Lutte contre le Covid-19 : « L’usage abusif du gel hydroalcoolique peut avoir des conséquences sur la peau », Dr Auguste Aristide Yaméogo

Publié le mercredi 1er avril 2020 à 18h24min

PARTAGER :                          
Lutte contre le Covid-19 : « L’usage abusif du gel hydroalcoolique peut avoir des conséquences sur la peau », Dr Auguste Aristide Yaméogo

« Il faut utiliser le gel hydroalcoolique avec modération. Il ne faut pas en abuser car son utilisation abusive peut entrainer des conséquences ». C’est le conseil que Dr Aristide Yaméogo nous donne par rapport à l’utilisation des gels hydroalcooliques. Selon lui, le meilleur réflexe contre les contaminations reste de se laver les mains avec un simple savon et de l’eau pendant quelques secondes (au minimum 20 à 30 secondes).

Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, c’est la ruée sur les gels hydroalcooliques au Burkina Faso. En effet, leur usage est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans le cadre du plan de lutte contre cette pandémie. Selon le Dr Aristide Yaméogo, dermatologue, vénérologue, spécialiste dans la prise en charge du VIH/SIDA et médecin allergologue, les solutions hydroalcooliques demeurent cependant utiles dans les situations où l’on ne dispose pas d’eau.

Car il estime que leur usage abusif peut entrainer des effets néfastes sur la santé humaine. « Les gels hydroalcooliques sont employés afin d’assurer l’hygiène des mains. Cependant, leur utilisation abusive n’est pas sans conséquences au regard de leur composition », nous renseigne-t-il.

Selon le Dr Yaméogo, la plupart des gels hydroalcooliques est composé d’alcool qui peut être, entre autres, de l’éthanol, de l’isopropanol, du peroxyde d’hydrogène ou encore du glycérol que parfois l’on peut remplacer par l’aloès verra et de l’eau distillée. Sur le plan cutané, il affirme que l’usage de ces produits peut entrainer des irritations au niveau de la peau.

Dr Aristide Yaméogo, dermatologue, vénérologue, spécialiste dans la prise en charge du VIH-SIDA et médecin allergologue

« Certaines allergies peuvent être liées à l’une des composantes qu’on utilise dans la fabrication de ces produits. L’utilisation excessive de solution hydroalcoolique peut entrainer également les sècheresses cutanées. Si au niveau de la peau on peut avoir ces conséquences, au niveau des muqueuses, cela peut être pire. En effet, l’absorption de certaines substances comme le bisphénol A, qui est un produit assez toxique, peut entrainer des troubles endocriniennes essentiellement », a-t-il souligné.

Avant d’ajouter : « On constate que beaucoup de gens utilisent le gel avant de manger. Déjà le gel a des conséquences sur la peau. Imaginez si vous l’utiliser sur les mains avant de manger, vous constaterez les effets secondaires au niveau des muqueuses. Une mauvaise utilisation entraine des symptômes qu’on peut retrouver en dehors des effets cutanés et qui sont essentiellement les irritations au niveau des muqueuses, la somnolence, les agitations, les maux de tête, les nausées et parfois des vertiges ».

C’est pourquoi, Dr Aristide Yaméogo recommande l’usage modéré de solution hydroalcoolique dans le cadre de la prévention de la diffusion des germes lors de cette crise pandémique grippale. Même si le gel hydroalcoolique présente l’avantage d’être facilement transportable sous forme de petit flacon, il préconise son utilisation uniquement en l’absence de point d’eau disponible. Car si l’alcool élimine la plupart des bactéries et virus présents sur la peau, il ne « lave » pas à proprement parler, et ne doit d’ailleurs pas être utilisé sur des mains souillées ou mouillées.

Il a par ailleurs invité la population à l’utilisation rationnelle des gels. « Les gels doivent être appliquées sur des mains sèches et non souillées. Il ne faut surtout pas en abuser. La principale précaution à prendre, c’est de se laver d’abord les mains au savon. Le gel hydroalcoolique vient en appoint de cette règle élémentaire », a-t-il laissé entendre.

Dr Aristide Yaméogo, dermatologue, vénérologue, spécialiste dans la prise en charge du VIH-SIDA et médecin allergologue

Il nous confie n’avoir pas encore reçu de cas au sein de sa clinique, mais estime qu’il ne faut pas attendre qu’il y est des cas avant de tirer la sonnette d’alarme. « Nous avons vu que depuis trois semaines, c’est devenu la mode dans notre pays et un boom au niveau mondial. On utilise trois fois plus de gels hydroalcooliques qu’avant. Nous n’avons pas reçu de cas lié aux effets secondaires du gel, mais il est bon de prévenir plutôt que de guérir », conseille-t-il.

Face à cette pandémie de Covid-19, le docteur Yaméogo invite les populations à adopter des comportements sains afin de freiner la propagation du virus. « Il faut que nous respections les mesures d’hygiène de base. Il faut se laver les mains à l’eau et au savon régulièrement, il faut arrêter de se serrer les mains, de se donner des accolades.

Ce sont des mesures basiques qui peuvent être appliqués par tous. Il est recommandé également d’observer une distance d’au moins un mètre avec notre interlocuteur. Je pense que si on adopte déjà ces mesures de base, cela permettra de lutter efficacement contre le coronavirus dans notre pays », a-t-il dit.

Romuald Dofini
Lefaso.net

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique