Lefaso.net : Depuis un moment à Bobo-Dioulasso, l’installation de boutiques de rue derrière le Centre Muraz fait couler beaucoup d’encre et de salive. Où vous en êtes exactement ?

Nous sommes toujours en train de chercher des solutions. C’est vrai il y a eu l’installation de ces boutiques de rue, mais comme le Centre Muraz est un établissement spécifique sanitaire, quand la demande a été formulée, nous avons pris soin de demander l’avis du directeur général, qui du reste, a été favorable. Et il a même donné des orientations sur le type de matériaux que les occupants devaient utiliser.
Alors quand nous avons reçu la demande avec l’avis favorable du directeur du Centre Muraz, nous avons délivré l’autorisation au promoteur après qu’il a acquitté sa redevance annuelle, qui en principe, devrait s’élever à 1 600 000FCFA chaque année. Quelques jours après, lorsque l’intéressé a commencé à exécuter ses travaux, nous avons reçu un écrit d’un certain Docteur Diallo et qui signait la lettre comme le directeur général par intérim du Centre Muraz. Un écrit qui émettait un avis défavorable quant à l’installation des boutiques de rue. Tout de suite, j’ai appelé le Centre Muraz pour comprendre ce flou. Puisque le directeur général avait émis un avis favorable. Et quelque temps après, quelqu’un d’autre émet un autre avis contraire. Il fallait donc clarifier cette confusion. Malheureusement, ma tentative d’approcher le directeur par intérim n’a pas marché. Ils ne se sont jamais manifestés.
Ensuite c’était l’écrit d’une organisation de la société civile, notamment Y’en a marre dirigée par Daouda Ouattara que je reçois, me demandant de donner des informations parce que l’occupation de l’arrière du Centre Muraz divisait et qu’il fallait nécessairement donner des infos dans un délai d’une semaine.
J’ai appelé M. Daouda Ouattara le jour même où j’ai reçu sa lettre et je lui ai dit d’aller auprès des services techniques de la municipalité car le fond du dossier y est et qu’il pouvait le recevoir pour l’analyser. Et que s’il y a des incompréhensions qu’il me revienne pour des explications. Ils sont allés effectivement rencontrer le comité de gestion du domaine public qui leur a remis la copie de tous les éléments du dossier. Le lendemain, il est revenu avec les autres membres des OSC dites Spécifiques pour dire qu’ils ont reçu le dossier et qu’ils l’ont analysé. Mais malheureusement ils ne sont pas satisfaits, car pour eux le dossier comporte des lacunes. La décision étant administrative, l’autorité habilitée à annuler ces décisions est bien le tribunal administratif. Je leur ai donc demandé de déposer la plainte au Tribunal administratif.

Est-ce qu’ils l’ont déposée ?

Je pense que s’ils avaient déposé le recours on n’allait pas assister à la manifestation qui s’est déroulée le 30 janvier dernier, une manifestation d’ailleurs illégale parce qu’ils n’ont pas pris le soin de demander une autorisation ou de faire au préalable une déclaration comme l’exige la loi. Ils ont fait savoir qu’ils ont toujours manifesté comme ça et qu’ils n’ont pas besoin d’autorisation. Il y a eu par la suite des échanges de lettres du directeur général du Centre Muraz qui demandait d’aider à débarrasser le côté Nord et le Sud, mais jamais il n’a parlé du côté où sont installées les boutiques contestées. La dernière rencontre entre le PDS et les OSC était le 31 décembre où ils sont venus demander à ce que l’intéressé ne continue pas l’installation des boutiques. Je leur ai renouvelé d’aller devant le tribunal administratif pour déposer la plainte.

Qu’en est-il de la corruption dont faisaient cas les OSC dites spécifiques ?

Il y a eu effectivement, un certain moment où ils ont parlé de corruption. Je leur ai dit de s’approcher du Tribunal de Grande Instance pour dénoncer. A l’issue de la dénonciation, il est évident que des investigations soient menées. Alors s’il trouve que je suis coupable ou un de mes collaborateurs, la justice prendra les mesures qui s’imposent.

Vous confirmez donc que c’est bien la délégation spéciale qui a donné l’autorisation d’installer les boutiques de rue ?

L’autorisation est bien signée de moi, Jérémie Kouka Ouédraogo. Je confirme que c’est la délégation spéciale qui a donné l’autorisation. C’est un domaine public. Le code de l’urbanisation donne plein pouvoir au Président de la délégation spéciale ou au maire de donner l’espace public pour une aliénation quelconque.

Vous pensez tout de même que l’endroit est approprié pour recevoir des boutiques de rue ?

Ce n’est pas à moi de penser si c’est approprié ou pas. Le dossier a été étudié par les services techniques municipaux et le comité de gestion de domaine public. Le dossier a été transmis à ces deux services qui ont émis un avis favorable. Qui d’autre pouvait nous éclairer que ces-dits services.

A votre avis, pourquoi ces mouvements de contestations de ces OSC dites spécifiques ?

A mon avis, ils doivent plutôt accompagner les autorités et non se substituer à ces autorités. Ils ont un rôle d’interpellation, certes, mais ils ne peuvent pas imposer une décision quelconque. Ils peuvent nous éclairer ou même nous amener à revenir sur notre décision sans toutefois vouloir se substituer à nous. Ils ont de ces attitudes qui sont tout simplement déplorables.

Quelle est la suite qui a été donnée au dossier après la marche des OSC du 30 janvier ?

Nous avons reçu le 12 février le directeur général du Centre Muraz avec son directeur financier, son conseiller juridique et son délégué de personnel. Le directeur général qui, m’a-t-on dit, reniait avoir émis un avis favorable a reconnu devant la délégation spéciale qu’il a bel et bien donné son autorisation. Et que, c’est le comité scientifique qui a émis un avis défavorable. Il a ensuite ajouté que pour ne pas se dédire, il a demandé à Docteur Diallo qui représente le comité scientifique, d’écrire à la délégation spéciale pour la suite du dossier.
Son délégué de personnel de nous informer qu’il y avait, en fait, un deuxième promoteur qui voulait l’espace. Il était donc passé par eux (Centre Muraz) pour être accompagné. Ensemble ils ont mené des démarches auprès de la commune pour qu’on invalide ce premier dossier au profit du deuxième, parce que l’intéressé avait promis de verser à la caisse de la mutuelle du Centre Muraz 2 millions de FCFA. Qu’il avait également promis de donner quelques boutiques au personnel du centre Muraz pour qu’il renfloue les caisses. Nous pouvons donc aisément imaginer toute la manipulation qui s’y trouvait en arrière.

Propos recueillis par Bassératou KINDO
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