Elevage : Des agro-éleveurs du projet FAPROVIAQ bénéficient de broyeurs pour aliments bétail

Publié le lundi 19 décembre 2022 à 11h42min

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Elevage : Des agro-éleveurs du projet FAPROVIAQ bénéficient de broyeurs pour aliments bétail

Le projet Fourrages et Aliments locaux pour l’intensification de l’embouche et la PROduction de VIAnde de Qualité en Afrique de l’Ouest (FAPROVIAQ), à travers le Centre International de Recherche-Développement sur l’Elevage en zone Subhumide (CIRDES), a procédé le vendredi 2 décembre 2022 à une remise de broyeurs pour aliments bétail à des agro-éleveurs. Au nombre de trois, ces broyeurs constitueront la charnière d’unités pilotes de fabrication de l’aliment pour bétail au profit de chacun des trois pays concernés par le projet à savoir le Burkina Faso, le Mali et la Côte-d’Ivoire.

Cette remise de broyeurs d’aliments pour bétail a eu lieu dans la cour du Centre International de Recherche Développement sur l’Elevage en zone Subhumide (CIRDES) par Dr Pousga Salimata, Directrice Scientifique du CIRDES. Elle s’inscrit dans l’objectif spécifique 2 du projet FAPROVIAQ qui est d’améliorer la fabrication d’aliments concentrés pour bétail, afin de pouvoir rentabiliser l’embouche des ruminants. A cet effet, les bénéficiaires issus de ces trois pays ont au préalable bénéficié d’une session de formation de deux jours (les 1er et 2 décembre 2022) en vue de renforcer leurs capacités sur l’utilisation du broyeur avec différents types de fourrages grossiers.

En effet, en Afrique de l’Ouest, le secteur de l’élevage de ruminants s’articule essentiellement sur des échanges commerciaux de bétail entre les zones de production sahéliennes (Niger, Mali, Burkina Faso, etc.) et les centres de consommations côtiers (Côte d’Ivoire, Ghana, Benin, Togo, etc.). La hausse de la demande en viande de qualité est donc un défi pour les acteurs de la filière bétail-viande des zones de production et des centres de consommation.

Cependant, les ressources naturelles permettant d’accroître l’offre de bovins de boucherie de qualité (300-500 kg) restent limitées par la réduction des espaces pastoraux, le déficit fourrager des pâturages naturels pendant la saison sèche, l’insuffisance des résidus de récoltes et la cherté des aliments bétail sur le marché. Pour pallier ces contraintes, les éleveurs ont besoin d’être accompagnés vers des pratiques de production plus intensives, durables et à coût limité.

Remise symbolique de broyeur pour aliments bétail

C’est dans ce cadre que la Chambre Régionale d’Agriculture (CRA) de Sikasso, au Mali, a bénéficié d’une aide financière de l’Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation (ARAA) pour une durée de deux ans (2021-2023), à travers son Programme d’Appui à la Commercialisation du Bétail en Afrique de l’Ouest (PACBAO) dans les Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour la mise en œuvre d’un projet de recherche-développement, afin d’apporter des solutions aux obstacles de la production bovine en Afrique de l’Ouest.

Ce projet intitulé « Fourrages et Aliments locaux pour l’intensification de l’embouche et la PROduction de VIAnde de Qualité en Afrique de l’Ouest (FAPROVIAQ) » est un projet de recherche-développement, qui vise à accompagner des producteurs vers des pratiques de production plus intensives, durables et à coût limité par la promotion auprès des éleveurs du Burkina Faso, du Mali et de la Côte d’Ivoire.

Les activités de ce projet sont exécutées en partenariat avec l’Association des vendeurs d’herbes fraîches pour bétail de Bobo-Dioulasso (AVHF/B), l’Association pour la promotion d’espèces locales (APEL) au Burkina Faso, l’Union régionale de la filière bétail viande (URFBV) du Mali, l’Institut d’Economie Rural (IER) du Mali, la Société coopérative des éleveurs de la région du Poro (SCOOPERPO) de la Côte d’Ivoire , la Direction régionale des Services vétérinaires de Korhogo, l’Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo (UPGC-K) et bien évidemment le CIRDES.

Dr Souleymane Sanogo, chef de l’Unité de recherche systèmes de production agropastoraux et environnementaux (USPAE) au CIRDES, et point focal du projet FAPROVIAQ

La présente activité est un appui en équipements de fabrication d’aliments avec les ressources locales. Les fourrages et les autres ressources alimentaires locales seront utilisés pour composer des rations alimentaires afin de produire des animaux de bonne conformation pour contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire des populations.

Le Dr Souleymane Sanogo, Chef de l’Unité de recherche systèmes de production agropastoraux et environnementaux (USPAE) au CIRDES, et point focal du projet FAPROVIAQ, dans son intervention a présenté le CIRDES qui est une institution intergouvernementale créée en 1991, composée de 8 Etats membres (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Togo Mali, Guinée Bissau et Guinée) dont le pays hôte est le Burkina Faso. Il a pour mandat de mener des activités de recherche-développement pour améliorer la santé des animaux et accroître leur productivité dans le but de satisfaire les besoins croissants des populations et augmenter leurs revenus dans le respect de l’équilibre écologique.

Sidi Mamadou Coulibaly, conseiller technique de la Chambre régionale d’agriculture de Sikasso au Mali et promoteur du projet FAPROVIAQ

L’objectif visé par cette remise d’équipements est d’installer par pays une unité pilote de fabrication d’aliments à base de ressources locales disponibles. « Ce sont donc des unités pilotes de fabrication d’aliments que nous sommes en train de promouvoir », a souligné Dr Sanogo qui a aussi confié que leurs attentes sont très grandes, compte tenu des difficultés que les éleveurs transhumants rencontrent tout au long des frontières suite à l’affectation des couloirs de transhumance par notamment l’extension des superficies de cultures et d’autres usages, à cause de la population grandissante .

Représentant des bénéficiaires du Burkina Faso, Ayouba Traoré de l’Association pour la promotion des espèces locales (APEL)

Le développement, la promotion et l’adoption des banques fourragères ou « banques de protéines » à base de ligneux fourragers (Leucaena leucocephala, Gliricidia sepium, Albizia lebbeck, etc.), de légumineuses herbacées et suffrutescents (Mucuna deeringiana, Vigna unguiculata, Cajanus cajan, etc.) et de cultures fourragères à base de graminées (Panicum maximum, Brachiaria ruziziensis, etc.) d’une part, et la promotion et l’adoption des aliments bétail concentrés à base de ressources locales dans l’alimentation des animaux par les éleveurs, d’autres part, contribueront à réduire ces conflits recensés au niveau des frontières, dus à l’occupation des pistes jadis dédiées à la transhumance.

M. Sidi Mamadou Coulibaly, Conseiller technique de la Chambre régionale d’agriculture de Sikasso au Mali et promoteur du projet FAPROVIAQ, a remercié l’ensemble des partenaires qui leur ont permis d’acquérir ces broyeurs à travers le financement de ARAA. Pour Sidi Mamadou, la formation leur a permis de connaître le fonctionnement et l’entretien de ce broyeur. Comme attentes, il a souhaité la remise d’autres broyeurs à travers le projet et a souhaité également une prolongation du projet FAPROVIAQ qui tire presque à sa fin.

Le représentant des bénéficiaires du Burkina Faso, Ayouba Traoré de l’Association pour la promotion des espèces locales (APEL) a également remercié le CIRDES qui a œuvré pour la mise en œuvre du projet FAPROVIAQ dans les trois régions frontalières avec le Mali et le RCI. Il s’agit des Hauts Bassins, le Sud-Ouest et les Cascades.

Barry Boubacar de la Société coopérative des éleveurs de la région du Poro, à Korhogo

Selon lui, cet équipement pourrait contribuer dans le règlement des conflits agriculteurs éleveurs par la diminution de la divagation des animaux grâce à la transformation des fourrages grossiers en aliment plus accessible par le bétail.

Pour la gestion de ce broyeur, il indique qu’une structure sera mise en place et tout producteur pourrait le louer à un prix raisonnable. Par ailleurs, ceux qui voudraient acquérir ce type de broyeur n’auront qu’à contacter le CIRDES.

Pour Barry Boubacar de la Société coopérative des éleveurs de la région du Poro, à Korhogo en Côte d’Ivoire, ce broyeur pourrait permettre de réduire des conflits agriculteurs-éleveurs dus à la rareté des pâturages. Ainsi, les agro éleveurs pourront maîtriser leurs animaux, mais aussi réduire les quantités de sous-produits agro industriels à payer. Une partie des aliments broyés pourra également être conservée pour la période de soudure.

Haoua Touré
Lefaso.net

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