre de l’année 2021, le Centre de transit a accueilli trois filles migrantes de nationalité nigériane victimes d’exploitation sexuelle, et cinq enfants maliens victimes de traite, tous référés à l’OIM pour leur accompagnement aux fins de retour. Par ailleurs, 167 enfants victimes de traite ont été accueillis, hébergés et pris en charge. « Chaque année, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont victimes de la traite des personnes dans leur pays ou à l’étranger. Par la contrainte, la duperie ou la force, ils sont exploités pour leur force de travail, pour le sexe ou pour leurs organes », a déploré la directrice provinciale en charge de l’Action humanitaire du Houet.

Selon elle, les statistiques de ces dernières années aux niveaux national et régional (Hauts-Bassins) vont croissant, et cela est dû, dit-elle, à un certain nombre de paramètres dont les conditions de vie qui sont devenues dures pour les populations à cause de l’insécurité. La synergie de tous les acteurs s’avère ainsi nécessaire pour une lutte efficace contre le phénomène.

Les acteurs de protection en matière de migration réfléchissent sur les stratégies de lutte.

C’est ainsi qu’à l’occasion de la commémoration de la Journée internationale de la lutte contre la traite, le Centre d’accueil et de transit de Bobo-Dioulasso organise une série d’activités avec le soutien financier de l’OIM. Parmi ces activités qui se tiennent du 28 au 30 juillet 2021, on note la campagne de sensibilisation des populations sur les migrations irrégulières, l’organisation d’une journée de salubrité au Centre d’accueil et de transit de Bobo-Dioulasso, une activité socio-éducative avec les enfants, etc.

L’organisation de ce cadre de concertation avec les différents acteurs de protection en matière de migration entre dans ce cadre. Cet atelier vise ainsi à renforcer les capacités des participants sur le phénomène de la traite, échanger sur le rôle des acteurs et les difficultés rencontrées, et faire des recommandations pour une lutte efficace.

Cette rencontre a été ponctuée par des communications sur la problématique de la traite et des pires formes de travail au Burkina Faso, ainsi que sur la stratégie de lutte et de gestion d’un cas de traite. Ces communications ont été suivies d’échanges en vue de formuler des recommandations. A en croire Bernadette Yaméogo, « ces recommandations seront transmises aux autorités du ministère de tutelle et aux partenaires techniques et financiers qui accompagnent cette lutte ».

Romuald Dofini
Lefaso.net

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