A quelques jours de la fin de la Transition, des voix s’élèvent contre certains agissements de membres du gouvernement. Ces voix sont notamment celles des organisations de la société civile dites spécifiques de Bobo-Dioulasso ou encore le G10. Samedi 19 décembre, sous les ruines de la maison centrale, ils étaient devant la presse pour attirer l’attention de l’opinion publique, sur essentiellement quatre questions jugées capitales.
Ce sont :
–  Les dernières nominations intempestives faites par le gouvernement de la transition
–  Le silence sur l’engagement des membres du gouvernement de la transition avant leur entrée en fonction
–  La passation suspecte de marchés publics
–  La gestion des audits et des rapports des commissions mises en place par le Président ou par le gouvernement qui connaissent une opacité inexpliquée.
Au milieu de ses camarades, Aly Barro, du mouvement les jeunes en vert (MJV) a d’entrée félicité, malgré tout, les organes de la Transition pour les « prouesses réalisées », notamment l’organisation des élections libres et transparentes le 29 novembre dernier. Quoi de plus normal que de remercier l’ensemble des acteurs qui ont contribué à sa réussite. C’est cependant dommage, selon Aly Baro, de constater des agissements peu intègres de dernière minute de la part desdites autorités. En effet, explique-t-il : « c’est avec consternation et une grande affliction que nous avons appris la nomination de ministres de la transition en exercice à d’autres postes de responsabilité ». A cela s’ajoute la propulsion de Zida au grade de général par une loi taillée sur mesure, quoique justifiée. Ces nominations qualifiées de « ratées » n’honorent en aucun cas les premiers responsables de la transition, se convainc Aly Barro. Pour le G10, ces nominations, devraient en principe, relever des pouvoirs discrétionnaires des autorités nouvellement élues. Ils rejettent pour ce faire ce qu’ils appellent des « auto-nominations » et exigent purement et simplement qu’elles soient annulées, car précise M. Barro : « nous estimons que la transition en s’ingérant dans la gestion post transition du Faso par cette prise en otage de certaines institutions du pays qui ne dit pas son nom, outrepasse les objectifs que le peuple attendait d’elle. Elle est en train de donner un très mauvais exemple pour les futures autorités et cela ne saurait être toléré ».

Que Michel Kafando ne nomme plus de généraux !
Comme un cri de cœur, les animateurs de la conférence de presse ont imploré le président de la Transition à ne plus nommer de généraux. Le plus important, à leur avis, serait de faire un audit de tous les ministères et assigner les ministres à déclarer à nouveau leurs biens à la fin de leur mandat. A en croire le G10, beaucoup de revendications corporatistes n’ont pu être résolues malgré les multiples promesses du gouvernement. Le bitumage, par exemple, de l’avenue Nelson Mandela de Bobo et bien d’autres projets de développement de la ville sont restés « lettre morte ».
Une autre situation non moins intéressante et sur laquelle Réné Bagoro –ministre de l’Habitat et de l’urbanisme- a été interpelé est la misère des habitants des quartiers Sarfalao, lotis il y a plus de 20 ans, avec un manque criard de caniveaux. Il est certes évident que la transition ne saurait tout résoudre, il serait très honnête, selon Daouda Ouattara, coordinateur de Y’en a marre, que la Transition procède à la publication des différents audits déjà réalisés. Sur ce sujet, insiste Aly Barro : « nous exigeons avec insistance la publication des audits effectués dans les différents arrondissements de la ville de Bobo et sur la gestion du foncier ». Alors plutôt que de se préoccuper sur les points de chute après la transition, ils doivent avoir, martèle M. Barro, l’honnêteté et l’intégrité de dire la vérité au peuple.

Plus de candidat « malpropre » aux élections municipales
Organiser la conférence de presse sur les ruines de la mairie centrale est très symbolique selon Daouda Ouattara, qui au nom de ses camarades, a souhaité qu’aucune mairie du Burkina ne subisse le sort de celle de Bobo. C’est ce pourquoi ils lancent un appel aux différentes formations politiques dans le choix de leurs candidats aux élections municipales. « Nous leur demandons de prendre toutes les dispositions nécessaires pour qu’aucun ancien conseiller municipal ou aucune personne mêlée de près ou de loin à des malversations liées au foncier ne figure sur leur liste pour les municipales en 2016 ». En tout cas, préviennent-ils : « pour ce qui concerne la ville de Bobo, nous ne tergiverserons pas sur la question ».

Prêt à accompagner les futures autorités mais…
Les nouvelles autorités qui s’installeront très bientôt peuvent compter sur le G10 pour les accompagner sur les sentiers du développement du pays. Ils leur demandent cependant l’objectivité dans le choix des hommes qui seront amenés à travailler dans la région des Hauts-Bassins. En rappel, les OSC dites spécifiques sont au nombre de 10. Ce sont : Action des jeunes pour le développement du Faso (AJDF), la Ligue des jeunes du Burkina (LJB), le Balai Citoyen, le Mouvement antitritique, le Mouvement citoyen « Y’en a marre », le Mouvement cocorico, le Mouvement des jeunes en vert, le FOCAL, le Mouvement des jeunes pour le changement et enfin, le Mouvement en rouge Faso kun ko.

Bassératou KINDO
Lefaso.net