Tournée de sensibilisation à Bobo : Fréderic Nikièma satisfait de la transition Burkinabè

Publié le mercredi 19 août 2015 à 00h30min

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Tournée de sensibilisation à Bobo : Fréderic Nikièma satisfait de la transition Burkinabè

Au cours d’un panel à Bobo-Dioulasso, Fréderic Nikièma, le ministre de la Communication, chargé des relations avec le Conseil national de la transition (CNT), porte-parole du gouvernement s’est exprimé sur les « objectifs et le bilan de la Transition ». Satisfait du cas burkinabè en comparaison à l’expérience des transitions dans des pays africains, il a rappelé l’engagement des autorités à organiser les élections d’octobre prochain… comme le ministre, Abdoul Karim Saïdou du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et le Dr Julien Natielsé de l’université Ouaga 2 ont animé les échanges de ce panel. C’était le lundi 18 août 2015…

Avant de se prononcer sur les objectifs et le bilan de la transition burkinabè, le ministre Fréderic Nikièma a dressé aux panélistes les réalités du Burkina à l’avènement de la transition. Selon le ministre de la Communication, chargé des relations avec le Conseil national de la transition (CNT), porte-parole du gouvernement, le Burkina d’avant insurrection était dans un contexte national et international peu enviable. Au niveau mondial, la crise économique qui sévissait depuis 2008 avait ralenti les échanges internationaux selon M. Nikièma. Sur le plan interne, l’incertitude politique d’avant insurrection, le chômage des jeunes, la politique économique déficiente du régime de Blaise Compaoré constituaient des obstacles à l’épanouissement des burkinabè.

A l’en croire, le régime de la 4ème république avait opté pour un système économique animé par une minorité de personnes, chargée d’animer le marché de l’emploi avec des moyens colossaux. Sur le plan institutionnel, M. Nikièma trouve qu’il y avait un faussé entre les burkinabè et leurs institutions : « sur le plan institutionnel, il y avait des difficultés et une grande partie des burkinabè n’avaient pas confiance aux institutions démocratiques qui étaient en place. C’est le cas de la justice qu’on trouvait corrompue, des Forces de l’ordre et de sécurité que l’on trouvait politisées, du parlement qui était considéré comme un lieu d’enregistrement. La nature hybride du régime (à la fois autoritaire et démocratique) était également un problème à l’expression démocratique des burkinabè ».

Le tableau d’avant insurrection dressé, par le ministre Fréderic Nikièma a rappelé les objectifs de la transition à sa prise de fonction. Ainsi, l’équipe du président Michel Kafando et du Lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida s’était donné pour mission de renforcer la sécurité intérieure et la défense nationale, de réformer le secteur de la justice, de consolider les acquis sociaux et d’organiser des élections crédibles, transparentes et démocratiques au Burkina Faso.

Des réalisations de la transition

Comparativement à des pays africains qui ont connu ou traversé des périodes de transition, le Burkina Faso a de quoi être fier selon le ministre Nikièma. Charnier au Mali, assassinats d’opposant en Tunisie et chaos total en Centrafrique, les transitions seraient des périodes d’incertitudes pour le porte-parole du gouvernement. Pour cela, Fréderic Nikièma trouve que la transition burkinabè a des motifs de satisfaction malgré certaines difficultés. Dans sa politique de sécurisation du pays, la Transition dit avoir renforcé les effectifs des forces de l’ordre et de sécurité. Ce qui a eu des effets bénéfiques comme une plus grande couverture du pays en termes de dispositif sécuritaire. Le renforcement du système de communication des forces de l’ordre et de sécurité, l’augmentation de la participation communautaire dans les politiques de sécurisation des populations…sont également à mettre à l’actif de la transition selon le ministre.

Pour ce qui est de son deuxième objectif, la Transition dit avoir organisé les Etats généraux de la justice (avec l’adoption du pacte national pour le renouveau de la justice). L’ouverture des dossiers pendant à la justice (dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo), les renforcements du dispositif judiciaire contre la fraude et contre la corruption sont également considérés comme des prouesses de la transition.

Dans la consolidation des acquis sociaux, le ministre de la communication a évoqué le programme d’urgence de la transition. Effectif grâce à une enveloppe de 25 milliards, ce programme, en cours d’exécution concernerait des secteurs comme l’éducation, l’entreprenariat des jeunes et des femmes. Pour ce qui est de son quatrième objectif, qui passe pour être le plus grand défi de la Transition, l’équipe d’Isaac Yacouba Zida, à travers son porte-parole tient à rassurer les burkinabè : « Nous voulons organiser les élections les plus crédibles, les plus transparentes et les plus démocratiques de l’histoire du Burkina Faso ».

Après le ministre, Abdoul Karim Saïdou et Julien Natielsé ont échangé avec les panélistes

Co-animateur du panel de Bobo avec le ministre Nikièma, Abdoul Karim Saïdou du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et le Dr Julien Natielsé de l’Université Ouaga 2 ont évoqué respectivement « le sens du vote et de la participation citoyenne aux élections » et « le respect des valeurs démocratiques, gage de paix et de cohésion sociale ».
S’exprimant sur le sens du vote et de la participation citoyenne aux élections, Abdoul Karim Saïdou a souligné le paradoxe burkinabè (réduction du nombre de votants au fur et à mesure qu’on organisait les organisations sous la quatrième république). A l’en croire, l’absentéisme électoral des burkinabè s’expliquait par la nature hybride du régime Compaoré, caractérisée par un parti au pouvoir hyper puissant et des partis d’opposition effrités, incapables de mobiliser….Maintenant dans les annales du Burkina, cette période a laissé place à une période d’incertitude : « Depuis 1991, ça sera la première élection où Blaise Compaoré ne sera pas candidat. On aura donc des élections ouvertes, à suspense avec très probablement un second tour. Qui peut nous dire qui sera le président du Faso au soir des élections ? ». Partisans des réformes, notamment du passage à la 5ème république, le Dr Saïdou a laissé entendre que les périodes de transitions sont les meilleurs moments pour procéder à des changements constitutionnels.
S’exprimant sur l’importance du vote, Abdoul Karim Saïdou trouve que c’est un puissant moyen aux mains des populations : « Le vote est une arme aux mains des citoyens pour choisir les dirigeants et au besoin les sanctionner. Le vote doit être perçu dans sa dimension politique et non pas comme un devoir communautaire. Les citoyens doivent prendre les dispositions nécessaires pour s’assurer que les différents partis qui se présentent aux élections soient porteurs de réflexion, de projets concrets qui vont permettre de lever l’obstacle des différents défis que traversent la société » .

Pour sa part, le Dr Julien Natielsé de l’université Ouaga 2 a centré sa communication sur le nécessaire retour des burkinabè aux valeurs sociales, économiques, démocratiques : « ma communication a porté sur les valeurs démocratiques, gages de paix et de cohésion sociale au Burkina Faso. Il s’inscrit un peu dans le contexte du renouveau démocratique du Burkina Faso à l’orée des élections de 2015. On s’est rendu compte que l’insurrection a été le produit d’un certain nombre de pertes de nos valeurs fondamentales. Aussi bien des valeurs politiques, sociales que démocratiques. Dans cette communication il fallait revisiter les valeurs fondamentales de la démocratie que sont la liberté, la liberté individuelle et personnelle, la liberté politique, l’égalité politique, la justice sociale…L’objectif de cette communication était d’inviter les leaders et les partis politiques qui espèrent nous diriger après le 11 octobre, à prendre en compte ces valeurs fondamentales. En y intégrant bien des valeurs traditionnelles qui sont chères à notre société… »

Ousséni Bancé
Lefaso.net

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