Grand Ouest du Burkina : Le chef des dozo, Aly Konaté, toujours opposé à l’installation des koglwéogo

Publié le mardi 6 février 2018 à 00h24min

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Grand Ouest du Burkina : Le chef des dozo, Aly Konaté, toujours opposé à l’installation des koglwéogo

Suite à des bavures des groupes d’auto-défense appelés koglwéogo dans la région de l’Ouest du Burkina Faso et précisément dans la commune rurale de Karangasso Vigué, le chef des dozo (chasseurs traditionnels), Aly Konaté interpelle une fois de plus les premières autorités du pays ainsi que les responsables des koglwéogo à prendre des « mesures » afin d’éviter un « drame ». Il l’a signifié au cours d’une rencontre avec les autorités administratives et coutumières de la commune de K. Vigué ce dimanche 04 février 2018.

« Nous ne voulons pas des koglwéogo aujourd’hui, nous ne les voulons pas demain et ce n’est pas ici à KarangassoVigué seulement. C’est tout l’Ouest du Burkina Faso », a lancé Aly Konaté, président de l’Union Nationale des Dozo du Burkina, sur un ton hargneux.
Cette annonce est connue de tous. Des premiers responsables du pays, des koglwéogo eux-mêmes et des populations burkinabè.

Malgré le décret du gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Antoine Atiou, interdisant aux koglwéogo de s’installer dans la région et l’interdiction de certains chefs de terre notamment le chef de canton des Bobo, ils ont fait fi de cette décision et se seraient installés dans certains villages de l’Ouest du Burkina Faso.
En décembre dernier, ces koglwéogo auraient infligé des sanctions à deux personnes dans la commune rurale de Karangasso Vigué avec une amende de 25 000 Frs chacun pour avoir volé un mouton.
Le samedi 27 janvier dernier également, une femme aurait été déshabillée et « attachée comme un animal » sur la place du marché à Djosso (village situé à 15km de K.Vigué), pour avoir volé un téléphone portable.

Une situation que le chef des dozo, Aly Konaté a déplorée, car il estime que ces koglwéogo sont en violation vis-à-vis des textes. Selon lui, ces groupes d’auto-défense n’ont pas le droit de s’installer sur « notre territoire » à plus forte raison de décider des sanctions des malfaiteurs.
C’est pourquoi, il a tenu à exprimer son ras-le-bol car dit-il : « trop c’est trop ».
« Nous avons été beaucoup patients sur cette histoire des koglwéogo dans l’Ouest du Burkina. Et il faut que les autorités sachent que notre patience a des limites. Il y a bel et bien un décret du gouverneur de la région des Hauts-Bassins qui interdit l’installation des koglwéogo dans notre région. S’il y a une loi, nous sommes tous des burkinabè et chacun doit la respecter », a souligné le chef Aly Konaté.

Décidé à « déguerpir » ces koglwéogo de « son territoire », le chef des dozo a rencontré le dimanche 04 février 2018, les notabilités coutumières et administratives de la commune de Karangasso Vigué sur la question. Cette rencontre s’est tenue en présence des dozo de la localité et environnants ainsi que des populations sorties nombreuses.
Au cours de cette rencontre, le chef des dozo a instruit ses « frères dozo » à la destruction de tous les hangars des koglwéogo dans la région de l’Ouest dans les jours à venir si toutefois rien n’est fait par les autorités du pays.

Cependant, il reste sur sa position quitte à ce que les autorités prennent une décision radicale, c’est-à-dire, empêcher les koglwéogo de s’installer dans la région.
« Chaque jour ils nous disent de pardonner. C’est fini, nous allons agir maintenant. Nous n’avons pas dit que nous ne voulons pas de mossi dans l’Ouest mais plutôt les koglwéogo. Dans notre confrérie il y a des mossi et bien d’autres ethnies », a affirmé le chef des dozo.

Il dit être scandalisé par cet entêtement des koglwéogo à vouloir s’installer dans l’Ouest. « Le grand Ouest du Burkina Faso ne veut pas de koglwéogo sur son territoire. Il y a un décret qui est sorti, les chefs de terre, les garants des coutumes, les dozo et les populations elles-mêmes, ne veulent pas de koglwéogo, pourquoi insister ? Il y a le nord qui est là s’ils veulent combattre », a renchéri Aly Konaté.

A l’en croire, si les dozo n’ont pas réagi jusque-là, « ce n’est pas parce qu’ils ont peur, mais c’est pour ne pas transgresser la loi burkinabè. Nous avons été patients avec ces koglwéogo et il faut que chacun prenne ses responsabilités », a-t-il dit.
Selon lui, les dozo ne sont pas là pour faire de la propagande. Ces derniers ont toujours travaillé avec les autorités en place. C’est pourquoi, lorsqu’ils prennent les malfaiteurs, ces derniers sont remis à la police car ils (les dozo) jugent que c’est à la police de décider du sort des « délinquants » et non eux-mêmes.

Par ailleurs, il a expliqué la nécessité pour eux, de contrer les actions des koglwéogo qui ne vont pas avec nos populations et qui vont à l’encontre de leurs traditions.
Le chef de l’Union Nationale des Dozo du Burkina, Aly Konaté a profité de cette même occasion pour attirer l’attention de tous les burkinabè, car dit-il, « la prochaine fois nous n’allons plus parler, nous allons agir ».

Romuald Dofini
Lefaso.net

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