Burkina/Fraude alimentaire : Quand des commerçants trichent sur l’origine du riz local

Publié le jeudi 15 février 2024 à 16h46min

PARTAGER :                          
Burkina/Fraude alimentaire : Quand des commerçants trichent sur l’origine du riz local

La Coordination nationale de lutte contre la fraude a animé une conférence de presse, ce jeudi 15 février 2024 à Bobo-Dioulasso, sur des cas de fraude sur le riz produit localement dans le Houet. Environ 1 641 sacs de riz de 50 kg ont été saisis. La valeur de la saisie est estimée à plus de 47 millions de FCFA.

La Coordination nationale de lutte contre la fraude vient de mettre à nu une pratique de fraude d’une « extrême nuisance » portant sur le riz produit localement. Cette pratique consistait pour les mis en cause, dans un premier temps, à acheter le riz local, notamment le riz produit dans le Kénédougou, la Léraba et la Comoé et à l’ensacher dans des emballages préalablement estampillés aux mentions du riz importé. La manœuvre consiste précisément à tromper les consommateurs sur l’origine du riz, c’est-à-dire faire croire que c’est du riz importé afin de renchérir les prix. Le sac de 50kg du riz local est vendu à 23 000 francs CFA mais une fois que l’emballage change, il est vendu à 24 000 francs ou plus, sur tout le territoire national.

Le coordinateur de la CNFL, Dr Yves Kafando, expliquant la différence entre la marque de riz « LIZA » (qui a une licence) et celle « LIZO » (marque des fraudeurs qui n’a pas de licence)

« Toute chose qui impacte non seulement, négativement le coût de la vie au Burkina mais également, l’initiative présidentielle lancée sous la clairvoyance du président de la transition », a déploré Dr Yves Kafando, le coordinateur de la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF). Le deuxième cas de fraude porte sur le riz portant la mention « Vente interdite », destiné aux cantines scolaires. Il s’agit du riz obtenu à des coûts très réduits grâce au gouvernement burkinabè. Selon le coordinateur, ce riz est également transvasé dans des sacs préalablement estampillés, afin de pouvoir le vendre allègrement sur le marché. « Un véritable cas pratique d’enrichissement illicite dont certains de nos concitoyens sont passés maîtres », regrette Dr Kafando.

Dr Yves Kafando expliquant le mode opératoire des fraudeurs

Il a fait savoir que pour corroborer les informations, une des équipes de la coordination a été dépêchée à Bama et elle a pu constater effectivement lesdites pratiques qui consistent au reconditionnement du riz local dans des sacs jaunes portant la mention « LIZO », mention très proche de la marque de riz Birman « LIZA » avec les mêmes caractéristiques, à savoir une couronne et trois étoiles. « Une autre équipe sur la base de nos alertes a pu intercepter sur l’axe Bama-Bobo, un camion contenant 321 sacs de 50 kg de riz « LIZO » et 39 sacs de riz destinés à la cantine scolaire. (Mention sur les sacs) », a-t-il expliqué.

Les journalistes présents à la conférence de presse de la CNLF

En poursuivant les investigations, la coordination découvre dans le magasin de stock du propriétaire de la marchandise à Yéguéré, dans la ville de Bobo-Dioulasso, 441 sacs de 50 kg de riz destinés à la cantine scolaire, 901 sacs vides de marque « LIZO », destinés au reconditionnement du riz local et 65 sacs de riz local de 100 kg en provenance de Banzon, destiné également à être reconditionné dans les sacs « LIZO ». Pour le coordinateur de la CNLF, ces pratiques indignes sont nocives à l’économie du pays et contraires à la « gouvernance vertueuse » prônée par les premières autorités du Burkina. Les emballages dans lesquels le riz est reconditionné proviennent, selon Yves Kafando, d’un pays voisin.

Cette opération a été possible grâce à la collaboration de plusieurs acteurs. Tout en les félicitant, il a réitéré le ferme engagement de la coordination à maintenir la pression sur les fraudeurs, afin de réduire à sa plus simple expression, à défaut de la neutraliser, la fraude sous toutes ses formes. Il a par ailleurs lancé un message d’intensification de la collaboration à tous les Burkinabè.

Echantillon des sacs de riz saisis

Pour sa part, il a réitéré le serment de la CNLF, qui est de traquer la fraude, les fraudeurs et leurs complices, qui qu’ils soient et où qu’ils se trouvent sur le territoire national, « afin de contribuer efficacement à la mobilisation des ressources nécessaires à la reconquête de l’intégrité territoriale et au développement économique et social du Burkina Faso ». A en croire les conférenciers, les fraudeurs sont entre les mains de la coordination pour suite à donner.

Romuald Dofini
Lefaso.net

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique