Lefaso.net : Depuis Quand résidez-vous à Bobo ?

Mamadou Banakourou Traoré, PDG de Bakou Logistics S.A. : Je suis né à Bobo et j’ai toujours résidé à Bobo mis à part les années d’études universitaires à Ouagadougou puis en Europe, suivies de quelques années à travailler pour les multinationales en Europe.

Depuis un certain moment, vous vous êtes engagé pour le développement de la ville de Bobo-Dioulasso. Discours, conférences, création d’entreprises, lancement de fonds, parrainage, conseils, rencontres avec les jeunes, omniprésence sur les réseaux sociaux…, vous multipliez les actions pour la promotion de l’entreprenariat à Bobo. Pourquoi maintenant ?

J’ai une boutade pour répondre à cette question : si ce n’est pas maintenant c’est quand ? Si ce n’est pas nous, c’est qui ? En réalité, mon engagement est beaucoup plus ancien. C’est sa médiatisation qui est récente.

Concrètement qu’est-ce que vous proposez pour la relance de la ville ?

Concrètement, je propose un changement de mentalité à Bobo. Que les bobolais, à juste titre, soient fiers d’être bobolais, prennent plus conscience de la chance de se trouver dans une région du pays qui a beaucoup de ressources, développent l’envie et la confiance nécessaires pour créer des entreprises novatrices capables de concurrencer dans leurs secteurs d’activités respectifs, le marché mondial.

Trop de clichés sur la ville ? Votre commentaire ?

Ces clichés ne concernent que ceux qui croient aux clichés. Pour moi, Bobo regorge de talents artistique, intellectuel, entrepreneurial et bien d’autres. Les entrepreneurs de Bobo sont des héros à plus d’un titre dans un pays où la quasi-totalité des institutions et centres de décision se trouvent à la capitale à la quelle Bobo est reliée que par un cordon de 365 km de route jadis en très mauvais état et bien que restaurée récemment reste impraticable à cause des multiples dos d’âne. Il faut pratiquement 5h de route pour relier Bobo à Ouaga.

Si vous deviez faire des propositions pour justement la relance de cette capitale économique du Burkina, ce seraient lesquelles ?

La relance de Bobo passera forcément par la création d’entreprises de qualité, par la localisation à Bobo de certains centres de décision et institutions précédée par la mise en place d’une vraie désserte aérienne en attendant les autoroutes et trains rapides. L’économie du Burkina Faso tout entier est pénalisée par l’enclavement de Bobo avec pour conséquences l’exploitation insuffisante de sa position stratégique et des ressources de sa région.

Pour vous, quelles sont parmi ces propositions les priorités auxquelles l’autorité pourrait s’attaquer ?

Bien évidemment le désenclavement.

Vous avez lancé en avril un fonds d’investissement ? C’est quoi exactement ?

En effet, pour joindre le geste à la parole, j’ai lancé le fonds d’investissement Bakou Partners. Il contribue à solutionner le problème de financement que rencontrent les entrepreneurs à Bobo, en particulier les plus jeunes d’entre eux.

Est-ce qu’il y a déjà des candidats ?

A ce jour, 10 jeunes entrepreneurs ont été financés ou en cours de financement.

Et pourquoi avez- vous ciblé la région des Hauts-Bassins, particulièrement la ville de Bobo-Dioulasso seulement ?

Par souci d’efficacité. Nous voulons que ce fonds ait un vrai impact sur l’entreprenariat des jeunes à Bobo.

A votre avis, qu’est-ce qu’un bon entrepreneur ? Quelles sont ses qualités ?

Pour moi, un bon entrepreneur c’est un entrepreneur qui crée de la valeur dans la durée au moindre coût environnemental et qui assume sa responsabilité sociétale. Il est difficile de définir les qualités d’un bon entrepreneur. Ce qui peut être pris pour faiblaisses chez les uns ou dans certaines circonstances peut être un atout chez l’autre ou dans d’autres circonstances. Steves Jobes est à l’opposé de Bill Gate du point de vue qualités ou affects dont ils sont capables, mais tous les deux ont réussi à bâtir des entreprises parraines. Les qualités communes que l’on remarque généralement chez les entrepreneurs de génie sont l’audace et la persévérance.

Quels sont vos conseils aux jeunes qui veulent entreprendre ?

Ne pas avoir peur, rêver sans limite, oser entreprendre, souffrir après avoir souffert, écouter son instinct, faire sérieusement les choses sans se prendre trop au sérieux.

Votre mot de la fin.

Comme à mon habitude, je cite Lepniz : ‘’Le damné n’est pas éternellement damné, mais il est toujours damnable et se damne à chaque instant’’. Bonne nouvelle, donc la damnation peut être levée à tout instant et cela dépend du damné lui-même.

Propos recueillis par Bassératou KINDO
Lefaso.net