Massacre de 28 personnes à Nouna : Des ressortissants de la Kossi à Bobo-Dioulasso tirent la sonnette d’alarme

Publié le mercredi 4 janvier 2023 à 21h41min

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Massacre de 28 personnes à Nouna : Des ressortissants de la Kossi à Bobo-Dioulasso tirent la sonnette d’alarme

Les ressortissants de la province de la Kossi qui résident à Bobo-Dioulasso ont organisé une conférence de presse dans l’après-midi de ce mercredi 4 janvier 2023. Cette rencontre avec les professionnels des médias avait pour objectif de présenter les circonstances de la situation survenue à Nouna le 30 décembre 2022 ayant entrainé la mort de 28 personnes.

C’est une communauté toujours sous le choc après cette tuerie à Nouna qui a voulu lancer un cri de cœur cet après-midi face à la presse. Cette communauté qui dit avoir subi une injustice n’est pas allée du dos de la cuillère pour dénoncer certaines exactions à son égard depuis déjà quelques années. Des enlèvements, des exécutions extrajudiciaires, des pillages, des tortures, etc., sont autant de « dérives » que cette communauté affirme vivre au quotidien. Le massacre de 28 personnes à Nouna, selon un communiqué du procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Nouna, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Selon le porte-parole des conférenciers, Hamidou Sidibé, c’est suite à une attaque terroriste qu’aurait subi le quartier général des dozos de Nouna dans la nuit du 29 décembre 2022, que ces derniers (dozos) identifiés comme des volontaires pour la défense de la patrie, en guise de représailles, ont conduit des actions meurtrières dans des quartiers de Nouna. Ces actions ont plus visé la communauté peule qui se sent ainsi stigmatisée. « Cette situation n’arrange pas le peuple burkinabè, elle n’arrange pas le Burkina Faso. Aujourd’hui, si tu es peul, pour voyager c’est la peur au ventre parce que tu es confronté à des risques d’enlèvement ou d’être tué et cette situation existe dans toutes les provinces du Grand-ouest », a-t-il déploré.

Avant de poursuivre : « Pendant que le nouveau gouvernement est en train de faire des pieds et des mains pour résister à l’ennemi, pour réunir tous les Burkinabè autour d’un même objectif, certains trouvent le moyen d’aller dans des familles enlever des personnes puis les massacrer dans la brousse. C’est cette situation qui s’est passée à Nouna. Et il faut qu’on évite de tomber dans la même situation que Yirgou, il faut tirer des leçons de cette situation ». Il a par ailleurs souligné que les terroristes profitent de ce genre de situation pour assurer leur recrutement au sein des populations.

A travers cette conférence de presse, ces conférenciers veulent prendre l’opinion publique à témoin face à ce drame et interpeller l’autorité à prendre à bras le corps cette situation. « La situation est très grave. C’est pourquoi nous lançons un message d’interpellation et espérons que Nouna ne sera pas traité comme Yirgou. Nous invitons les autorités à prendre toutes les dispositions nécessaires pour protéger cette communauté et tous les Burkinabè en général. Il faut que l’Etat joue son rôle lorsque des individus s’élèvent pour stigmatiser une communauté ou qu’ils rentrent dans les familles pour tuer », a laissé entendre Hamidou Sidibé.

Face à la presse, Hamidou Sidibé n’a pas manqué également d’inviter les autorités à proscrire toutes sortes de dérives des VDP dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il appelle les fils et filles du pays à prôner la cohésion sociale et à se donner la main pour lutter contre ceux qui veulent nous diviser. « Il ne faut pas qu’on se trompe d’ennemi dans cette guerre, sinon nous allons tout perdre si nous perdons notre pays. Il faut que les Burkinabè se donnent la main pour faire un front commun face à l’ennemi », a-t-il suggéré.

Cette conférence de presse a été couronnée par un don de vivres des ressortissants de la Kossi résidents de Bobo-Dioulasso aux déplacés internes. Ce don, d’une valeur de plus de deux millions de francs CFA, est composé de sacs de riz, de bouteilles d’huile, de savon, de nattes et de bouilloires. Ce geste vise à soulager ces personnes qui ont fui leur localité pour cause d’insécurité.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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