Bobo-Dioulasso : Des travailleurs domestiques renforcent leurs capacités en vue d’améliorer leur employabilité

Publié le jeudi 30 novembre 2023 à 16h25min

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Bobo-Dioulasso : Des travailleurs domestiques renforcent leurs capacités en vue d’améliorer leur employabilité

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet de Renforcement de la gouvernance de la migration de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture et du travail domestique (AGRIDOM), des jeunes travailleurs domestiques bénéficient d’une session de renforcement de capacités. Cette formation est prévue du 27 novembre au 7 décembre 2023 à Bobo-Dioulasso. Elle vise à doter les participants de rudiments nécessaires pour améliorer leur employabilité et leurs conditions de vie et de travail. La cérémonie d’ouverture des travaux a eu lieu le mardi 28 novembre 2023.

Cette session de formation se tient à l’issue d’une mission exploratoire d’identification des besoins de formation des travailleurs domestiques, qui a permis ainsi d’identifier, au préalable, les besoins spécifiques de renforcement des capacités de cette catégorie de travailleurs. Selon les informations issues de cette mission exploratoire, ce sont ces personnes qui réalisent le plus souvent les principales tâches domestiques, à savoir les tâches ménagères.

C’est pourquoi, au cours de cette session, les participants vont bénéficier de plusieurs modules dont les techniques d’entretien ménager, l’hygiène et assainissement du cadre de vie, l’entretien du linge (lavage du linge à la main et à la machine, repassage du linge), la cuisine ; et l’entretien des enfants. Aussi, ils seront outillés sur leurs droits et devoirs en tant que travailleurs domestiques ainsi que les institutions à saisir au besoin et leurs missions et sur la protection sociale des travailleurs domestiques (Sécurité et santé au travail et sécurité sociale des travailleurs domestiques y compris la prévention et la lutte contre le harcèlement en milieu de travail).

Le présidium de la cérémonie d’ouverture des travaux de la formation des travailleurs domestiques

Réalisée au Centre d’accueil et de formation des travailleurs domestiques de Bobo-Dioulasso en partenariat avec l’Association burkinabè pour le leadership des jeunes et le développement, cette session entre dans le cadre de la mise en œuvre du projet AGRIDOM qui est mis en œuvre par l’Organisation internationale du travail, avec le co-financement de la Coopération suisse au développement. Ce projet qui couvre le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la Guinée, vise à faciliter la contribution des travailleurs des secteurs agricole et domestique, y compris les travailleurs migrants, au développement durable de leurs pays d’origine (Burkina Faso et Guinée) et de destination (Côte-d’Ivoire), à travers un meilleur accès au travail décent et une meilleure gouvernance de la migration de main-d’œuvre.

En effet, la question de la lutte contre le chômage et le sous-emploi des jeunes a toujours été une préoccupation majeure des autorités du pays. Selon la directrice régionale en charge de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi des Hauts-Bassins, Laurencia Napon/Sanou, cette activité s’inscrit en droite ligne des priorités du gouvernement qui accorde une place de choix à la formation et à l’encadrement de la jeunesse dans le but de lui assurer son plein épanouissement et son insertion socio-professionnelle.

Les participants à la cérémonie d’ouverture de la session de formation

Pour elle, les travailleurs domestiques sont un pilier essentiel de notre société, contribuant de manière significative au bien-être des foyers et au développement socio-économique du pays. Cependant, trop souvent, leur rôle vital est sous-estimé, et leurs besoins en matière de formation et de conditions de travail adéquates sont négligés. C’est en cela qu’elle a salué l’initiative de cette formation à leur profit. Elle reste convaincue que cette formation n’est pas seulement un moyen d’acquérir des compétences, mais aussi un instrument de promotion de la dignité professionnelle et de l’autonomie économique des bénéficiaires.

« Cette initiative s’inscrit en droite ligne des interventions du ministère en charge de l’emploi qui s’est toujours engagé à faciliter l’accès à des programmes de formation de haute qualité, adaptés aux besoins spécifiques des différentes catégories de travailleurs. Elle marque aussi pour les bénéficiaires, le début d’une nouvelle aventure où ils seront mieux respectés, plus compétents et travailleront dans des conditions meilleures », a souligné Laurencia Napon/Sanou.

La directrice régionale en charge de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi des Hauts-Bassins, Laurencia Napon/Sanou saluant l’initiative de la formation

Réduire les exploitations et abus des travailleurs domestiques

Durant les dix jours de formation, les participants seront outillés afin qu’ils soient plus compétitifs sur le marché du travail et aient accès à de meilleures conditions de travail. Ainsi, les travaux de la session se feront suivant une démarche participative combinant une session théorique aux travaux pratiques. L’atelier sera animé par des experts du travail domestique et des inspecteurs du travail.

Représentant l’Organisation internationale du travail à cette cérémonie, Ndeye Coumba Diop, spécialiste migration et mobilité de main-d’œuvre au bureau régional de l’OIT pour l’Afrique basé à Abidjan, a réitéré l’engagement de l’OIT à continuer la réflexion pour contribuer à faire du travail domestique un secteur pourvoyeur de travail décent.

« Plus les travailleurs domestiques maîtrisent les rudiments de leur métier à travers l’acquisition de qualifications y relatives, plus cela accroît leurs opportunités d’emploi, améliore leur rémunération, et peut même contribuer à les maintenir sur place au lieu qu’ils immigrent pour l’étranger à la recherche de meilleures opportunités d’emploi », a-t-elle dit. Pour la représentante de l’OIT, la violence et le harcèlement à l’encontre des travailleurs domestiques sont un phénomène systématique, profondément ancré dans les schémas de la société et trop souvent considéré comme normal, « faisant partie de notre vie ou faisant partie de notre culture ». C’est ainsi que l’OIT, de par ses actions et son cadre normatif, contribue à la promotion du travail décent pour les travailleurs domestiques. Ce, à travers AGRIDOM.

Ndeye Coumba Diop a réitéré l’engagement de l’OIT à continuer la réflexion pour contribuer à faire du travail domestique un secteur pourvoyeur de travail décent

Ce projet qui attache une grande importance à l’intégration des personnes déplacées est soutenu par la Coopération suisse à travers son programme sur la migration de travail en Afrique de l’Ouest. Ce programme régional est dans sa première phase qui durera jusqu’en mai 2025. Selon la conseillère régionale migration et déplacement forcé pour l’Afrique de l’Ouest à l’ambassade de Suisse à Dakar, Laurence Von Schulthess, à travers ce programme, la Suisse s’engage ainsi au côté du gouvernement burkinabè pour améliorer les conditions de vie de sa population.

« Nous nous sommes engagés à appuyer la migration de travail à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest pour qu’elle puisse contribuer au développement des pays parce que, nous sommes convaincus que la migration de travail qui se fait depuis des siècles, elle est culturelle, sociale et traditionnelle en Afrique de l’Ouest, si elle est bien gérée et bien encadrée, elle peut contribuer au développement des pays de départ et de destination », a laissé entendre Laurence Von Schulthess.

Avant d’ajouter : « Le projet nous intéresse parce qu’il cible deux secteurs importants pour nous : le travail domestique et le travail agricole. Ce sont des secteurs qui fonctionnent dans l’informalité ou des travailleurs se retrouvent dans des abus, des exploitations. Donc il est important de régulariser cela pour diminuer ces exploitations et abus pour que le travailleur puisse avoir des conditions décentes ».

Ce projet est soutenu par la Coopération suisse à travers son programme sur la migration de travail en Afrique de l’Ouest, selon Laurence Von Schulthess

Sakinatou Ouédraogo est la présidente de l’Association pour la défense des droits des aides ménagères et domestiques. Elle a saisi l’occasion pour saluer, au nom des participants, l’initiative de cette session et adresse sa gratitude aux partenaires techniques et financiers qui accompagnent la formation. Pour elle, cette formation va contribuer à l’amélioration de l’employabilité des travailleurs domestiques au Burkina Faso. « Cette formation va nous permettre de pouvoir nous présenter dignement en tant que travailleurs domestiques dans le milieu de l’emploi et d’avoir un travail décent et un salaire décent », a-t-elle indiqué.

La photo de famille des apprenantes à l’issue de la cérémonie d’ouverture des travaux

Elle a souhaité que cette formation puisse continuer au profit d’autres travailleurs, afin qu’ils puissent intégrer dignement la société. Car, dit-elle, « en investissant dans la formation des travailleurs domestiques, nous pouvons contribuer à améliorer leurs conditions de travail et à garantir le respect de leurs droits fondamentaux ».

Romuald Dofini
Lefaso.net

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