Moov Africa : Les raisons de la grève des employés de Bobo-Dioulasso

Publié le dimanche 4 décembre 2022 à 12h17min

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Moov Africa : Les raisons de la grève des employés de Bobo-Dioulasso

Depuis deux semaines, les agents de Bobo-Dioulasso de Moov Africa sont en grève. Ils se retrouvent à la direction régionale de l’Ouest de l’entreprise pour exiger une meilleure gestion de ce qu’ils considèrent comme « le fleuron de l’économie burkinabè ». Pour avoir les raisons de ce mouvement d’humeur, nous avons rencontré Seydou Kaboré, le secrétaire général du Syndicat national des télécommunications (Synatel), section de Bobo-Dioulasso.

Selon Seydou Kaboré, les raisons de cette grève sont liées à des négociations qui ont commencé vers décembre 2020 mais qui n’ont pas porté fruit, car il n’y avait pas une volonté très affichée de la direction générale d’écouter les préoccupations des travailleurs. Il souligne cependant que les raisons de cette grève sont surtout d’ordre citoyen et non alimentaire. En effet, explique-t-il, Maroc Telecom et l’Etat burkinabè se sont associés depuis 2006 pour gérer une entreprise historique qui était l’Onatel (Office national des télécommunications).

Mais depuis cette période jusqu’aujourd’hui, ils ont constaté que la gestion de l’entreprise n’accompagnait plus les objectifs qui étaient recherchés par l’Etat burkinabè. A l’origine, l’Onatel devrait être une entreprise qui accompagne tous les secteurs de développement du pays. Donc en premier lieu, c’était un outil de développement dont se servait l’Etat, et c’était aussi une entreprise citoyenne qui avait pour objectif de donner de l’emploi aux jeunes burkinabè tout comme aux prestataires qui tournent autour de l’entreprise.

Seydou Kaboré, secrétaire général du Syndicat national des télécommunications (Synatel), section de Bobo-Dioulasso.

Seydou Kaboré a aussi déploré la réduction du nombre d’employés depuis que l’Onatel est géré par Maroc Telecom. Ainsi, le nombre d’employés est passé de 1 200 à environ 600, sans compter qu’il n’y a plus eu de recrutement depuis plus d’une dizaine d’années. « Des jeunes qui ont fini leurs études depuis des années sont là, et ne sont pas recrutés. Et lorsqu’ils doivent être recrutés à travers les entreprises de sous-traitance, on imagine un peu à quel niveau de rémunération ces jeunes sont traités, et ça ne leur permet pas d’avoir des projets de vie, de s’organiser dans la vie », fulmine le secrétaire général du Synatel, section de Bobo-Dioulasso.

Si Seydou Kaboré précise que le bureau national qui se trouve à Ouagadougou est toujours en discussions avec la direction générale, il estime que 15 jours de grève, c’est déjà beaucoup pour des travailleurs qui sont responsables. En son sens, un responsable d’entreprise ne devrait pas laisser ses travailleurs rester en grève durant 15 jours, et cela dénote vraiment que quelque chose ne va pas.

Vue de quelques grévistes.

Il dénonce aussi une mauvaise gestion de Maroc Telecom, « qui s’est détourné de son objectif de promotion du téléphone pour se concentrer sur la vente du patrimoine ». Ce qui signifie que de plus en plus, les responsables de l’entreprise sont prêts à vendre les propriétés de Moov Africa, comme ce fut le cas d’une parcelle qui a déjà été vendue à Ouagadougou.

Les agents de Bobo-Dioulasso entendent donc maintenir ce mouvement jusqu’ à ce qu’ils puissent obtenir un minimum de résultats. Seydou Kaboré a par ailleurs invité les citoyens à comprendre que cette bataille qu’ils mènent vise à sauvegarder ce fleuron que les uns et les autres ont toujours connu et qui a accompagné l’économie burkinabè. C’est également une bataille pour le recrutement des jeunes qui ont fini depuis longtemps leur formation et qui attendent d’être employés.

Haoua Touré
Ki Marie Constantine (Stagiaire)
Lefaso.net

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