Cette campagne est placée sous le thème : « Promouvoir l’éducation inclusive au préscolaire ». Elle a pour objectif de susciter l’engagement des décideurs, des partenaires techniques et financiers et des acteurs du monde éducatif pour plus d’investissements dans l’éducation inclusive en faveur des enfants en situation de handicap en général et de la petite enfance en particulier au Burkina Faso.

En effet, une grande majorité des enfants handicapés, soit environ 73%, ne sont pas scolarisés. Les causes principales de cette situation se trouvent dans le système éducatif burkinabè dans son ensemble (infrastructures, matériel didactique, personnel qualifié, programmes…) qui tarde à s’adapter pour tenir compte de la diversité des enfants et à faire de l’éducation inclusive une réalité à tous les niveaux d’enseignement.

Ainsi pour l’ODDS, travailler de manière inclusive à partir du point d’entrée au système éducatif est une question d’équité qui va contribuer à améliorer l’atteinte de l’objectif 4.2 des ODD d’ici 2030 qui est de : « garantir que toutes les filles et tous les garçons aient accès au développement, aux soins et à une éducation préscolaire de qualité pour la petite enfance afin qu’ils soient prêts pour l’enseignement primaire ». Au plan national, cela contribue à l’atteinte de l’objectif stratégique 3 de l’axe 1 de la Stratégie nationale de développement accéléré de l’éducation préscolaire (SNDAEP) 2021-2025 au Burkina qui vise à « promouvoir l’équité et l’égalité d’accès à l’éducation préscolaire » pour tous les enfants.

La campagne « Tirer la sonnette d’alarme pour l’éducation inclusive » qui se veut d’envergure mondiale, est une des initiatives à laquelle l’ODDS et ses partenaires ont adhéré depuis 2016 au regard des réalités rencontrées sur le terrain concernant la problématique de la scolarisation des enfants en situation de handicap.
Pour cette année 2023, l’ODDS invite les autorités, les acteurs de l’éducation et les communautés à s’engager dans la réflexion et la réalisation d’actions pour la promotion sur l’éducation inclusive de la petite enfance basée sur le jeu (EIPEJ) car « l’inclusion n’est pas un ajout, mais une transformation de l’intérieur ».

Elle va mobiliser et impliquer cette année au moins 40 000 élèves/écoliers à travers tout le pays pour « tirer la sonnette d’alarme » en faveur de l’éducation inclusive.
L’action « Tirer la sonnette d’alarme » implique en premier lieu les élèves. C’est une action d’interpellation par les élèves qui plaident en faveur de l’éducation de leurs camarades handicapés.

Ainsi, les élèves, conscients et soucieux pour leurs camarades, vont faire beaucoup de bruit, un bruit symboliquement fort pour être entendu des autorités en charge de l’éducation et de tous les décideurs à tous les niveaux, afin qu’ils prennent des mesures adéquates et rapides pour favoriser l’accès des enfants handicapés à l’école publique. Par conséquent, ils utilisent tous les moyens à leur portée pour produire ce bruit à l’adresse des autorités et de l’opinion publique. Il peut s’agir de cloches, de sifflets, de tam-tams, de djembés, de sirènes, de vuvuzelas, de boîtes vides, de la bouche etc.

Le bruit dure environ une minute, et est précédé par des messages écrits sur des banderoles ou des pancartes et des messages lus par le représentant des élèves /écoliers.

Ce bruit est ensuite relayé par les médias et les réseaux sociaux et peut atteindre toute personne dans le monde entier.
Cette activité a lieu chaque année dans le monde à la même période. Pour 2023, l’ODDS a retenu la date du 20 avril 2023 pour tirer la sonnette d’alarme, avec l’ambition qu’à moyen ou long terme, toutes les écoles du Burkina observent chaque année, à la même période, la minute de la sonnette d’alarme jusqu’à ce que les écoles publiques deviennent accessibles à tous les enfants handicapés d’âge scolaire et préscolaire.

Selon Sœur Joséphine Botoni, secrétaire exécutive à l’Organisation Dupont pour le développement social à travers cette 8e édition, ils insistent sur la qualité et l’offre éducative et en particulier aujourd’hui avec une attention tournée vers les tout-petits. « Nous l’avons entendu, ils peuvent apprendre par le jeu, ça va demander beaucoup d’investissements parce qu’il faut trouver les instruments, les matériels pédagogiques adaptés à leur niveau. Notre souhait est que chacun s’intéresse à la question et que nos responsables au niveau étatique nous accompagnent, accompagnent les différentes écoles pour l’obtention de ces moyens pédagogiques afin de permettre aux tout petits d’apprendre lorsqu’ils sont en situation de handicap », a-t-elle sollicité.

« Il est vrai que nous sommes engagés depuis déjà plus de huit ans au niveau national dans l’éducation inclusive mais les résultats restent toujours insatisfaisants. Donc à ce titre, nous devons poursuivre nos efforts pour que l’éducation inclusive s’étende partout dans le pays et soit mise en œuvre dans toutes nos écoles, si possible. Que les enfants en situation de handicap aient accès à l’école partout où ils sont », a pour sa part souhaité Sœur Nathalie Dembélé, coordinatrice du Programme handicap et développement inclusif de l’ODDS.

Selon Zacharie Zouré, directeur régional de l’éducation préscolaire, primaire et non formelle des Hauts-Bassins, l’éducation inclusive ne devrait pas être célébrée de façon occasionnelle mais toute la vie. « Si on a eu l’opportunité de nous réunir pour en parler, je crois que c’est une bonne chose. En réalité, c’est l’école dans sa forme actuelle qui devrait prendre cela en charge et non laisser ça à une congrégation. Mais si une congrégation religieuse s’en préoccupe, on ne peut que l’applaudir, en attendant que nous puissions prendre les choses en main » a-t-il fait comprendre.
Parallèlement, à la 8e édition de Tirer la sonnette d’alarme, il a été lancé la seconde édition du concours de la meilleure école inclusive de la commune de Bobo.

Haoua Touré
Lefaso.net