Bobo-Dioulasso : Un collectif d’IAC dénonce le recrutement des étudiants de Bac+2

Publié le mercredi 9 mars 2016 à 01h33min

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Bobo-Dioulasso : Un collectif d’IAC dénonce le recrutement des étudiants de Bac+2

Le 2 avril prochain, des étudiants avec le niveau Bac+2 vont être recrutés, formés et mis à la disposition du ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (Mena) en qualité d’enseignants. Une mesure que le collectif des instituteurs adjoints certifiés (IAC) qualifie de discriminatoire en sens qu’elle exclut des jeunes enseignants déjà formés dans les écoles. Face à des journalistes, ce lundi 7 mars 2016, le collectif a appelé le gouvernement à recruter l’homme à la place qu’il faut. Faute de quoi, ils passeront à une « vitesse supérieure ».

« J’ai fini ma formation l’année passée. Je n’ai malheureusement pas réussi au test d’intégration. En pareille situation, la seule option est de recourir vers le privé. Pour ne pas perdre la main, j’ai été voir un proviseur d’une école primaire dans le quartier Belle-Ville pour lui proposer mes services. Chose qu’il n’a pas refusée mais il proposait un salaire de 10 000FCFA. Pour ne pas perdre la main et rester à la maison à ne rien faire, j’ai accepté. Mais je n’ai eu qu’une seule fois, ce montant de 10 000F car le mois qui a suivi, il m’a payé 5000FCFA. Je continue de donner les cours malgré moi. Que faire ? ». Ce témoignage fait par Roukiatou Kaboré n’est qu’une goutte d’eau dans la mer, selon Zeynabou Zerbo, veuve et mère de quatre enfants. Elle aussi enseignante, elle a confié avoir refusé un salaire de 15 000FCFA que lui avait proposé un directeur d’une école privée. Que d’histoires, ont-ils à raconter, ces IAC qui dénoncent avec la dernière énergie, les nouvelles mesures du gouvernement dans le domaine de l’enseignement primaire, en vue de la réduction du chômage au Burkina.

La mesure, fait noter Amadou Boro secrétaire général du Collectif, est bonne et même louable. Le hic, poursuit-il : « c’est que ce recrutement se fait dans un domaine où il y a des personnes déjà formées et prêtes à servir la nation par vocation, avec conviction et amour du métier ». Ces enseignants prêts à servir sont, effectivement, ceux formés dans les Ecoles de formation des enseignants du primaire, communément appelées ENEP/Privées. Sur fonds propre ou soutien colossal des parents, ils se sont formés pendant deux ans, suivi un stage pratique dans les écoles en zone rurale sans pécule de l’Etat, selon Amadou Boro. Le test d’intégration du 2015 n’a réussi qu’à 2400 sur un total de 13 000 candidats. Et, déplore le secrétaire général : « on veut ignorer ces 10600 enseignants recalés pour recruter des étudiants du niveau Bac+2. Cette mesure est à la limite discriminatoire et exclut les jeunes enseignants au profit des étudiants ».

L’objet de la conférence de presse est donc, de prendre l’opinion nationale à témoin, mais aussi attirer l’attention des nouvelles autorités sur l’inopportunité de cette mesure et l’injustice sociale qu’elle risque d’engendrer, étant donné qu’elle n’est en rien une solution de réduction de chômage des jeunes. Le gouvernement, pour satisfaire tous les jeunes, devrait de l’avis du collectif de l’AIC, revoir les conditions d’applicabilité de la mesure en priorisant chaque jeune dans le domaine d’où il évolue.
Aussi, souligne le collectif de l’IAC, l’Etat qui délivre des autorisations d’ouverture des EFEP et qui, en plus, autorise l’inscription sur titre privé dans les ENEP se doit de songer à recruter en priorité les enseignants issus de ces écoles de formation avant tout autre recrutement d’autres personneq dans le domaine. L’enseignement étant, d’ailleurs un domaine assez spécifique et très sensible qui requiert une vocation et une formation pédagogique adéquate. Le collectif, de fonder l’espoir que leur cris de cœur sera entendu par le gouvernement pour la satisfaction de tous les jeunes du Burkina.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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