Marche-meeting contre le néocolonialisme : Les manifestants dispersés à coups de gaz lacrymogène à Bobo-Dioulasso

Publié le dimanche 31 octobre 2021 à 21h30min

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Marche-meeting contre le néocolonialisme : Les manifestants dispersés à coups de gaz lacrymogène à Bobo-Dioulasso

C’était le sauve-qui-peut dans la matinée du samedi 30 octobre 2021 en plein centre-ville de Bobo-Dioulasso. Des acteurs de la société civile, qui voulaient tenir une conférence de presse en lieu et place de la marche dont l’autorisation leur a été refusée, ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène à la Place Tiéfo-Amoro de la ville de Sya.

Acteurs de la société civile, hommes de médias, usagers de la route, commerçants, travailleurs et passants ; personne n’a échappé à l’irrespirable gaz lacrymogène lancé par les forces de l’ordre ce 30 octobre à la Place Tiéfo-Amoro. Cette réaction de la police n’a pas été du goût de Habib Ouattara du Mouvement panafricain de rejet du Franc CFA. « Nous avons été violemment dispersés sur la place. Nous déplorons cette répression des forces de l’ordre », a-t-il lancé.

Ce dernier a expliqué qu’en lieu et place de la marche dont l’autorisation leur a été refusée, il était prévu une conférence de presse afin de s’entretenir avec les professionnels des médias.

Habib Ouattara du Mouvement panafricain du rejet du Franc CFA.

« Au départ, nous avons voulu organiser une marche-meeting. Mais à la suite des démarches auprès des autorités pour avoir une autorisation, nous nous sommes vu refuser les différentes autorisations demandées. Nous avons pris langue avec les autorités pour échanger avec elles afin de comprendre les difficultés qu’elles ont à leur niveau. Elles avaient parlé des problèmes sécuritaires et nous avons pris acte (…). A la dernière minute, nous avons appris que Kemi Séba a été arrêté alors qu’il était l’un de nos invités. Nous avons voulu cette conférence pour demander sa libération ainsi que celle de ses camarades. Malheureusement, nous avons été victimes des exactions des forces de l’ordre sur la Place Tiéfo-Amoro, alors que nous n’avons pas voulu marcher, mais nous voulions nous entretenir avec les journalistes », a déploré Habib Ouattara.

Exiger le départ des troupes étrangères du Burkina Faso

Les manifestants exigent le départ des troupes étrangères du Burkina Faso.

La marche contre la présence des forces françaises au Burkina est l’initiative de la Coalition des patriotes du Burkina Faso (COPA/BF). Les militants de cette coalition estiment que le partenariat entre la France et le Burkina Faso ne sert à rien, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Selon eux, le terrorisme est un instrument de l’impérialisme contre les peuples des pays néocoloniaux. C’est pourquoi, ils affirment que la lutte contre le terrorisme ne peut être séparée de la lutte contre « l’impérialisme français ».

Les manifestants estiment que malgré l’aide de la France, le problème sécuritaire va de mal en pis au Burkina. « Derrière le terrorisme se cachent les grandes puissances occidentales, et nous demandons à nos autorités de comprendre cela et de chercher à rompre les relations avec notre ennemi qui est la France », a lancé Kossougro Aka, coordinateur national de l’ONG Urgences panafricanistes de Côte d’Ivoire.

Kossougro Aka, coordinateur national de l’ONG Urgences panafricanistes de Côte d’Ivoire.

C’est ainsi que sur initiative de la COPA, l’activiste Kemi Séba a été convié à Bobo-Dioulasso pour prendre part à la manifestation, dans le but « d’éveiller les consciences de la jeunesse africaine et burkinabè en particulier, sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la France ». En effet, il s’agissait pour Kemi Séba de rééditer au Burkina Faso, ce qui s’est déjà passé au Mali et en Guinée. Le président de l’ONG Urgences panafricanistes s’est rendu dans ces deux pays où il a bénéficié d’un accueil chaleureux.

Cependant, Kemi Séba sera interpelé le vendredi 29 octobre, alors qu’il faisait route vers la ville de Sya. L’information a été relayée sur sa page Facebook. Le communiqué indiquait qu’il a été arrêté avec une partie de son staff, puis ils ont été tous conduits à la Direction de la gendarmerie et de la police du Boulkiemdé, à environ 100 km de Ouagadougou.

Kemi Séba expulsé du Burkina Faso

Après son arrestation dans le département de Sabou, Kemi Séba sera expulsé du Burkina, le samedi 30 octobre 2021. Pour les acteurs de la société civile, cette situation est déplorable. « C’est dommage que le pays de Thomas Sankara puisse expulser un fils du continent, un Africain. Nous interpellons les autorités de bien vouloir revoir leur démarche panafricaine. Parce que le Burkina Faso est un pays qui nous a toujours inspiré, et cette situation est déplorable. La jeunesse ne va pas se laisser faire et nous allons combattre tous ceux qui auront pour ami l’impérialisme, ceux qui nous pillent et qui nous détruisent », a indiqué Kossougro Aka, coordinateur national de l’ONG Urgences panafricanistes de Côte d’Ivoire.

Les manifestants dispersés à coups de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre.

Ces acteurs de la société civile affirment ne pas être contre un gouvernement quelconque, mais plutôt pour la souveraineté des peuples. C’est pourquoi, ils disent « non à la Françafrique ou à son contraire, l’Afrique-France », et ils demandent le départ de la France du territoire burkinabè. Pour Kossougro Aka, c’est la France qui est à l’origine de l’arrestation et de l’expulsion de l’activiste Kemi Séba.

« Nous savons que la France est derrière l’arrestation de Kemi Séba parce qu’il trouble le sommeil de la France et de Macron. Quand on voit la mobilisation au Mali, la France a peur de perdre le Burkina Faso. Mais nous sommes déterminés à nous battre pour la souveraineté de nos Etats, pour que nos pays soient définitivement libérés de l’emprise de la France, afin que la jeunesse africaine puisse profiter de ses richesses », a clamé Kossougro Aka.

Malgré la chaude matinée, ces acteurs de la société civile ont affirmé leur détermination à se battre pour la souveraineté des Etats africains. Ils invitent les dirigeants du continent à choisir le bon camp, afin de lutter, disent-ils, contre l’ennemi qui est l’impérialisme et l’oligarchie occidentale.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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