Mécanisme de résolution d’un conflit foncier : Quand la tradition s’en mêle, chacun attrape son bonnet, étude de cas à la SNC

Publié le mardi 2 mai 2023 à 14h32min

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Mécanisme de résolution d’un conflit foncier : Quand la tradition s’en mêle, chacun attrape son bonnet, étude de cas à la SNC

« Mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des crises au Burkina Faso : approches endogènes ». C’est le premier thème du deuxième panel organisé, ce mardi 2 mai 2023 à Bobo-Dioulasso, dans le cadre de la 20e édition de la Semaine nationale de la Culture.

Dans son exposé, Naaba Zombré, expert en prévention et gestion des conflits dégage cinq grands types de conflits : les conflits de proximité comme les conflits de famille, de voisinage, les conflits de leadership (cas des deux rois du Gulmu), les conflits liés au foncier, les conflits intracommunautaires comme ceux des castes, et les conflits intercommunautaires.

« Aujourd’hui, il y a le droit positif. Mais tout le monde ne peut pas y aller. Et même quand on y va, la lenteur et la manière de juger les problèmes ne sont pas toujours efficaces pour préserver la cohésion sociale. Par moments, on ressort de la justice encore plus déchiré qu’avant », pense le panéliste.

Avant donc l’avènement du droit positif, note Naaba Zombré, les populations avaient recours à des mécanismes traditionnels pour leur résolution. « Il s’agit des mécanismes à caractère politique avec des tribunaux, les mécanismes à caractère social avec les alliances à plaisanterie, les mécanismes à caractère magico-religieux tels que les rituels faits pour rechercher souvent la vérité et les mécanismes de paix inconditionnelle utilisés pour calmer les ardeurs », cite le panéliste.

Plusieurs acteurs peuvent intervenir dans la résolution des conflits « Il y a le chef du village qui est respecté non pas pour son âge ou son argent. Il est respecté parce que tout le monde reconnaît en l’image de quelqu’un d’honnête, droit et impartial. Il y a aussi les chefs et guides religieux, les anciens, les gens des castes (forgerons ou griots), les sorciers, etc. Tous ces acteurs utilisent des techniques pour la résolution des mécanismes tels que le plaidoyer, la conciliation, la négociation ou l’arbitrage. », note le panéliste.

Durant son exposé, Naaba Zombré a pris l’exemple d’un cas pratique où le mécanisme de résolution de crise proposé a dissuadé les antagonistes à réfléchir par deux fois.

« Lorsqu’il y a un problème autour de la terre, il faut arbitrer. L’arbitrage doit se faire par des personnes averties telles que le chef de terre. Lorsque la constatation atteint un certain niveau, on est obligé de recourir aux rituels. Vers chez nous, il y a un problème de frontière entre deux communes. Chaque chef était sorti avec son équipe pour revendiquer sa terre. On a proposé de prendre une calebasse d’eau et un œuf et d’aller sur le sol contesté pour faire des incantations. Arrivé, on dit aux ancêtres ‘’Untel veut me faire la force. Si c’est lui qui a raison que Dieu lui donne longue vie, et si c’est moi qui ai raison que Dieu me donne aussi longue vie’’.

Ce qui signifie que celui qui aura tort ira rejoindre les ancêtres. Après cela, on laisse tomber l’œuf et on verse l’eau pour dire qu’il n’y a plus de retour possible. A la prochaine saison, celui voulait user de la force sur la terre disputée ne sera plus de ce monde. Depuis qu’on a proposé aux deux chefs ce mécanisme de résolution du conflit, le problème est resté en l’état. Les deux chefs sont répartis chez eux. Aucun d’eux n’était très sûr. Personne ne voulait quitter ce monde et laisser le riz gras du Burkina Faso », ironise le panéliste.

Notons que le panel a été également animé par le Trésor humain vivant, Konomba Traoré et Mariamé Ouattara, conseillère en économie sociale et familiale. La poétesse et nouvelliste Bernadette Dao a assuré la modération des échanges.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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